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BOSTON -Ils n'ont pas évolué sur le même trio pendant longtemps, et cela remonte aux Jeux olympiques 2014 de Sotchi. Mais au cours de leur brève association, John Tavares a pu se façonner une nouvelle vision du joueur de hockey contre qui il avait joué pendant toutes ces années. Il a découvert un nouveau côté de Patrice Bergeron.

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« Il est l'un des joueurs que je respecte le plus dans la ligue, en tant que compétiteur et comme personne », a indiqué Tavares, le centre des Maple Leafs de Toronto qui va se frotter régulièrement à Bergeron lorsque son équipe rendra visite aux Bruins de Boston pour le premier match de leur série de première ronde des séries éliminatoires de la Coupe Stanley au TD Garden jeudi (19 h (HE); NBCSN, CBC, SN, TVAS).
« Je dis toujours aux gens qu'il est probablement le joueur avec qui il est le plus facile de jouer que j'ai côtoyé au cours de ma carrière. Il est simplement toujours au bon endroit au bon moment. Il est tellement responsable partout sur la patinoire. Il est toujours en train de réparer vos erreurs, et il prend toujours la bonne décision avec la rondelle. »
Il s'agissait d'une première participation aux Jeux olympiques pour Tavares, et d'une deuxième pour Bergeron, et les joueurs du Canada n'ont pas seulement eu la chance de mettre la main sur une médaille d'or, mais aussi de voir de près d'où venait tout cet engouement envers Bergeron, et pourquoi il remportait si souvent le trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif de la LNH. Il s'agissait d'une perspective différente de celle à laquelle ils étaient habitués, alors qu'ils se trouvaient habituellement face au joueur de centre pendant les mises en jeu ou encore assis au banc adverse.
Et la plupart du temps, ils sortaient de ces confrontations avec une bonne dose de frustration.
« J'étais opposé à lui depuis un moment déjà, a noté Tavares. Nous avons eu plusieurs bonnes batailles. […] Mais ce fut aussi très plaisant, parce que ça représente un défi que d'affronter un joueur comme Patrice, et ça fait en sorte qu'il faut jouer être meilleur et élever notre niveau de jeu d'un cran. »

Bergeron est l'un des deux joueurs que le centre du Lightning de Tampa Bay Steven Stamkos avait vraiment hâte de compter parmi ses coéquipiers lorsqu'il songeait aux Jeux olympiques de 2014, un événement qu'il allait finalement rater en raison d'une fracture au tibia, puis à la Coupe du monde de hockey 2016.
L'autre était le centre des Penguins de Pittsburgh Sidney Crosby.
« Je crois que lui et Sidney Crosby étaient les gars que j'avais vraiment, vraiment hâte de côtoyer sur une base quotidienne, de m'entraîner avec eux, de voir comment ils abordent les choses », a expliqué Stamkos.
L'intrigue qui entoure Bergeron est très épaisse; comment parvient-il à être aussi dynamique offensivement tout en étant suffisamment responsable défensivement pour mettre la main sur le trophée Selke à quatre reprises, en plus de travailler aussi fort, de posséder un aussi bon tir, d'avoir un aussi bon sens du jeu et d'être aussi concentré.
Mais c'est en jouant avec lui que certains des meilleurs joueurs de la LNH, surtout les centres, ont commencé à comprendre ce qui fait de Bergeron un joueur si spécial, et c'est alors qu'un sentiment de respect encore plus grand se crée, après avoir partagé un vestiaire avec lui au cours d'un événement sur la scène internationale.
Ryan O'Reilly a vécu cette situation pendant des années avec les Sabres de Buffalo - une situation qu'il ne vit plus aussi souvent maintenant qu'il se trouve dans l'Association de l'Ouest avec les Blues de St. Louis.
« Je déteste absolument jouer contre lui », a admis O'Reilly.
O'Reilly et Bergeron ont joué ensemble à la Coupe du monde de hockey, alors que le centre des Blues était aux premières loges pour voir de quelle manière le Québécois frustrait les autres équipes et les autres joueurs. Un sentiment auquel il pouvait s'identifier.
« Il est un joueur phénoménal, et l'un des deux joueurs les plus complets que ce sport a connu, a avancé O'Reilly. Vous pouvez voir à quel point il est concentré, il n'y a aucun moment qui n'est pas important pour lui, que ce soit lorsqu'il prend une mise en jeu, qu'il se replie, qu'il possède la rondelle en zone adverse, ou encore en raison d'intensité à laquelle il joue défensivement. C'est quelqu'un qui mérite tout ce qu'il provoque sur la glace. »
Ce qui inclut le respect et l'admiration.
« Vous savez à quoi vous attendre, chaque soir », a expliqué Crosby, qui a évolué sur un trio avec Bergeron et l'attaquant des Bruins Brad Marchand pour le Canada. « Il possède un sens du jeu incroyable. Il sait exactement où aller, où se positionner sur la glace pour être en soutien au porteur de la rondelle, que ce soit en faisant une toute petite chose pour créer de l'espace ou pour créer une chance de marquer pour lui-même. »
« Peu importe comment le jeu se dessine, il est en mesure de s'ajuster et il fait la bonne chose sur la glace. Il est aussi très responsable défensivement. Il ne triche pas. Il ne va jamais tenter de tricher afin de pouvoir se diriger plus rapidement en zone adverse. Il va jouer de la bonne manière chaque soir et donner tout ce qu'il a. »
Il va néanmoins trouver le moyen de marquer des buts. L'attaquant de 33 ans a connu cinq saisons d'au moins 30 buts au cours de ses 15 campagnes dans la LNH depuis que Boston l'a sélectionné au deuxième tour (45e au total) du repêchage 2003 de la LNH. Bergeron a conclu la présente saison avec un sommet en carrière de 79 points (32 buts, 47 passes) en 65 matchs, surpassant son record précédent de 73 points (31 buts, 42 passes) établi en 2005-06.

Apprendre autant de choses sur la manière dont Bergeron joue a poussé Crosby à changer son approche en vue des matchs contre les Bruins, que ce soit en saison régulière ou en séries éliminatoires, où le dernier duel entre les deux équipes remonte à la finale de l'Association de l'Est, que les Bruins avaient balayée en quatre matchs.
« Il faut simplement se préparer à se battre pour chaque pouce sur la glace, a révélé Crosby. Je crois que c'est la mentalité qu'il faut adopter lorsque vous jouez contre lui. Vous savez qu'il va être parfaitement positionné, alors en tant que joueur qui l'affronte, vous ne pouvez songer à tricher, parce que vous savez qu'il sera pile au bon endroit et qu'il vous le fera payer à l'autre bout. »
Il l'a fait auparavant. Il l'a fait à Crosby, à Tavares, à O'Reilly et à Stamkos, aux Penguins, aux Maple Leafs, aux Blues et au Lightning.
Mais ces joueurs ne l'ont pas simplement vu faire depuis l'autre côté de la patinoire. Ils l'ont vu à titre de compagnons de trio, juste à côté d'eux, en représentant leur pays. Et ils savent ce que Bergeron représentait pour l'équipe nationale du Canada, ce qu'il représente pour les Bruins, et ce qu'il représenterait pour n'importe quelle équipe qui aurait eu l'intelligence, et la chance, de le repêcher.
« Si vous deviez bâtir une équipe à partir de rien et que vous vouliez avoir un modèle à suivre, c'est le type de gars que vous voulez avoir », a conclu Stamkos.