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NASHVILLE - Grâce à son expérience et à un œil avisé au Repêchage de la LNH et sur le marché des transactions, le directeur général des Predators de Nashville David Poile a bâti une équipe qui vise le sommet de la LNH depuis quelques saisons. Maintenant, Poile espère que les Predators franchiront la prochaine étape et remporteront leur première Coupe Stanley.
Nashville a gagné le trophée des Présidents, remis à la meilleure équipe en saison régulière, en 2017-18. C'est survenu après que l'équipe ait atteint la Finale de la Coupe Stanley 2017, qu'elle a perdu en six rencontres contre les Penguins de Pittsburgh.

Poile a été voté meilleur DG de la LNH la saison dernière, et il est devenu le DG le plus victorieux dans l'histoire de la Ligue le 1er mars, dépassant l'architecte des Oilers d'Edmonton et des Rangers de New York Glen Sather en obtenant sa 1320e victoire. Il a avoué que le record ne lui a presque pas traversé l'esprit. Poile a battu le record à sa 36e saison consécutive. Poile est le plus ancien DG de la LNH.
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À l'aube de la série de deuxième ronde de l'Association de l'Ouest qui opposera les Predators aux Jets de Winnipeg - les Jets ont remporté le match no 1 4-1 vendredi - Poile s'est assis avec NHL.com pour parler de son équipe, de son ancienneté et de sa vision.
Se rendre en Finale de la Coupe Stanley l'an dernier et remporter le trophée des Présidents cette saison a engendré de grandes attentes envers les Predators. Comment est-ce d'être la proie plutôt que le chasseur?
« Je suis très heureux de notre année. La saison dernière a été remarquable. Nous sommes entrés en séries avec la dernière place disponible, et ce, pratiquement lors du dernier jour de la saison, puis nous avons affronté une bonne équipe comme Chicago (Nashville a balayé les Blackhawks en première ronde). Tellement d'éléments sont tombés en place pour nous. La grande question après cette année-là était : "Quelle est la vraie équipe? Est-ce que c'est l'équipe qui entre en séries par la porte d'en arrière ou est-ce que c'est une équipe parmi les meilleures?" »
« Je crois vraiment que l'expérience acquise l'an dernier nous a aidés au cours de la saison régulière. Évidemment, c'est la meilleure saison que nous ayons eue, car nous avons remporté le trophée des Présidents. On le dit souvent : il faut avoir échoué un peu en séries avant de pouvoir passer à la prochaine étape. Il n'y a aucun doute que l'expérience acquise dans les dernières années - deux matchs no 7 il y a deux ans contre Anaheim et San Jose, puis l'accession à la Finale l'an dernier - tout ça nous a bien servis cette année. Ça nous a donné la confiance que nous affichons actuellement. »
« Depuis le début de la saison, j'ai toujours senti que nous étions l'une des meilleures équipes de la LNH, et maintenant nous sommes l'une des huit meilleures équipes. Je ne miserais jamais sur le hockey. Je pense que les huit équipes peuvent remporter la Coupe Stanley. La bonne nouvelle, c'est que nous sommes ici. Nous sommes l'une de ces formations. »
À quel point crois-tu que l'expérience acquise par ton équipe dans les dernières saisons t'aidera dans les présentes séries éliminatoires?
« J'accorde beaucoup de valeur à ça. J'ai fait partie d'équipes auparavant qui n'avaient pas l'expérience et étaient incapables de gérer une telle situation. Quand les choses devenaient difficiles, elles trouvaient un moyen de perdre au lieu de trouver une façon de surmonter les obstacles. »
« L'année dernière a été spéciale pour nous. En fait, les deux dernières années ont été spéciales et j'irais même plus loin. En 2014-15, alors que Peter Laviolette venait de prendre le poste d'entraîneur et que nous avons affronté Chicago (défaite en six parties en première ronde), je sentais que nous avions mieux joué que les Blackhawks, mais ils venaient tout juste de gagner la Coupe Stanley (en 2010 et 2013) et ils étaient en quête d'une autre Coupe cette année-là. Ils trouvaient des façons de gagner. J'avais l'impression que nous étions un peu malchanceux, mais peut-être que nous étions trop inexpérimentés et nous ne savions pas comment gérer le tout. »

