Au centre d'un amphithéâtre sobrement éclairé, la bannière de son numéro retiré avait été descendue au-dessus du cercueil, qui était entouré à gauche des trophées Art-Ross, Ted-Lindsay, Hart et Conn-Smythe, et à droite, des membres de sa famille.
Derrière, bien en vue, la Coupe Stanley surplombait l'impressionnante mise en scène, un hélicoptère miniature posé à ses côtés - l'autre grande passion de Lafleur. Dès le début de l'évènement, les gens ont dû patienter jusqu'à une heure avant de fouler le tapis rouge.
« Ce qui se passe dehors, c'est incroyable, a souligné son ancien coéquipier Yvon Lambert. On célèbre la vie de Guy. La générosité, la bonté que ce gars-là avait, ça n'a pas de bon sens. Ça se voit aujourd'hui. La prestance qu'il y a dans le Centre Bell, c'est incroyable. C'est beau, c'est remarquable… »
« C'est Guy Lafleur », a complété Réjean Houle, debout à ses côtés.
Un homme qui, par sa générosité et sa disponibilité, a marqué l'esprit de plusieurs générations d'amateurs de hockey - même de celles qui ne l'ont pas vu jouer. Les nombreuses histoires de ses années de succès avec le Tricolore ont transcendé les époques.
« L'image que je garde de Guy Lafleur, c'est lorsqu'il s'amenait sur l'aile droite, qu'il décochait un tir frappé et qu'il marquait dans la lucarne », a commenté le premier ministre du Québec, François Legault. « Il n'avait pas la langue de bois et il s'est mis dans le trouble une fois de temps en temps. Ça m'arrive aussi parfois.
« Tu savais à quoi t'attendre avec lui. C'était ça, Guy Lafleur. Il disait ce qu'il pensait. Je pense que c'est cette authenticité qui a fait en sorte que les Québécois l'aimaient autant. »
Cet amour, on le ressentait sur l'avenue des Canadiens-de-Montréal, où les gens patientaient en serpentin sur plusieurs centaines de mètres. Les chandails no 10 étaient nombreux - certains ayant visiblement plus de vécu que d'autres - et des partisans de tous âges se racontaient leur idole.
Jacques Sarrazin était d'ailleurs venu avec son petit-fils Élie Viau, quelques années après avoir rencontré Guy Lafleur et avoir obtenu son autographe au restaurant Bleu Blanc Rouge. Une mission de surveillance, vendredi, s'est ainsi transformée en un souvenir impérissable pour les deux hommes.