Chapelle ardente Guy Lafleur badge Lepage

MONTRÉAL- « Guy! Guy! Guy! »
Plus d'une trentaine de minutes avant l'ouverture des portes du Centre Bell, les cris se sont répandus parmi les quelques milliers de partisans qui attendaient patiemment leur chance de saluer Guy Lafleur pour une dernière fois, lors de la première de deux journées de recueillement à l'intérieur de la chapelle ardente.

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À quelques pieds de la porte, Gérard Holmes et cinq de ses amis passaient le temps en partageant des anecdotes avec les gens qui s'étaient également levés aux aurores pour être parmi les premiers à défiler devant le cercueil fermé du Démon blond.
« Nous avons fait la route du Nouveau-Brunswick hier pour souligner le départ d'un grand homme et on repart tout de suite après, a-t-il indiqué. Je veux le remercier d'avoir été aussi humain et à la base de l'humanité. Je vais me souvenir de cette journée et aussi d'avoir rencontré tout ce monde. Ils ont tous de bonnes histoires à raconter. »

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Au centre d'un amphithéâtre sobrement éclairé, la bannière de son numéro retiré avait été descendue au-dessus du cercueil, qui était entouré à gauche des trophées Art-Ross, Ted-Lindsay, Hart et Conn-Smythe, et à droite, des membres de sa famille.
Derrière, bien en vue, la Coupe Stanley surplombait l'impressionnante mise en scène, un hélicoptère miniature posé à ses côtés - l'autre grande passion de Lafleur. Dès le début de l'évènement, les gens ont dû patienter jusqu'à une heure avant de fouler le tapis rouge.
« Ce qui se passe dehors, c'est incroyable, a souligné son ancien coéquipier Yvon Lambert. On célèbre la vie de Guy. La générosité, la bonté que ce gars-là avait, ça n'a pas de bon sens. Ça se voit aujourd'hui. La prestance qu'il y a dans le Centre Bell, c'est incroyable. C'est beau, c'est remarquable… »
« C'est Guy Lafleur », a complété Réjean Houle, debout à ses côtés.
Un homme qui, par sa générosité et sa disponibilité, a marqué l'esprit de plusieurs générations d'amateurs de hockey - même de celles qui ne l'ont pas vu jouer. Les nombreuses histoires de ses années de succès avec le Tricolore ont transcendé les époques.
« L'image que je garde de Guy Lafleur, c'est lorsqu'il s'amenait sur l'aile droite, qu'il décochait un tir frappé et qu'il marquait dans la lucarne », a commenté le premier ministre du Québec, François Legault. « Il n'avait pas la langue de bois et il s'est mis dans le trouble une fois de temps en temps. Ça m'arrive aussi parfois.
« Tu savais à quoi t'attendre avec lui. C'était ça, Guy Lafleur. Il disait ce qu'il pensait. Je pense que c'est cette authenticité qui a fait en sorte que les Québécois l'aimaient autant. »
Cet amour, on le ressentait sur l'avenue des Canadiens-de-Montréal, où les gens patientaient en serpentin sur plusieurs centaines de mètres. Les chandails no 10 étaient nombreux - certains ayant visiblement plus de vécu que d'autres - et des partisans de tous âges se racontaient leur idole.
Jacques Sarrazin était d'ailleurs venu avec son petit-fils Élie Viau, quelques années après avoir rencontré Guy Lafleur et avoir obtenu son autographe au restaurant Bleu Blanc Rouge. Une mission de surveillance, vendredi, s'est ainsi transformée en un souvenir impérissable pour les deux hommes.

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« Mes parents sont au chalet pour la fin de semaine, et ils ont demandé à mon grand-père de coucher à la maison pour que je ne fasse pas de party, a lancé le jeune en riant. J'en ai profité pour passer la soirée avec mon grand-père. Il m'a dit qu'il venait ici aujourd'hui et j'ai décidé de l'accompagner. C'est le fun de vivre ça, c'est une belle ambiance. »
« Élie, c'est mon petit-fils et on a une relation bien particulière. C'est extraordinaire de vivre toutes ces étapes de la vie, comme la rencontre avec Guy à son restaurant. Quand je le vois jouer au hockey, moi je vois Guy Lafleur. Il a un pas pire tir du poignet! »
Fierté québécoise
En plus des milliers d'amateurs qui se sont succédé devant le cercueil, le temps de quelques secondes, des politiciens et des membres de l'organisation des Canadiens ont défilé au cours de la journée. Des joueurs de l'édition actuelle de l'équipe étaient aussi attendus en fin de journée.
Même des représentants des Maple Leafs de Toronto, dont le président Brendan Shanahan et les anciens joueurs Doug Gilmour, Wendell Clarke et Rick Vaive, avaient fait le voyage pour démontrer leur soutien.
« Ça montre à quel point il était aimé, a souligné la mairesse de Montréal, Valérie Plante. J'ai parlé à beaucoup de citoyens. Guy nous rendait fiers. C'était un homme fier, un joueur très fier et très talentueux. Il avait cette fierté dont les Québécois ont tous besoin. »
Le peuple qu'il a fait vibrer lui a bien rendu, dimanche. C'était comme une grande messe, qui se poursuivra lundi et qui connaîtra son dénouement avec des funérailles nationales, mardi.
« Ces évènements-là, où il y a trop de monde et où on reste longtemps debout, je les évite habituellement, a conclu Patrice Landry. Je ne pouvais pas passer à côté, je l'aurais vraiment regretté. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit de le saluer de leur part. J'ai beaucoup de messages à lui transmettre! »

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