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TORONTO – La table avait été mise à la perfection pour une soirée tranquille et un chemin sans trop d’embûches vers la victoire pour les Maple Leafs de Toronto.

Après 20 minutes de jeu, la troupe de Craig Berube avait les devants 3-1, William Nylander avait déjà deux buts et une passe au compteur et les Panthers de la Floride étaient loin de ressembler à l’équipe qui n’a fait qu’une bouchée du Lightning de Tampa Bay au premier tour.

Les Leafs ont même réussi à creuser l’écart à trois buts avant la fin de la deuxième période. Tout allait bien.

« On voulait donner le ton rapidement, et j’ai eu l’impression qu’on a fait exactement ça dès la première période, a souligné le pilote des Torontois. On a joué de la façon dont on voulait. »

Donc, à quel moment la chaîne a-t-elle débarqué pour qu’ils doivent puiser au plus profond de leurs ressources pour s’en tirer avec une très courte victoire de 5-4 dans le premier match de cette série.

Panthers vs Maple Leafs | Match no 1 | Résumé

Une grande partie de la réponse s’est jouée à 7:16 de la deuxième période, quelques instants avant que les Leafs ne fassent 4-1. C’est à ce moment que Sam Bennett est entré en contact avec la tête du gardien Anthony Stolarz à la suite d’une percée au filet – un geste qu’a vivement dénoncé Berube.

Stolarz a mis quelques secondes à retrouver ses esprits, mais il est demeuré dans la rencontre. Or, lors de la pause publicitaire subséquente, il a été malade au banc des siens et a dû céder sa place à son adjoint Joseph Woll.

Le gardien de 26 ans n’avait pas encore vu d’action dans ces séries, et n’avait pas été d’office depuis le 17 avril. Aussi bien dire qu’il a été jeté dans la gueule du loup. C’est le rôle ingrat d’un gardien auxiliaire.

« J’étais inquiet de voir Anthony dans cet état, mais je devais en même temps me préparer, a raconté Woll. Je regardais le match tranquillement et je me suis retrouvé sur la ligne de front. Je tente toujours de me préparer et d’être prêt pour des moments comme ceux-là. On ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Il faut aussi noter que Stolarz avait été atteint à la tête de plein fouet par un tir de Sam Reinhart en tout début de rencontre. L’impact avait été si violent qu’il en avait perdu son masque. Berube n’a pas voulu s’avancer davantage sur l’état de santé de son numéro un, se limitant à dire qu’il était toujours en évaluation.

« Tu ne veux jamais voir un de tes coéquipiers quitter la rencontre, mais nous avons toute la confiance au monde en Joseph, a dit Morgan Rielly, auteur d’un but. On a de la profondeur à toutes les positions. Joseph est entré dans le match et il a pris la relève avec brio. »

Ç’a effectivement très bien commencé. Les Panthers l’ont rapidement mis à l’épreuve avant la fin du deuxième engagement, et il a repoussé les quatre premiers tirs dirigés vers lui. C’est au retour du vestiaire, pour le dernier engagement, que les choses se sont gâtées.

Relâchement

Woll a cédé sur deux des trois premiers tirs qu’il a affrontés en troisième – ceux d’Eetu Luostarinen et d’Uvis Balinskis – et les Panthers ont repris vie en s’approchant à un but avec 15:30 à faire au match. Berube n’a eu d’autre choix que d’appeler un temps d’arrêt pour ramener ses hommes à l’ordre.

« Je leur ai dit de se calmer, a raconté l’entraîneur. On reculait trop, on n’était plus agressifs, surtout en zone neutre, et nous jouions sur les talons. On les laissait un peu trop imposer leur rythme. Il fallait simplement retrouver nos repères après ce léger glissement. »

Ça ne s’est toutefois pas fait en claquant des doigts. Les Panthers ont cogné à la porte à quelques autres reprises, et les Leafs ont bousillé deux occasions de creuser l’écart en avantage numérique – le jeu de puissance des Torontois a d’ailleurs été blanchi en cinq déploiements. Ça sentait la soupe chaude.

La foule du Scotiabank Arena a retenu son souffle jusqu’à ce que Matthew Knies déjoue Sergei Bobrovsky d’une savante feinte en échappée pour faire 5-3 avec six minutes à faire au cadran.

« C’est un pitbull avec des mains de soie, a vanté le défenseur Chris Tanev, qui a inscrit le quatrième des Leafs. Quand il devance un gars, il est difficile à rattraper. Il fait tout à un très haut niveau de jeu dans ces séries. Son apport est énorme pour nous. »

Bennett – qui d’autre – a rendu les choses intéressantes en marquant avec un peu moins de deux minutes à jouer, mais les Maple Leafs ont tenu le coup une fois pour toutes. Woll a terminé sa soirée de travail inattendue avec 17 arrêts sur 20 tirs devant la cage qui pourrait devenir la sienne pour quelque temps.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 27:39

C’est le temps de jeu du défenseur des Panthers, Seth Jones. En l’absence d’Aaron Ekblad, qui purgeait le dernier de deux matchs de suspension, c’est lui qui a pris la relève. Avec des résultats fort mitigés, disons-le.

La robustesse, pas que l’affaire des Panthers

Comme prévu, les Panthers ont eu le dessus dans la colonne des mises en échec. Il fallait s’y attendre : ils mènent la ligue au chapitre des coups d’épaules par tranche de 60 minutes depuis le début des séries.

Cette fois, leur domination s’explique surtout par le fait qu’ils n’ont pas beaucoup touché au disque au cours des quarante premières minutes de jeu. Ils ont doublé les Maple Leafs 51-24 à ce chapitre, mais les mises en échec les plus percutantes ont été servies par les joueurs de la formation torontoise.

On retiendra celle de Jake McCabe sur Dmitry Kulikov, celle de Matthew Knies sur Seth Jones et une de Max Pacioretty sur Nico Sturm. Ce premier match a donné le ton, et il laissera sans doute des traces.

Le facteur Marchand

Brad Marchand n’a pas mis de temps à amorcer le travail contre ses rivaux printaniers favoris. Il n’y avait même pas sept minutes de jouées quand la peste des Panthers a entraîné Max Domi dans son petit jeu.

Après un arrêt de jeu, Marchand a servi des petits coups de bâton à Pontus Holmberg puis à Brandon Carlo, avec qui il jouait chez les Bruins de Boston il y a quelques mois à peine. Domi, qui n’a visiblement pas la même expertise, est venu répliquer légèrement, et c’est lui qui a été chassé.

Marchand a obtenu deux aides, et il a désormais 31 points (10 buts, 21 aides) en 28 matchs de séries contre les Maple Leafs. Il a eu le dessus sur les Torontois lors des quatre séries qu’il a disputées contre eux dans l’uniforme jaune et noir.

Le Pacioretty des beaux jours

En récoltant deux aides au premier tiers sur les buts de Nylander, Max Pacioretty a poursuivi sur sa lancée amorcée lors du sixième match face aux Sénateurs d’Ottawa. Il a désormais un but et trois aides à ses deux dernières rencontres, soit depuis qu’il a été muté sur le deuxième trio avec Nylander et John Tavares.

Plus étonnant encore, il mène l’équipe pour les mises en échec avec 27 en cinq matchs, tandis que la plupart de ses coéquipiers ont été en uniforme pour sept rencontres. Il domine aussi les Leafs pour les mises en échec par tranche de 60 minutes (25,07), loin devant son plus proche poursuivant Bobby McMann (16,71).