TAMPA — Il aurait été facile d'avoir des doutes sur cette édition des Panthers de la Floride.
Ils avaient joué beaucoup de hockey. Ils avaient vacillé vers la fin de la saison régulière. Ils avaient été privés de Matthew Tkachuk pendant plus de deux mois. Et ils affrontaient un adversaire en pleine possession de ses moyens avec le Lightning de Tampa Bay.
Ils ne pourront pas gagner. Ils ne devraient pas gagner. Ils ne vont pas gagner.
Mais voici ce qu'il faut savoir au sujet des Panthers : c'est une équipe qui croit en elle-même. C'est une équipe qui sait quand et comment mettre la machine en marche, quand et comment donner plus d'effort quand il est nécessaire de le faire, quand et comment frustrer un adversaire et attaquer en vagues afin de faire en sorte que cette équipe ait l'air moins talentueuse qu'elle l'est en réalité.
Les Panthers affrontaient une très bonne équipe en première ronde dans l'Association de l'Est, une équipe qui, aux yeux de plusieurs personnes, était l'une des favorites pour atteindre — ou remporter — la finale de la Coupe Stanley. Et plutôt que de baisser pavillon, plutôt que se lancer dans une guerre d'usure, les Panthers ont chirurgicalement démantelé le Lightning afin de remporter la série quatre de sept en cinq parties, avec un gain de 6-3 au Amalie Arena mercredi pour fermer les livres.
« Nous ne nous préoccupions pas beaucoup de la fin de la saison régulière, a affirmé l'attaquant Brad Marchand. Nous avons tous déjà vécu ça auparavant, et au moment où les séries se commencent, c'est une saison et un sentiment complètement différents, un niveau d'intensité complètement différent.
« Les gars se concentrent beaucoup plus fort qu'ils le font à la fin de la saison régulière. Surtout dans cette équipe, qui a participé à la finale les deux dernières saisons et qui a remporté la Coupe. … Parfois, quand tu sais déjà que tu seras des séries, la saison peut traîner en longueur. »
C'est peut-être la nature humaine.
À l'approche du match no 1, les Panthers savaient toutefois ce qu'ils avaient à faire. L'heure était venue.
« Nous savons tous pourquoi nous sommes ici, a poursuivi Marchand. Nous savons tous ce qui est à l'enjeu, notre objectif ultime. Beaucoup de gars dans ce vestiaire ont goûté à la joie de gagner, et quand tu y goûtes, tu comprends les sacrifices qu'il faut faire, tu comprends à quel point tu devras te pousser et tu te souviens du sentiment que tu pourchasses.
« Rien ne peut le reproduire, il n'y a rien qui peut expliquer à quel point c'est plaisant et à quel point tu es fier quand tu gagnes. Cette équipe l'a ressenti très récemment. »
Ils ont immédiatement retrouvé leur erre d'aller et leur identité des séries, trouvant des moyens différents de remporter chaque match : étouffer le cinquième meilleur jeu de puissance dans la LNH en saison régulière (25,9 pour cent), frustrer la meilleure attaque dans la LNH (3,56 buts par matchs), effectuer des arrêts spectaculaires (comme ceux de Sergei Bobrovsky contre Erik Cernak et Gage Goncalves à 4:20 de la deuxième période du match no 5), appliquer des mises en échec percutantes (à un tel point dans le match no 4 que Niko Mikkola a écopé d'une amende et Aaron Ekblad a été suspendu pour deux matchs), gagner les batailles défensives et museler les vedettes qui se font rarement museler.
Ils ont tout fait.
« Ils forment une équipe exceptionnelle. Pas une équipe moyenne, une équipe exceptionnelle », a souligné l'entraîneur du Lightning Jon Cooper. « Il y a deux ans, ils ont affronté Boston et ils tiraient de l'arrière 3-1 sur les gagnants du trophée des Présidents, et ils sont venus de l'arrière pour remporter cette série – s'ils ne remportent pas cette série, qui sait ce que l'avenir allait réserver à cette équipe? –, ils viennent de l'arrière, ils gagnent, ils ont désormais une bonne idée de ce qu'il faut faire pour gagner, parce que c'est une chose qu'il faut apprendre, c'est un art. »
Avec la chance d'accéder au deuxième tour et d'affronter le gagnant de la série opposant les Maple Leafs de Toronto aux Sénateurs d'Ottawa, les Panthers savaient qu'ils allaient devoir résister à tout ce que le Lightning allait diriger vers eux.
Et ils ont eu droit au meilleur effort du Lightning lors du match le plus serré de la série, un match dans lequel le Lightning a marqué le premier but pour la première fois dans la série, mais les Panthers ont offert la réplique, avec un but de Carter Verhaeghe en avantage numérique à 5:21 et un autre but causé par un bond favorable sur le patin d'Anton Lundell à 10:06.
Le Lightning a ensuite créé l'égalité deux fois. D'abord sur le but de Nick Paul à 12:16 de la première période. Ensuite, après le premier but d'Aleksander Barkov dans la série à la 52e seconde de la période médiane, grâce au premier but en avantage numérique de l'équipe depuis le match no 1 (Jake Guentzel, 9:57), à la suite d'une pénalité décernée à l'attaquant des Panthers Sam Bennett pour coup de bâton.
Les Panthers ont toutefois continué à pousser, et le Lightning a continué à perdre la rondelle, et un retour du balancier en faveur de la Floride semblait inévitable. Après avoir écopé d'une autre pénalité pour coup de bâton, Bennett a quitté le banc des punitions dans une position parfaite pour accepter une passe de Lundell. Il a ensuite battu Andrei Vasilevskiy sous le bouclier à l'aide d'un tir des poignets pour marquer ce qui s'est avéré le but décisif à 15:13 de la troisième période.
« Ce n'est certainement pas un bon sentiment de me retrouver au banc des punitions deux fois, surtout après qu'ils en eurent marqué un, a dit Bennett. J'étais un peu anxieux, mais heureusement, j'ai pu en sortir, Lundy a fait un très bon jeu pour me repérer, et j'ai réussi à trouver le fond du filet. Cela m’a enlevé un poids énorme des épaules. »
Ce fut un autre moment important. Ces moments se sont accumulés jusqu'à ce qu'ils créent une victoire dans la série. Ce fut la victoire d'une équipe qui savait quoi faire et quand elle devait le faire.
« Tu as un objectif dans chaque ronde, et c'est de jouer de ton mieux, de prendre le contrôle des moments et de saisir l'occasion quand elle se présente, comme ce soir, a dit Marchand. Il y a tant d'expérience dans ce vestiaire, beaucoup de gars qui ont vécu l'expérience et qui comprennent l'importance de mettre fin à une série quand tu as l'occasion.
« Les gars ont donc fait un très bon travail. Même quand ils ont marqué tôt, nous aurions pu reculer un peu, mais nous ne l'avons pas fait. Nous avons continué à pousser et à nous améliorer à mesure que le match progressait. »
Il est possible que cette édition des Panthers, champions en titre de la Coupe Stanley, ne remporte pas un deuxième championnat consécutif. Il est possible qu'elle n'atteigne pas la finale de la Coupe Stanley pour une troisième saison consécutive. Il est possible qu'elle soit éliminée au deuxième tour.
Mais tous les doutes sont disparus. L'équipe a répondu à toutes les questions.
« Ce n'est pas une chose qui se produit par hasard, a souligné Marchand. Elle se produit parce que cette équipe travaille. Nous le méritons. »


















