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Avant les Stéphane Waite, les Frantz Jean, les Roland Melanson et les Dave Prior, il y a eu François Allaire. Bien connu au Québec pour le travail qu'il a effectué avec Patrick Roy à ses premières années dans la LNH, c'est d'abord lui qui a inventé le poste d'entraîneur des gardiens.

Il a fait ses débuts en 1982 avec le Junior de Verdun dans la LHJMQ avant de rapidement faire le saut chez les professionnels au sein de l'organisation des Canadiens en 1984 en compagnie de Roy.
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Il a fait partie des éditions championnes de la Coupe Stanley avec le Tricolore en 1986 et en 1993 avant de soulever à nouveau le trophée en 2007 avec Jean-Sébastien Giguère et les Ducks d'Anaheim. En 32 saisons professionnelles, il a aussi travaillé avec les Maple Leafs de Toronto et l'Avalanche du Colorado.
À la retraite depuis 2017, il garde un œil plus distant sur l'héritage qu'il a laissé dans le monde du hockey.
Voici cinq questions avec François Allaire :
Ça semble évident maintenant, mais à l'époque où ça n'existait pas, comment vous est venue l'idée de devenir entraîneur des gardiens?
Très tôt dans ma carrière, quand j'étais moi-même gardien de but, j'ai réalisé qu'il n'y avait tout simplement pas d'entraîneurs pour cette position. Je me disais qu'il y avait moyen de faire beaucoup mieux que ça. Nous n'avions aucun conseil.
À 16 ans, je me suis dit que j'allais être entraîneur des gardiens et j'ai mis toute mon énergie pour y parvenir. J'avais une passion pour les gardiens et je voulais prouver qu'on pouvait faire quelque chose avec eux alors qu'avant, tout le monde disait que c'étaient des êtres à part qui fonctionnaient d'une tout autre manière.
Je voulais prouver que ce n'était pas ça. C'était parce que ces gars-là n'étaient pas dirigés qu'ils étaient perçus différemment alors qu'ils ne l'étaient pas tant que ça.
Comment avez-vous vu le poste évoluer au fil des ans?
Quand j'ai commencé dans le junior majeur en 1982-83, j'étais le premier entraîneur de gardiens. J'essayais de créer des choses, de développer des exercices, de voir comment je pourrais faire évoluer ce poste qui n'existait pas.
Maintenant, toutes les équipes ont un entraîneur des gardiens, donc c'est sûr que pour les gardiens actuels, c'est tellement mieux. Ils sont tellement supérieurs à ce qu'on faisait dans le temps et c'est bon pour les jeunes. C'est pour ça que le niveau des gardiens augmente d'année en année.
Quand vous avez commencé, qu'est-ce qui faisait de vous un bon entraîneur des gardiens malgré qu'il se marquait énormément de buts?
Dans ce temps-là, quand ton gardien donnait cinq buts, tu ne faisais pas une dépression. C'était normal. Aujourd'hui, tu peux faire une dépression (rires).
J'ai eu la chance à ma première année d'avoir deux gardiens de 17 ans - Vincent Riendeau et Troy Crosby, le père de Sidney. Je commençais aussi dans la Ligue donc tout le monde était nouveau et nous avons progressé ensemble. Ç'a été toute une expérience pour moi de développer quelque chose avec ces gars-là à ce niveau, de grandir avec eux.
En même temps, je regardais les autres gardiens et il y avait un gardien qui était à Granby qui s'appelait Patrick Roy. Deux ans plus tard, j'étais son entraîneur avec les Canadiens de Sherbrooke. C'était une période d'apprentissages pour moi, mais en même temps je voyais de nouvelles choses tous les jours. Ç'a été une période intense dans ma vie de coach.
Êtes-vous impressionné par le niveau de jeu des jeunes gardiens de 16 ou 17 ans et qui sont déjà très solides techniquement?
On peut même parler des gardiens qui sont plus jeunes que ça. Je participe encore à quelques écoles de gardiens et il y a des jeunes de 10 ou 12 ans qui sont déjà presque parfaits techniquement.
Quand tu vois ça, tu commences à te projeter vers l'avenir. Tu te dis que s'ils grandissent assez et qu'ils murissent bien psychologiquement et physiquement, ils vont être extraordinaires quand ils vont avoir 20 ans. C'est impressionnant à voir.
Quand vous voyez le chemin parcouru par les gardiens et que vous constatez l'amélioration qui a été faite depuis vos débuts dans le circuit, à quel point êtes-vous fier d'avoir été le pionnier de tout ça?
Je suis fier de voir le développement de mon métier qui n'existait pas à l'époque. Il fallait que je me force et que je me prépare pour trouver des équipes. Il n'y avait pas d'intérêt pour ça, alors que maintenant, toutes les équipes courent après les meilleurs de la profession.
Dès qu'il y en a un qui connaît du succès, il y a plusieurs équipes qui courent après. C'est une autre époque et je suis très content pour les jeunes qui gagnent leur vie avec ça.