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CORAL SPRINGS, Floride - Un peu moins d'une heure après que les Blackhawks de Chicago eurent remporté la Coupe Stanley en 2010, le téléphone de Dale Tallon a sonné.
Au bout du fil, c'était Joel Quenneville.

Tallon avait passé 33 ans avec les Blackhawks comme joueur, commentateur et membre de la direction. Il avait vécu des moments difficiles et avait contribué à bâtir ce qui deviendrait une équipe championne. Mais il n'était pas là lorsque l'un de ses choix au repêchage, l'attaquant Patrick Kane, a inscrit le but qui a permis à son équipe de soulever la Coupe.
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Il regardait plutôt la rencontre à la télévision au domicile du dirigeant des Panthers de la Floride Bill Torrey. Il avait été congédié de son poste de directeur général des Blackhawks l'année d'avant et venait tout juste d'être nommé DG des Panthers.
Quenneville était devenu entraîneur des Blackhawks tôt au cours de la saison 2008-09, et son expérience avait permis à une formation jeune et talentueuse de s'imposer. Au cours de la saison, il était devenu proche de Tallon.
Il a fait passer le téléphone dans le vestiaire pour que les joueurs puissent parler à Tallon.
« Ça m'a mis la larme à l'œil », a raconté Tallon.
Ça en dit long sur Quenneville, Tallon et leur relation que l'entraîneur des Blackhawks ait pensé à Tallon dans un moment aussi fort en émotions.
« C'est le genre de personne qu'il est, a dit Tallon. C'est la raison pour laquelle on s'entend bien. C'est comme si nous avions le même père, mais une mère différente. Il est un peu comme le frère que je n'ai jamais eu. »

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Tallon a à nouveau traversé des moments difficiles, mais il a assemblé une formation jeune et talentueuse en Floride, en plus d'avoir embauché Quenneville. Ils espèrent que le scénario de Chicago se répètera.
À une exception près.
Cette fois, ils veulent célébrer un championnat ensemble.
« Nous pensons que c'est une occasion de bâtir quelque chose de spécial ici, a indiqué Quenneville. C'est notre chance d'accomplir quelque chose que nous n'avons pas eu la chance de terminer ensemble. »
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Matt Caldwell est allé à l'école de gestion Kellogg de l'Université Northwestern à Evanston, en Illinois, de 2007 à 2010. En 2012, l'un de ses professeurs a dirigé une étude de cas du redressement des Blackhawks, et Caldwell l'a présentée à Vincent Viola, quand ce dernier a acheté les Panthers en 2013.
« C'est exactement le plan que nous suivons », a déclaré Caldwell, qui s'est joint aux Panthers comme directeur de l'exploitation en 2014 et a été promu président en 2016.
Les Blackhawks ont raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley neuf fois en 10 saisons de 1997 à 2007. En 2006-07, ils ne comptaient que sur 3500 détenteurs d'abonnements de saison et présentaient une moyenne d'assistance de 12 727 partisans par rencontre, ce qui plaçait l'équipe au 29e rang sur 30 dans la LNH.
Mais quand Rocky Wirtz est devenu chef de la direction et que John McDonough a pris le rôle de président en 2007, ils ont investi dans du personnel, dans le marketing et dans de nouvelles installations.
La formation était en progression, en grande partie grâce à Tallon, qui a été DG adjoint de 2003 à 2005 avant de devenir DG en 2005. Chicago misait sur un bon noyau avec les défenseurs Duncan Keith, le 54e choix du Repêchage 2002 de la LNH, Brent Seabrook, le 14e choix en 2003, le joueur de centre Jonathan Toews, troisième sélection en 2006, et Kane, le premier choix au total de l'encan 2007.
Non seulement les Blackhawks ont-ils participé aux séries après l'arrivée de Quenneville en 2008-09, ils ont atteint la finale de l'Association de l'Ouest, ont terminé la saison avec 14 000 détenteurs d'abonnements de saison et ont vu leur moyenne d'assistance grimper à 22 247 partisans, bon pour le premier rang dans la LNH.
L'une des dernières décisions de Tallon comme DG aura été de mettre sous contrat l'attaquant Marian Hossa comme joueur autonome sans compensation, le 1er juillet 2009. Tallon a été congédié le 13 juillet 2009 et est devenu conseiller principal aux opérations hockey.
On connait la suite. Chicago a remporté la Coupe Stanley en 2010, 2013 et 2015 avec Quenneville derrière le banc et des gradins pleins à craquer.
Tout ça pendant que Tallon prenait la relève en Floride.
Les Panthers ont participé aux séries cinq fois en 25 saisons et une fois au cours des sept dernières années. Ils ont affiché une moyenne d'assistance de 13 261 partisans, la saison dernière, ce qui était bon pour le 30e rang sur 31 dans la LNH.
Mais ils ont fait plusieurs investissements et leur formation est en progression. Surtout, ils comptent sur un noyau de joueurs prometteurs, comme l'attaquant Jonathan Huberdeau, le troisième choix au total en 2011, le joueur de centre Aleksander Barkov, le deuxième choix au total en 2013, le défenseur Aaron Ekblad, le tout premier choix de l'encan 2014 et le défenseur Mike Matheson, le 23e choix au total du Repêchage 2012.
« Je n'aime pas comparer des joueurs comme Toews et Kane à des joueurs de notre équipe, mais il y a des ressemblances, a noté Tallon. Il y a beaucoup de similitudes. Je vois un peu le même genre d'équipe en regardant toute notre formation. »