Peter Laviolette

« Ce qui s'est passé depuis, c'est qu'on dirait que nous gérons mieux la plupart des situations auxquelles nous devons faire face. En ce moment, les Penguins donnent tout ce qu'ils ont pour gagner une troisième Coupe Stanley d'affilée. Nous les avons affrontés en Finale l'an dernier. Nous les avons vus cette saison et en ce moment pendant les séries et ils sont encore très hargneux. Différents joueurs s'imposent pour eux. Ils ont des caractéristiques dignes des champions et j'espère que nous avons acquis certaines de ces qualités. »
Est-ce que quelque chose t'a surpris lors de la première ronde cette saison?
« La première ronde est tellement difficile. Elle favorise probablement les équipes sous-estimées. Année après année, c'est là où il y a le plus de surprises. J'ai trouvé que notre première ronde (six matchs contre l'Avalanche du Colorado) a été très difficile. Nous étions dans une tout autre position, en ce sens que nous étions favoris et non pas les négligés. »
Beaucoup de joueurs affirment que le hockey est une question de centimètres, surtout en séries éliminatoires. Est-ce la même chose pour un DG?
C'est toujours le cas quand tu regardes ce qui s'est produit au cours d'une série. Quand tu analyses, ça peut être une mauvaise décision de l'arbitre, une blessure, des joueurs qui ne dépassent pas les attentes ou encore des joueurs qui dépassent les attentes. Quand ce sera terminé, nous pourrons écrire l'histoire. En ce moment, nous ne pouvons pas, mais ce sera évident quand ça prendra fin. »
Es-tu un homme patient? Es-tu le genre d'homme qui croit au processus et qui aime le voir se dérouler?
« Je suis dans le hockey depuis tellement longtemps, je n'ai pas le choix d'avoir de la patience (rires). Un DG est clairement différent d'un entraîneur. Un DG est un planificateur. Je ne veux pas dire que tout mon travail est une vision de ce qui arrivera dans trois ans, mais c'est une bonne partie. Le personnel de direction et moi-même avons fait ce qu'il faut pour bâtir l'équipe. Il faut maintenant attendre, voir la situation et s'assurer que tout le monde est prêt. En ce moment, mon travail en est un de responsabilités. Que faisons-nous, pourquoi le faisons-nous? Est-ce qu'il y a des problèmes qui doivent être corrigés? La préparation, les rencontres, les concepts d'équipe, notre façon de jouer, tout ça fait partie de mon travail. »

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Si les Predators raflent tout cette année, est-ce qu'il y a des choses que tu as faites qui t'auront permis d'arriver à ce résultat par rapport à l'an passé? Quelque chose que tu sais que tu voulais vraiment régler et dont tu es heureux?
« Je ne pense pas que ce soit si facile à dire. Ça commence par le changement de notre personnel d'entraîneurs en 2014-15. Nous avions un bon personnel en place mené par Barry Trotz, mais (avec Laviolette), nous jouons un peu différemment. Ainsi, ç'a été un changement pour moi et nos opérations hockey, car nous devions bâtir l'équipe différemment. Au cours de nos 15 premières années, sous les ordres de Barry, nous avons toujours eu des défensives solides et un bon gardien. C'est encore le cas avec Peter. Ce qui a le plus changé avec Peter, ce sont nos attaquants. Je pense qu'il nous reste trois ou quatre attaquants qui étaient là quand Barry est parti, et la plupart d'entre eux sont excellents offensivement. Nous en avons acquis certains via le repêchage et d'autres par voie de transaction. Mais c'était ce que nous devions faire pour passer à la prochaine étape. Les joueurs que nous avons amenés ici, particulièrement les attaquants, complètent vraiment bien la façon dont Peter veut que nous jouions. »
Comme la plupart des joueurs, tu te concentres sur l'équipe plus que sur tes accomplissements personnels, mais cette année, tu es devenu le DG le plus victorieux de l'histoire de la LNH. En raison de la nature du sport aujourd'hui, ce record pourrait tenir à tout jamais. As-tu quelque chose à dire à ce sujet?
« Ma blague est toujours la même : c'est fantastique, personne ne battra ce record. Mais qui veut vraiment le battre? Travailler autant d'années est peut-être devenu impossible. Ça ramène beaucoup de souvenirs à propos des gens avec qui j'ai travaillé. C'est ce qui ressort le plus. Ce n'est pas vraiment les matchs, mais plutôt les gens et les situations. Qui aurait cru faire tout ça? »
« Je suis encore plus heureux pour ma famille. Ma femme, Elizabeth, mes deux enfants, Lauren et Brian, mes trois petits-enfants, Ellie, Charlotte et Wyatt. Nous sommes souvent à l'étranger dans ce métier. Ils font beaucoup de sacrifices quand je ne suis pas là pour les occasions spéciales. Gagner ou une occasion spéciale (le record) rassemble tout le monde. Tu as besoin de ce soutien inconditionnel autour de toi et je l'ai de la part de ma femme et de mes enfants. »
« Je n'ai jamais vu venir le record. On me l'a mentionné environ à la moitié de la saison, car qui tient vraiment compte de ce genre de choses? Ce n'est pas la raison pour laquelle on évolue dans le monde du hockey, mais je suis plutôt fier. C'est un travail difficile. Il y a tellement de variables à tenir compte pour connaître du succès et garder ton emploi. Je ne sais pas trop comment j'ai fait, mais j'ai réussi. Personnellement, ça veut dire beaucoup pour moi. »
Ça allait de soi que tu battes le record le 1er mars, lors d'une victoire contre les Oilers, l'ancienne équipe de Sather. Ton vieil ami avait-il quelque chose à dire à propos du fait que tu l'aies dépassé?
« Il m'a fait une blague. Depuis 10 ou 12 ans, nous recevons un guide des DG avec les numéros de téléphone et le calendrier. Nos photos y figurent, en ordre d'ancienneté. La photo de Glen était en haut à gauche, la mienne en haut à droite. À la fin de chaque saison, j'appelais Glen pour lui dire "Tu es beaucoup plus vieux que moi (Sather a 74 ans, Poile a 68 ans), quand est-ce que tu vas prendre ta retraite?" Il avait l'habitude de rire et de me dire "Tu veux juste être dans le coin gauche." »

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« Et c'est la pure vérité : une heure avant sa conférence de presse (2015) annonçant qu'il laissait tomber le poste de DG des Rangers de New York, Glen m'a appelé pour me dire "David, je me retire pour devenir président de l'équipe. Ta photo sera dans le coin gauche." Puis il a raccroché immédiatement. »
« La prochaine étape : ma photo disparaîtra de la page (rires). »