marchand chaumont

MONTRÉAL – Brad Marchand a toujours carburé à l’idée de camper le rôle du vilain. Il y retire une certaine fierté quand il entend les partisans du Centre Bell le chahuter dès qu’il touche à la rondelle. Cette réalité changera maintenant qu’il troquera son chandail des Bruins de Boston pour celui du Canada à la Confrontation des 4 nations.

À sa sortie d’un entraînement sur la glace du Centre Bell à la veille d’un premier match contre la Suède, Marchand a décrit sa relation avec le public montréalais.

« Est-ce que j’ai déjà entendu des huées contre moi ici ? Non, jamais. Ils m’ont toujours applaudi ici. »

Marchand a un bon sens de l’humour. Il riait de bon cœur après cette petite boutade. Mais quand on lui demande s’il s’attend à recevoir une plus grande vague d’amour, le numéro 63 a relativisé les choses.

« Je ne pense pas qu’ils m’encourageront moi, ils encourageront l’équipe, a-t-il dit. C’est une chose qui est géniale quand tu joues pour l’équipe canadienne. Tu réussis à unir un pays en entier. Quand tu portes ce chandail, tu le fais avec une grande fierté. Nous partagerons un objectif commun, celui de gagner. Les joueurs, les entraîneurs, les dirigeants et les partisans pousseront vers le même but.

« Je vivrai une expérience différente au Centre Bell, mais j’ai hâte de découvrir cette ambiance. »

Marchand, qui est au cœur de la rivalité entre les Bruins et le CH depuis un peu plus de 15 ans, a toujours vu d’un bon œil l’accueil qu’il reçoit à Montréal.

« Oui, il y a des huées, mais je le vois comme un signe de respect, a-t-il affirmé. J’ai toujours eu cette philosophie. Je ne perds pas sommeil avec cette réalité. Si j’étais un partisan, je choisirais aussi de huer un joueur comme moi. Je comprends leur réaction. Je joue d’une façon et je peux déranger sur la glace. Mais c’est ma façon de jouer. Je ne changerai pas. »

Dans son ADN

Charlie McAvoy et Jeremy Swayman, deux coéquipiers de Marchand avec les Bruins, auront maintenant l’occasion de jouer contre leur capitaine. McAvoy et Swayman porteront les couleurs de l’équipe américaine.

McAvoy restera dans le camp de l’ennemi pour le match de samedi entre les deux grands rivaux au Centre Bell, alors que Marchand sera du côté des gentils.

« J’ai le sentiment qu’il va trouver ça vraiment cool, a lancé McAvoy en souriant. Il vient de la Nouvelle-Écosse, il est Canadien, mais il a toujours reçu des huées au Centre Bell. Il se fait huer depuis plusieurs années puisqu’il est un joueur clé des Bruins. Il trouvera ça bizarre d’entendre les partisans de Montréal qui l’applaudiront avec le gilet du Canada. Ils pourraient même crier son nom. Mais à Boston, il risque de se faire huer. Ce tournoi apportera son lot de scènes uniques. »

Aux yeux de Swayman, Marchand retirera une motivation particulière pour les deux matchs du Canada en sol montréalais.

« Je connais Brad et je sais qu’il s’adaptera rapidement, a dit le gardien américain. Il va aimer ça. C’est un gars qui jouera toujours avec une grande intensité, peu importe la couleur de son chandail sur son dos. Marchy sera une pièce importante de l’équipe canadienne. Il défendra les couleurs avec sa passion habituelle. »

Advenant une finale entre le Canada et les États-Unis à cette Confrontation des 4 nations, Swayman croit que les partisans du TD Garden à Boston demeureront très respectueux envers Marchand.

« Je ne m’attends pas à des huées contre Brad à Boston, a prédit Swayman. Il travaille tellement fort, il a tellement donné aux Bruins et à la ville de Boston qu’il recevra encore de l’amour dans cette ville même s’il jouera pour le Canada. Il est notre capitaine avec les Bruins. »

Marner dans le même bateau

À un niveau plus faible, Mitch Marner est aussi une cible des partisans du Centre Bell lorsqu’il s’y présente comme membre des Maple Leafs de Toronto. Marner, un ailier électrisant, n’a toutefois pas un aspect peste comme Marchand.

Pour les prochains jours, Marner échangera la feuille d’érable bleue des Leafs pour une rouge du Canada.

« Ce sera génial de jouer ici à Montréal, a affirmé Marner. Je me retrouverai du bon côté pour une fois. Il y a toujours une bonne ambiance dans cet aréna. »

« Mitch risque de trouver ça spécial, a renchéri le capitaine des Leafs et capitaine de l’équipe américaine, Auston Matthews. Je lui en parlais avant de venir à Montréal. Il en profitera. Pour une fois, il recevra des applaudissements sur la glace du Centre Bell. Pour ma part, je resterai dans le clan de l’équipe rivale. À Boston, je découvrirai toutefois une ambiance différente puisque je porterai les couleurs de l’équipe locale. »