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MONTRÉAL- Nul doute, Jesperi Kotkaniemi a disputé son meilleur match du calendrier préparatoire face aux Sénateurs, samedi.
Le premier choix des Canadiens de Montréal au dernier repêchage, troisième au total, aurait pu finir la soirée avec un tour du chapeau si les poteaux avaient été légèrement plus espacés. Flanqué de Jonathan Drouin et de Joel Armia sur le premier trio, il a démontré ses qualités de passeur et son flair pour les endroits dangereux.

Sa progression depuis son premier match au tournoi des recrues est impressionnante : le jour et la nuit. Le Finlandais s'améliore de jour en jour et s'adapte lentement mais sûrement au style de jeu, et surtout aux patinoires de petite dimension.
Tout cela est très encourageant et les amateurs montréalais devraient s'en réjouir. Vraiment. Mais est-ce que ces bonnes prestations viennent justifier le fait de lancer le plan par-dessus bord après seulement quelques matchs préparatoires?
Pas tellement. Une bonne grande respiration serait de mise.
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Depuis qu'ils l'ont repêché au mois de juin, Marc Bergevin, Trevor Timmins, Claude Julien et Joël Bouchard ont tous martelé - avec raison - qu'il faudrait être patient avec le nouveau joyau de l'organisation parce que la position de centre est la plus difficile à occuper dans la LNH.
Kotkaniemi a eu 18 ans, il y a à peine deux mois. Il en est à ses premiers pas en Amérique du Nord. Il ne fait qu'amorcer le processus d'apprentissage qui lui permettra d'occuper le centre d'un des deux premiers trios des Canadiens d'ici quelques années.
Ce n'est pas le moment de le mettre dans une position difficile dès le premier match de la saison régulière alors que les attentes envers lui sont de plus en plus grandes. Certains proposent déjà de mettre fin à l'expérience de Max Domi au centre du premier trio pour céder la place à Kotkaniemi.
On brûle quelques étapes, ici.
Ce n'est rien contre Colin White, Gabriel Gagné et Adam Tambellini - le trio des Sénateurs d'Ottawa généralement employé contre celui du Finlandais, samedi - mais on est loin des combinaisons qu'affrontera le CH dans la première portion du calendrier régulier.
Au cours des quatre premiers matchs de la saison, le Tricolore fera face à ces duos de centres : Auston Matthews/John Tavares, Sidney Crosby/Evgeni Malkin (deux fois) et Anze Kopitar/Jeff Carter.
Veut-on vraiment jeter Kotkaniemi dans la gueule du loup? Si c'est le cas, c'est le bon moment. Ça ne semble heureusement pas être l'intention de Julien, qui a modifié ses trios pas plus tard que mercredi pour éviter de mettre le jeune Nick Suzuki dans une mauvaise posture face aux Panthers.

NJD@MTL: Kotkaniemi fait mouche à ses débuts

« Ce soir, on a fait face à un club expérimenté; (Aleksander) Barkov et (Vincent) Trocheck étaient les deux premiers centres, avait-il justifié. J'ai dû faire un changement parce que c'est assez évident, à mes yeux, que ç'aurait été beaucoup trop pour (Nick), alors j'ai fait le changement avec (Matthew) Peca. »
Il serait surprenant que son raisonnement soit différent pour le meilleur espoir de l'équipe, qui est scruté à la loupe au point où les matchs préparatoires qu'il a disputés dans la Liiga, en Finlande, avant de se présenter au camp des Canadiens, ont été décortiqués de long en large sur les réseaux sociaux.
Patience, patience
Le dicton le dit : tout vient à point à qui sait attendre. Le temps est un allié souvent sous-estimé à une époque où les meilleurs espoirs font rapidement le saut dans la LNH.
Quand on regarde la liste des compatriotes de Kotkaniemi qui ont été repêchés alors qu'ils jouaient toujours en Finlande, on se rend vite compte que rares sont ceux qui sont passés directement dans la LNH avec succès.
N'est pas Patrik Laine qui veut - il a récolté 36 buts et 28 aides en 73 rencontres dès son arrivée avec les Jets. Même Aleksander Barkov n'a pas connu des débuts fracassants avec les Panthers (huit buts, 16 aides en 54 matchs).
Mikael Granlund (no 9 - 2010) a disputé deux autres saisons en Finlande avant de faire la navette entre la Ligue américaine et le Wild à sa première saison en Amérique du Nord. Mikko Rantanen (no 10 - 2015) a joué neuf matchs avec l'Avalanche avant de s'aligner avec le club-école pour le reste de sa première campagne. Même chose pour Jesse Puljujarvi (no 4 - 2016), qui a été limité à un but et sept aides en 28 matchs avec les Oilers avant d'être rétrogradé dans la Ligue américaine après les Fêtes.
Plus près de chez nous, Pierre-Luc Dubois (no 3 - 2016) et Jonathan Drouin (no 3 - 2013) sont tous les deux retournés dans la LHJMQ pour une saison avant de jouer dans la LNH, même s'ils étaient manifestement habitués aux rudiments du hockey nord-américain. Personne ne peut dire aujourd'hui qu'il s'agissait de mauvaises décisions.
Alors, ne mettons pas la charrue devant les boeufs dans le cas de Kotkaniemi. Que ce soit à Laval ou en Finlande, il bénéficiera grandement d'une ou deux autres saisons de développement à l'écart des projecteurs de la grande ville.
Et dans quelques années, ce sera beau de le voir rivaliser avec Ryan Poehling, Nick Suzuki, Max Domi, Phillip Danault et Matthew Peca pour l'un des quatre postes disponibles au centre.