Charlie McAvoy BOS

BOSTON – Tout a commencé le matin du 16 février, quand l’équipe des États-Unis pour la Confrontation des 4 nations a finalement atterri à Boston en provenance de Montréal dans une tempête de neige. Ils étaient restés coincés sur la piste d’atterrissage pendant ce qui a semblé être une éternité, gagnant leur lit vers six heures du matin.

Pendant tout ce temps, Charlie McAvoy ne se sentait pas bien. Ce dimanche-là, l’état de son épaule empirait, tout comme la douleur.

« Ce soir-là, nous restions au Ritz au centre-ville, et je n’ai pas dormi de la nuit parce que j’avais trop mal », a raconté le défenseur des Bruins de Boston. « Je savais que nous allions affronter la Suède le lendemain et que je n’allais pas jouer. On me disait de laisser du temps à mon épaule. La finale avait lieu le jeudi, ce qui semblait très loin, donc on m’a dit de prendre du mieux.

« C’est le lendemain que tout a déboulé. »

Il avait subi une blessure à l’articulation acromio-claviculaire de l'épaule droite dans le match contre la Finlande le 13 février et il avait ensuite subi des traitements avant d’affronter le Canada deux jours plus tard. Mais la douleur n’avait rien à voir avec une blessure à une articulation de l’épaule, sans compter qu’une rougeur grossissait à vue d’œil sur son épaule. Les médecins étaient confus. McAvoy, lui, était en douleur.

Il s’est rendu à l’hôpital général du Massachusetts, où il a subi un examen par rayons X, une imagerie par résonance magnétique et des prises de sang. On lui a diagnostiqué une infection nécessitant une intervention d’irrigation et de débridement le 18 février.

McAvoy n’a pas rejoué cette saison.

« J’ai ressenti toutes les émotions imaginables », a confié McAvoy jeudi, lors du bilan de saison des Bruins. « Je ne suis pas fâché contre un individu en particulier. Je suis fâché de ce qui s’est passé. Je suis triste. Je me demande un peu pourquoi ça m’est arrivé à moi, comme ce serait le cas pour n’importe qui dans cette situation j’en suis certain. Il y a plusieurs émotions différentes.

« Ça m’a coûté ma saison. J’ai passé beaucoup de temps à ruminer la situation. Je me retrouvais à la maison avec un cathéter sans pouvoir jouer ni aider mon équipe. »

Il avait contracté une rare infection à staphylocoque, et personne – pas même le médecin en chef du département des maladies infectieuses de l’hôpital général du Massachusetts – ne sait comment il l’a attrapée. Il a reçu une injection pour tenter d’engourdir la partie du corps où il était blessé, une procédure normale. C’est par la suite que l’infection s’est déclarée.

« Ce qui m’est arrivé est de la pure malchance, a affirmé McAvoy. Il y a toujours un risque que ça survienne, mais on n’en entend jamais parler. Et ça m’est arrivé. C’est un peu la tempête parfaite. Ce n’est pas nécessairement quelqu’un qui a fait quelque chose de mal. Il y a simplement une infection qui s’est déclarée. »

Comme il l’a souligné, ç’aurait pu provenir de sa combinaison Under Armour, d’un oreiller à l’hôtel ou de son équipement.

Impossible de le savoir.

« On pourrait spéculer toute la journée, et croyez-moi, je l’ai fait, a lancé McAvoy. Pensez-vous que je ne cherchais pas un coupable dans cette histoire? Je l’ai fait et j’ai versé des larmes.

« La réalité est qu’il n’y a personne à blâmer. C’est de la malchance. »

Ç’a été la fin abrupte d’une saison qui était pourtant remplie de promesses au départ. Les Bruins (33-39-10) ont toutefois terminé au dernier rang de l’Association de l’Est et raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley pour la première fois depuis 2016.

« Je n’ai même pas l’impression d’avoir joué au hockey cette année, a renchéri McAvoy. Ce qui est malheureux parce que j’ai joué plus de matchs que j’en ai l’impression, mais je n’ai pas joué depuis février. À certains moments, c’était comme si c’était la saison dernière dans ma tête puisque ça faisait tellement longtemps.

