Avec le recul, Lafleur se souvient d'avoir eu des signes précurseurs. Quand sa résidence en banlieue de Montréal a été menacée par les inondations au mois d'avril dernier, il a ressenti des brûlements à la poitrine pendant qu'il portait des sacs de sable. Il se souvient aussi d'avoir eu des moments où il avait le souffle court.
« J'ai pensé que j'avais peut-être perdu la forme », a-t-il lancé en haussant les épaules.
Reconnu comme quelqu'un de très actif, toujours à la course, Lafleur s'est rendu à l'hôpital - et n'a même pas duré trois minutes sur le tapis roulant.
« Benoît m'a dit, "Appelle ta femme. Tu ne sors pas d'ici." »
Lafleur venait de revenir à Montréal après un voyage au Labrador, étant monté à bord de son hélicoptère davantage pour admirer les paysages que pour pêcher le saumon ou l'omble chevalier, comme bien des gens le font dans cette région du Canada.
« Si c'était arrivé pendant que j'étais là-haut, au milieu de nulle part, a souligné Lafleur, je serais mort. »
Il a eu son congé de l'hôpital trois semaines après son pontage, et il a dû se préparer mentalement et psychologiquement à subir l'opération au poumon qui allait suivre dès qu'il en aurait la force, un minimum de deux mois. Les spécialistes ont choisi de ne pas faire de biopsie, décidant plutôt d'enlever le lobe supérieur de son poumon droit.
Lafleur a dû attendre six semaines avant de connaître les résultats des tests sur les tumeurs. Il a eu besoin d'un mois avant de pouvoir manger normalement; il est passé d'un poids de 235 à 195 livres. Il est maintenant revenu à 210 livres, poids qu'il veut maintenir.
« Ils m'ont appelé après six semaines et ils m'ont dit, "Tu n'as pas besoin de chimio ou de radiothérapie. Tout est beau." J'étais content d'entendre ça. »
Lafleur, un fumeur à la chaîne toute sa vie, a fumé sa dernière cigarette le 23 septembre.
« Ça y est, c'est fini, a-t-il dit. Ça ne me manque pas. La vie est trop courte. »
Les souhaits de prompt rétablissement ont défilé pendant ses deux périodes de récupération, alors qu'il a notamment reçu les bons mots de gens qui ont connu des vies bien remplies après avoir subi des opérations semblables.
« C'est incroyable, le soutien que j'ai reçu. Ça m'a tellement encouragé, je ne pourrais jamais les remercier assez, a dit Lafleur. Il y en a tellement qui m'ont dit, "Inquiète-toi pas, ça va bien aller, vas-y une journée à la fois." »
Lafleur s'est rendu à Toronto, samedi, pour signer des cartes, puis il est retourné au Centre Bell lundi, à l'occasion de la première journée de son retour au travail, impatient de recommencer à vivre sa vie, qu'il m'a jamais autant savourée. Il dit qu'il va maintenant y aller à un rythme plus lent, et il s'excuse de parler en phrases plus courtes; il a le souffle un peu plus court qu'avant.
Lafleur est probablement venu à quelques centimètres de la mort en 1981 quand il s'est endormi au volant de sa voiture à haute vitesse et a frappé une clôture en maillon de chaîne. Un poteau en acier a alors percé son pare-brise et frôlé son oreille, sa tête ayant penché sur le côté pendant qu'il somnolait.
Il se souvient de cet épisode, et aussi des deux opérations qu'il vient de subir, et il sourit à nouveau.
« Mon épouse, Lise, m'a dit il n'y a pas longtemps, "C'est la deuxième fois que tu es venu si proche de la mort. S'il te plaît, on n'a pas besoin d'une troisième fois." »
Photo gracieuseté de Vitor Munhoz, Canadiens de Montréal