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« À 40 ans, je me sens parfois comme un gars dans une ligue de garage. Mais je veux surtout montrer que malgré mon âge, je peux encore battre des gardiens dans la vingtaine. Je reste toujours aussi compétitif. »

Marc-André Fleury se dirigeait vers le centre d’entraînement du Wild du Minnesota à St. Paul quand il a lancé cette petite phrase en entrevue téléphonique à LNH.com le 22 janvier.

Jeudi, Fleury et le Wild feront un arrêt à Montréal pour y affronter les Canadiens. Fleury obtiendra le départ pour une dernière fois sur la glace du Centre Bell, à moins d’une finale entre le CH et le Wild. Disons que cette probabilité reste très, très minime.

Fleury, le plus vieux joueur de la LNH, jouera donc contre Jakub Dobes (23 ans), jeudi. Il aura donc la chance de battre un gardien dans la vingtaine. Mais au-delà de ce souhait, il désirera surtout partager ce passage à Montréal avec sa famille et ses amis.

« Oui, je veux obtenir le départ à Montréal. J’ai déjà parlé à Fred (Frédéric Chabot), mon entraîneur des gardiens avec le Wild. Je lui ai mentionné que le match à Montréal était important pour moi, a-t-il affirmé. Nous jouerons à Toronto le mercredi et à Montréal le jeudi. Avec deux matchs en deux soirs, je sais que j’ai de bonnes chances de jouer contre les Canadiens. Nous devrions diviser les départs entre Gus (Filip Gustavsson et moi). »

« Je ne cherche pas l’attention et je ne veux pas recevoir un accueil particulier, a-t-il continué. J’aime jouer des matchs sur la route et avoir la foule contre moi. Je sais que les Canadiens jouent du très bon hockey depuis plusieurs semaines et les partisans voudront voir une victoire de leur équipe. C’est normal. Je serai juste content d’avoir la chance de jouer un match de plus à Montréal devant mes amis et ma famille. J’aurai l’occasion de jouer un autre match contre les Canadiens, mon équipe préférée dans mon enfance. »

Un autobus de Sorel

Il y aura plusieurs chandails du Wild dans les gradins du Centre Bell jeudi. Le numéro 29 de Fleury sera visible dans plusieurs sections de l’amphithéâtre.

« Il y aura beaucoup de monde dans les gradins du Centre Bell, encore plus que l’an dernier, a-t-il souligné. Je sais qu’il y aura un autobus qui partira de Sorel. J’aurai plusieurs membres de ma famille et mes amis. Ma femme (Véronique) fera aussi le voyage du Minnesota avec nos trois enfants. Je remercie ma sœur (Marylène) pour la planification avec mon monde de Sorel. »

« Je partagerai ce match avec mes proches. Depuis que je suis jeune, ma famille et mes amis m’ont toujours aidé dans les bons, comme dans les mauvais moments. J’espère que nous jouerons un bon match et que j’aurai un bon départ. Je ne voudrais pas me faire défoncer ! J’aimerais un bon spectacle des deux côtés. »

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À son dernier match à Montréal, Fleury avait signé un gain de 5-2 contre le CH. C’était le 17 octobre 2023. Élu à titre de première étoile, il avait salué la foule qui scandait son nom après la rencontre.

Il voudra bien jongler avec ses émotions cette fois-ci.

« J’ai toujours une crainte de devenir un peu trop émotif, a-t-il répliqué. On dirait qu’en vieillissant, je suis plus sensible et plus mou ! J’ai eu des matchs spéciaux à Montréal à mes derniers départs. L’an dernier, les partisans croyaient qu’ils venaient de me voir pour une dernière fois. J’ai aussi gagné mon 500e match au Centre Bell (9 décembre 2021 avec les Blackhawks). J’avais été vraiment touché et ému pour la gentillesse de la foule. Je recevais une belle dose d’amour. Ça venait me chercher intérieurement.

« Là, je vais arrêter de faire des feintes qu’il s’agit de ma dernière saison ! J’y jouerai mon dernier match à Montréal devant mon petit monde. »

Il y a maintenant moins d’incertitudes dans l’esprit de Fleury. Il sait que l’heure de la retraite sonnera à la fin de la prochaine saison.

« Oui, je suis plus en paix. Je suis plus serein avec ma décision, comparativement à l’an dernier. La saison dernière, j’étais honnête. Je ne savais pas encore lors de mon passage à Montréal si je voulais jouer une autre saison ou pas. Aujourd’hui, je peux dire que je suis plus décidé.

« Nous venons juste de passer le cap de la mi-saison, mais nous nous retrouvons dans une bonne position au classement, a-t-il enchaîné. Il y a des courses dans l’Ouest et dans l’Est. Je veux revivre la frénésie des séries. Il y a toujours plus d’ambiance et c’est plus intense sur la glace. J’espère pouvoir finir ma carrière en participant aux séries et en obtenant une autre chance de me battre pour la Coupe. »

Quand on lui demande s’il a un souhait précis d’ici la fin de l’année, le gardien originaire de Sorel n’hésite pas trop longtemps.

« Je dirais une Coupe Stanley. Ça reste toujours le but. Mais je veux surtout en profiter le plus possible. Je suis chanceux et choyé de jouer encore au hockey. Je le fais encore à mon âge. Je veux m’amuser jusqu’à la toute fin. J’aimerais aussi gagner le plus de matchs possible. »

De bons chiffres, mais plus de rouille

Malgré ses 40 ans, Fleury suit encore le rythme avec un dossier de 10-5-1, une moyenne de 2,60 et un taux d’efficacité de ,912.

« Je suis heureux de ma saison, mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est de voir que l’équipe joue bien, a-t-il affirmé. Nous gagnons plusieurs de nos matchs. Je n’ai jamais été un gardien qui regardait trop ses statistiques personnelles. J’ai toujours eu comme philosophie que la plus grande statistique reste celle des victoires. Je joue moins souvent cette saison. Je veux être un bon gardien numéro deux et je tente d’aider le plus possible Gus. »

Le poids d’une 21e saison dans la LNH se fait toutefois parfois ressentir.

« Je me sens bien lors de mes matchs, j’ai encore de l’énergie et je sens que tout fonctionne normalement, a-t-il expliqué. Mais je trouve parfois l’échauffement un peu plus long qu’avant. Je ne garde pas la même flexibilité et l’amplitude dans mes mouvements. Je dirais aussi que la récupération me demande plus de temps. Je le ressens plus lors des longs voyages et que je dois me coucher vers 3:00 du matin. Quand j’étais plus jeune, j’avais toujours de l’énergie. Je suis aussi un papa aujourd’hui. J’ai trois enfants à la maison. Juste ça, ça gruge de l’énergie. »

Avec trois conquêtes de la Coupe Stanley (les trois avec les Penguins), 571 victoires (deuxième rang de la LNH) et 1042 matchs (troisième rang de la LNH), Fleury a déjà une carrière bien remplie. Mais il ne veut pas s’arrêter là.

« Il y a une statistique qui me resterait à atteindre, a-t-il répliqué. Je voudrais dépasser Roberto Luongo (1044) pour le plus grand nombre de matchs. Techniquement, je devrais y arriver. Je n’ai pas encore marqué un but et je n’ai pas encore été impliqué dans une bagarre ! Pour le but, ce serait génial. Je me suis cassé un doigt au mois de décembre et j’ai encore un peu de douleur. Je passerai mon tour pour la bagarre. »