« Tu cours un marathon et tu n’as même pas la chance de franchir le fil d’arrivée. »

McAvoy a cessé les antibiotiques la semaine dernière, plus de deux mois après sa blessure initiale. Sa blessure devait prendre trois mois à guérir, a-t-il estimé. Il n’avait pas encore reçu le feu vert, mais il s’en approchait.

Il a mentionné que si Boston avait été dans la course aux séries, il y aurait eu une conversation avec la direction et les médecins pour tenter d’obtenir le feu vert. Il se préparait à revenir au jeu et à jouer cette saison. McAvoy a ajouté « qu’agir de la sorte a donné un sens à cette situation et m’a donné une raison de me lever le matin. Ce n’était pas dramatique, mais j’arrivais à l’aréna avec un but en tête. »

La bonne nouvelle est que la blessure à l’articulation de l’épaule de McAvoy ne l’ennuiera pas dans le futur. Ce n’est pas quelque chose qu’il aura à gérer.

« Je n’ai pas de restriction cet été, ce qui va me permettre d’avoir un gros été et ça m’emballe », a-t-il dit.

Ce qui s’est produit n’affecte en rien le désir de McAvoy de jouer dans d’autres événements internationaux, surtout les Jeux olympiques d'hiver de Milano Cortina 2026, qu’il a qualifiés de « rêve ultime. »

Même jouer contre le Canada le 15 février, après sa blessure, était un rêve.

« C’est ce qui s’est passé ensuite qui m’a coûté mon année, a-t-il mentionné. Je ne veux pas dire qu’il y a plusieurs regrets, mais je dois quand même accepter ce qui s’est passé. Ça fait mal et j’essaie encore de l’accepter. Mais je n’échangerais ça contre rien au monde. Je n’échangerais pas l’expérience et les amitiés. C’est quelque chose dont tu rêves. »

Malgré tout, ç’a rendu une saison déjà difficile encore plus difficile. Il a été incapable de revenir aider les Bruins pendant qu’ils coulaient au classement. L’équipe a fini par liquider ses actifs à la date limite des transactions, le 7 mars, et elle a terminé au dernier rang dans l’Est.

« Tu vois tes amis, tes coéquipiers, connaître des difficultés. Tu essaies d’être là pour aider, mais tu ne peux pas, a dit McAvoy. Tellement de choses malheureuses se sont produites cette année, donc il y a de la frustration. Il y a certainement une motivation à ne plus jamais revivre ça, à trouver des façons d’améliorer la culture et de revenir à ce qu’elle était avant, car ce n’est pas une bonne situation actuellement. »

Ce sera le plus long été de la carrière de McAvoy depuis qu’il a fait ses débuts dans les séries en 2017. Lui et les Bruins avaient été des séries chaque fois par la suite. C’est le point positif qu’il tire de tout ce qui s’est produit.

Il ne veut pas simplement retrouver la santé cet été, mais aussi l’équipe qu’il a connue toute sa carrière et dont il a fait partie. Une équipe qui, de son propre aveu, était prête à gagner au début de la saison, à franchir une autre étape avec un noyau qui est aujourd’hui éparpillé à travers la LNH : Brad Marchand est avec les Panthers de la Floride; Brandon Carlo est avec les Maple Leafs de Toronto; Charlie Coyle évolue avec l’Avalanche du Colorado et Trent Frederic est maintenant chez les Oilers d’Edmonton.

« Ça commence rapidement après aujourd’hui, a-t-il martelé. Nous devons nous réunir et déterminer ce que nous voulons, qui seront nos piliers et quelle est la culture que nous voulons avoir.

« C’est toute une opportunité et un défi pour nous. Nous allons l’attaquer de front. Nous ferons tout en notre possible. Tu ne peux pas le faire individuellement, tu dois le faire en groupe. Mais nous sommes vraiment emballés par ce défi, ce qu’il présente et la manière dont nous pouvons faire partie de la solution. »

Parce que cette saison n’est pas conforme aux attentes de McAvoy envers les Bruins.

« Je ne veux plus jamais me sentir comme ça », a répondu McAvoy quand on lui a demandé ce qu’il voulait. « Je n’ai jamais été dans cette situation et je ne veux plus jamais l’être. »

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