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Quenneville est devenu disponible quand les Blackhawks l'ont congédié, le 7 novembre, après un début de saison où ils ont montré un dossier de 6-6-3. Il a plus de victoires en saison régulière (890) que n'importe qui sauf Scotty Bowman (1244) et plus de gains en séries (118) que tout entraîneur, mis à part Bowman (223) et Al Arbour (123).
Caldwell a affirmé que lorsque les Panthers ont embauché Quenneville, le 8 avril, et mis sous contrat le double gagnant du trophée Vézina Sergei Bobrovsky comme joueur autonome sans compensation, le 1er juillet, ils ont vu une augmentation de leurs ventes d'abonnements de saison de 8 à 10 pour cent chaque fois. Ils sont passés d'environ 3000 abonnés de saison en 2013 à 7500. Et ce n'est que le début.
« Nous pensons que toute l'organisation est prête pour ce qui s'en vient, a dit Caldwell. Nous pensons qu'avec les changements que nous avons apportés durant l'entre-saison, nous pouvons réellement connaître un long parcours.
Le BB&T Center peut imiter le United Center.
« C'est à nous d'y arriver, et en gagnant sur une base régulière, l'aréna sera rempli, a fait valoir Quenneville. Nous pouvons faire de cet endroit une place très spéciale où jouer. »
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Kane s'est entraîné avec un groupe de joueurs de la LNH à Naples, en Floride, à la fin du mois d'août. Quelques joueurs des Panthers lui ont demandé de décrire Quenneville.
« C'est un homme avec beaucoup de classe, a répondu Kane. Je pense qu'il fera du très bon travail avec cette équipe, car ils sont en progression, un peu comme nous quand il est débarqué ici pour la première fois. »
Quenneville s'attend à ce que ses joueurs soient concentrés lors des rencontres et il dirige des entraînements très intenses. Kane a prévenu les joueurs des Panthers que Quenneville n'acceptera pas qu'un joueur se la coule douce durant les rencontres en posant sa tête sur les coussins utilisés par les joueurs pour s'étirer.
« Ils ont répondu qu'ils connaissaient un joueur qui fait souvent ça », a raconté Kane avec un sourire. « Je leur ai dit de ne rien lui dire et d'attendre la réaction de "Q". »
Le défenseur des Panthers Keith Yandle, qui s'est entraîné avec Kane à Naples, a toutefois confirmé que le joueur en question avait été averti.
L'autre chose qui est inacceptable : les téléphones. On ne veut pas les voir à l'aréna.
« Assurez-vous d'être présent », a lancé l'attaquant Troy Brouwer, qui a joué avec Chicago entre 2006 et 2011 et qui est au camp d'entraînement de la Floride en vertu d'un essai professionnel. « Assurez-vous de vous donner la chance, à vous et à vos coéquipiers, de saisir chaque occasion de gagner en apprenant et en vous améliorant. »
Quenneville est soucieux des détails. Il déteste les passes à l'aveuglette dans l'enclave qui sont interceptées et donnent l'occasion à l'autre équipe de contre-attaquer. Il n'aime pas lorsque la rondelle est rejetée en fond de territoire dans le coin inverse, préférant que la rondelle circule le long de la rampe en zone offensive, histoire que le joueur en échec-avant ait plus de chances de la récupérer.
« Il y a un million de petites choses qu'il vous demande de faire dans une partie, a expliqué Kane. Ça fonctionne au final. Je pense qu'il va probablement changer leur style de jeu un peu et les rendre plus rapides. L'équipe pratiquera un style un peu plus nord-sud. »
L'approche sera sensiblement la même qu'à Chicago. Quenneville veut que l'équipe mette d'abord les efforts sur la défensive, car il y a assez de talent au sein de l'équipe pour que l'offensive vienne naturellement si les joueurs jouent bien sans la rondelle et s'assurent de la récupérer. Les Panthers ont pris le 28e rang au chapitre des buts accordés (3,33 par match) et la neuvième place pour les buts marqués (3,22), la saison dernière. Quenneville est reconnu pour remanier ses trios lors d'un match afin de miser sur les joueurs qui jouent le mieux un soir donné.
En général, son système de jeu est plutôt simple et les joueurs ont une certaine liberté à l'intérieur de sa structure. Il veut utiliser les forces de ses joueurs.

« Il va permettre à ses joueurs d'utiliser leur talent et leur créativité, a noté Toews. L'une des raisons pour lesquelles nous avons connu du succès en séries avec Joel, c'est que nous étions capables de nous tirer d'affaire dans des situations difficiles parce que les joueurs pouvaient utiliser leur créativité pour réaliser des jeux clés. Ils étaient en confiance et ils savaient qu'ils avaient la liberté de le faire. »
Les Panthers peuvent-ils vraiment suivre la recette des Blackhawks?
« Oui, a répondu Toews. Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas le faire. Ils ont un bon gardien, des attaquants exceptionnels. Ils ont énormément de potentiel. Tu as de jeunes joueurs fébriles qui veulent jouer au hockey en séries… Joel saura quoi faire à partir de là. »