À s’en fier uniquement à la feuille de match, le retour au jeu de David Reinbacher n’a rien eu d’élégant. L’espoir des Canadiens de Montréal a été blanchi et s’est retrouvé sur la glace pour quatre buts du Moose de Manitoba, qui l’a emporté 5-3 contre le Rocket de Laval à la Place Bell, mercredi.
Mais selon l’entraîneur-chef du Rocket, Pascal Vincent, Reinbacher a non seulement surpassé les attentes qu’il avait fondées à son endroit pour cette première rencontre en plus de cinq mois, il a aussi été « le meilleur défenseur de l’équipe en première moitié de match ».
« Le gars n’avait pas joué depuis quatre mois et demi, mais de la manière dont il a joué ce soir… Il a affiché un différentiel de -2, mais selon nous, il a été excellent », a affirmé Vincent.
« Sa capacité à avorter des jeux de l’équipe adverse, sa première passe, son sens de l’anticipation… J’ai été très impressionné », a-t-il poursuivi.
Blessé au genou gauche en septembre dernier dans un match préparatoire des Canadiens contre les Maple Leafs de Toronto, puis opéré quelques jours plus tard, Reinbacher a été cédé au Rocket plus tôt mercredi afin qu’il puisse effectuer son retour au jeu avant l’échéance initiale de cinq à six mois d’absence.
« Il faut que je retrouve mon timing et ma vitesse de réaction, car c’est rapide ici et il faut être prêt, a analysé le cinquième choix au total du repêchage de la LNH en 2023. Je crois que j’ai fait une bonne impression, somme toute. J’ai fait quelques bons jeux. »
De bons jeux, certes, comme des passes vives et précises afin de relancer l’attaque ou encore un puissant tir voilé qui a raté la cible de peu en deuxième période.
« C’était assurément une situation difficile pour lui de disputer un premier match depuis longtemps, mais il a fait plusieurs choses de la bonne façon », a vanté son coéquipier Sean Farrell, auteur de deux aides mercredi. « Il bouge bien la rondelle et prend de bonnes décisions. Ça n’ira qu’en s’améliorant. »
Il y aura aussi eu du moins bon, dans une certaine mesure. Son incapacité à maîtriser une passe le long de la bande d’Owen Beck en zone offensive a été à l’origine d’une contre-attaque du Moose et ultimement du quatrième but des visiteurs marqué par C.J. Suess, qui leur donnait alors l’avance 4-3.
Au rayon des surprises, Reinbacher a été employé lors des deux infériorités numériques du Rocket mercredi, alors que Vincent avait indiqué quelques heures plus tôt, aux médias présents à l’entraînement matinal, qu’il ne risquait de donner qu’un rôle très minime sur les unités spéciales à son revenant.
« Mais de la manière dont il jouait à ce moment-là, on se sentait à l’aise de le mettre sur les unités spéciales, a expliqué l’instructeur. On va s’ajuster en cours de route, selon son niveau de jeu, mais il devrait voir de l’avantage numérique éventuellement.
« Pour un gars qui a joué seulement 11 matchs l’an dernier, il est réveillé. Il pose des questions et ses questions sont avancées. »
« Mes entraîneurs m’ont fait confiance, s’est réjoui Reinbacher. J’essaie de retrouver mon niveau de jeu, mais je me sens déjà bien. C’est un bon rythme, et nos adversaires nous ont rendu la vie difficile. Il faut trouver un moyen de rebondir. »
Le Moose a surpris le Rocket dans la mesure où les Lavallois occupaient le tout premier rang du classement général de la Ligue américaine (LAH) avant le match de ce soir, et les Manitobains, l’avant-dernier (31e).
Le Rocket a employé une formation à 11 attaquants et sept défenseurs pour ce premier de trois matchs en quatre soirs. Employé constamment aux côtés de Tyler Wotherspoon lors des 40 premières minutes de jeu, Reinbacher a été flanqué à la droite de plusieurs coéquipiers différents lors du dernier tiers.
De quoi ajouter une complexité supplémentaire à l’exercice déjà ardu de se rendre utile après 143 jours sans disputer de match, pourrait-on croire, mais l’espoir du CH abonde dans un autre sens.
« C’est du hockey, a dit Reinbacher. Individuellement, il faut effectuer son travail, et si tous les gars effectuent leur travail, ce sera facile, peu importe qui se trouve sur ta paire. Les changements de duos n’ont pas été un problème. »
Reinbacher poursuivra sa remise à niveau à Laval dans les prochains jours, alors que le Rocket doit encore disputer 24 matchs cette saison en plus, probablement, des séries éliminatoires.
Un rappel par les Canadiens n’est bien sûr pas exclu des cartons, mais lorsqu’interrogé à ce sujet par LNH.com en après-midi, l’entraîneur-chef du Tricolore, Martin St-Louis, a soutenu qu’aucun plan n’avait été établi pour l'instant.
« On va y aller un jour à la fois avec David, a-t-il déclaré. Il n’y a pas de plan précis. L’idée est de le laisser s’acclimater. Ça [faisait] longtemps qu’il [avait] joué des matchs. »
