Alexis Bernier est bien conscient que le Kraken de Seattle ne l’a pas sélectionné au troisième tour, en juin dernier, pour qu’il devienne éventuellement le quart-arrière de sa brigade défensive.
Mais depuis le retour des fêtes, c’est un peu le rôle qu’il joue avec le Drakkar de Baie-Comeau. L’arrière de 18 ans vient de connaître une séquence de 10 matchs avec au moins un point, et il a noirci la feuille de match dans 11 des 12 dernières sorties de son équipe.
Avec 23 matchs à faire à la saison, il est à un point d’égaler sa production de 31 points de la saison dernière.
« C’est le fun, a reconnu le natif de St-Valérien, en entrevue avec LNH.com. Ce n’est pas nécessairement la plus grande force dans mon jeu. Ma priorité, c’est d’être très bon défensivement et d’affronter les meilleurs trios adverses soir après soir. J’essaie d’être le plus complet possible.
« Quand ça fonctionne offensivement, c’est du bonus. Des fois, ça clique et ça rentre. On a aussi une super bonne attaque. Quand tu joues avec des gars comme (Matyas) Melovsky et (Justin) Poirier, tes passes se transforment en buts et tu reçois la rondelle quand tu es au bon endroit. »
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S’il a notamment l’occasion de jouer sur la première vague du jeu de puissance en compagnie des deux vedettes offensives de la formation nord-côtière, c’est d’abord et avant tout parce qu’il a suffisamment progressé dans son rôle pour profiter de ce « bonus ».
C’est l’approche que préconise l’entraîneur Jean-François Grégoire avec tous ses poulains.
« Je sais qu’au niveau professionnel, il est plus vu comme un défenseur qui va défendre et être bon dans les deux sens, a expliqué le pilote. Ce que j’aime faire, c’est de mettre les jeunes dans la chaise qu’ils vont occuper au prochain niveau. Quand ils sont à l’aise avec ça, on ajoute autre chose.
« En début de saison, Alexis n’était pas sur le premier jeu de puissance, mais on avait autre chose à travailler. Quand il a réussi à stabiliser tout ça, on lui en a donné un peu plus. »
Depuis qu’il a placé le défenseur droitier de 6 pieds 1 pouce et 202 livres au sommet de sa première vague, Grégoire aime les résultats. Son unité est moins prévisible, et Bernier réussit à tirer son épingle du jeu grâce à son calme et à sa confiance en possession de la rondelle.
« On est plus dangereux, a assuré l’entraîneur. On commence à trouver les bonnes combinaisons. Alexis joue à la pointe, au sommet. La rondelle passe souvent par-là, alors il peut récolter des points. »
Des cinq buts et neuf aides qu’il a amassés en 12 matchs depuis le 31 décembre, quatre de ces aides l’ont été avec l’avantage d’un homme. Il n’y a donc pas que ça. Il y a aussi l’expérience acquise au cours de ses deux premières saisons et sa mentalité différente, maintenant que le repêchage est derrière lui.
« C’est une pression différente, a-t-il indiqué. Tu peux t’en mettre avec n’importe quoi. L’an passé, je voulais impressionner les équipes. Cette année, je pourrais penser à la pression de signer mon contrat. Mais je veux seulement travailler sur mon jeu pour jouer chez les pros à 20 ans. C’est ça l’objectif.
« Le Kraken veut que je sois un défenseur fiable, difficile à affronter, qui fait de bonnes premières passes et qui est bon en désavantage numérique. Dans le junior, je suis capable d’apporter un peu d’offensive. Je peux me servir de mon sens du jeu quand les occasions se présentent. »
Les yeux sur les séries
Il y a peut-être aussi un peu moins de pression au chapitre collectif. L’an dernier, on s’attendait à ce que le Drakkar fasse un long bout de chemin en séries – ce qu’il a fait en terminant au premier rang du classement avant de s’incliner en finale face aux Voltigeurs de Drummondville.
Signe qu’il est difficile de maintenir une équipe à flot après une année victorieuse dans l’univers du hockey junior, la troupe de Grégoire (24-17-4) est présentement au neuvième rang au classement général. Bernier est tout de même convaincu qu’elle peut causer une surprise avec tous les éléments du noyau qui sont de retour, cette saison.
« Ce n’est pas facile, mais il ne faut pas se comparer, a-t-il rappelé. On pourrait vivre dans le passé et penser à l’année dernière. La réalité, c’est qu’on a une équipe différente, qui n’est pas nécessairement moins bonne. Les gars qui étaient là, l’an dernier, savent que ça ne sert à rien de se projeter dans l’avenir.
« On veut y aller un match à la fois. L’an dernier, notre saison de rêve a été gâchée en une semaine en finale. On sait que c’est en séries que ça compte. Le but est de se positionner le mieux possible d’ici la fin de la saison. On ne sera pas une équipe facile à affronter au printemps. »