L'harmonie est revenue chez les Blues grâce à Berube
L'entraîneur a mis les joueurs au défi et modifié l'approche tactique à son arrivée à la barre en novembre
par Dan Rosen @drosennhl / Journaliste principal NHL.com
Au début, les réunions n'avaient rien d'agréable.
Les Blues de St. Louis occupaient le 30e rang dans la LNH, en vertu d'une fiche de 7-9-3, quand Craig Berube est arrivé en poste comme entraîneur, le 19 novembre, après qu'on eut remercié Mike Yeo.
Berube, qui agissait comme adjoint sous les ordres de Yeo, a dû prendre les choses en mains rapidement.
« Le plus important, ç'a été d'amener ces gars-là à jouer et à travailler l'un pour l'autre, parce que ce n'est pas ça qui se passait, a déclaré Berube. Ils ne faisaient que jouer et ça, ça ne suffit pas. »
Les résultats obtenus depuis ce temps ont plus que suffi.
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Les Blues amorceront les séries éliminatoires de la Coupe Stanley contre les Jets de Winnipeg, mercredi (20h HE ; TVA Sports, SN, NHLN), dans le cadre de leur série du premier tour dans l'Association de l'Ouest.
Le 2 janvier, St. Louis se trouvait au dernier rang dans la LNH avec 34 points en 37 matchs. L'équipe affichait alors un dossier de 15-18-4. Du 3 janvier jusqu'à la fin du calendrier régulier, les Blues ont récolté le plus de points dans la LNH (65 ; le Lightning de Tampa Bay en a amassé 64 en trois matchs de moins), alors qu'ils ont enregistré un dossier de 30-10-5 à leurs 45 dernières rencontres.
Lorsqu'il a pris l'équipe en mains, Berube a invité ses joueurs à passer par son bureau, un par un, et il n'a pas mâché ses mots. Le ton qu'il a emprunté était dur, et les séances vidéo individuelles étaient difficiles, parce que la majorité de la discussion portait sur ce que ce joueur en particulier ne faisait pas pour aider les Blues.
« Pour arriver à ce que les choses fonctionnent comme tu le voudrais, il faut parfois que les réunions soient dures, il faut dire la vérité, a souligné Berube. Nous leur avons simplement montré de la vidéo en leur disant la vérité. Ce ne sont pas des moments agréables, mais vous savez quoi, il faut passer par là parce que si tu ne le fais pas, rien ne va changer. »
« Et j'ai eu des rencontres qui ont été brusques un peu, en raison de la façon dont je mets les gens au défi. Je me suis fâché à quelques reprises, vraiment fâché et j'ai essayé de faire en sorte que le message soit entendu. »
Et Berube n'a pas protégé qui que ce soit publiquement.
« Dans le cadre de notre travail en tant que diffuseurs, nous lui demandions souvent, 'C'est vraiment le message que tu veux transmettre', ou encore, 'C'est correct si on le dit ?', a raconté l'analyste des matchs des Blues et l'ancien gardien de la LNH Darren Pang. Il répondait, 'Eh bien, c'est ce que j'ai dit au joueur. J'ai dit au joueur qu'il doit être meilleur. Si tu veux jouer, alors joue mieux'. »
Le message a fini par passer.
« Il nous a aidés à retrouver cette mentalité qui veut qu'il faut juste commencer à travailler, et ensuite le reste viendra, a noté le joueur de centre Ryan O'Reilly. On pouvait voir tout de suite de quelle façon les choses avaient changé. Nous avons commencé à trouver une identité et nous sommes devenus plus à l'aise les uns avec les autres. Nous avons recommencé à être une équipe qu'il était difficile d'affronter, qui était solide sur la rondelle. Notre jeu a commencé à se déployer, nous avons commencé à avoir plus de succès et il y a une chimie qui s'est développée. »
Video: PHI@STL: O'Reilly complète le tic-tac-toe en A.N.
Que les Blues aient trébuché en début de saison n'était pas nécessairement surprenant en raison du roulement qu'il y avait eu au sein de la formation par rapport à la saison précédente.
Ils ont fait l'acquisition de O'Reilly dans le cadre d'une transaction avec les Sabres de Buffalo. Ils ont embauché les joueurs autonomes Tyler Bozak, David Perron et Patrick Maroon, tous des attaquants. Les attaquants recrues Robert Thomas et Zach Sanford ont tous deux montré qu'ils étaient prêts à occuper un poste à temps plein.
Ces ajouts et ces promotions voulaient dire que le rôle et le temps de glace de certains vétérans attaquants des Blues allaient changer. Leurs attaquants les plus productifs offensivement ont tous vu leur temps de glace moyen décliner cette saison. Brayden Schenn est passé de 19:44 à 18:35; Vladimir Tarasenko, de 19:03 à 18:24; Jaden Schwartz, de 19:24 à 18:08; et Alexander Steen, de 18:42 à 15:50.
« Tout le monde veut être jumelé à de meilleurs joueurs, mais c'est difficile de céder certaines des choses que tu avais avant, a fait remarquer le DG des Blues Doug Armstrong. Tout le monde a eu besoin de temps pour retrouver ses repères et pour accepter aussi que pour faire partie de quelque chose de bien, il faut participer à quelque chose de plus grand que soi. Tout le monde a dû y mettre un peu du sien. »
Berube les a amenés à en donner un peu plus en les poussant à donner davantage, en étant plus direct, et en donnant ses compliments aussi souvent qu'il leur donnait des directives.
C'était, à bien des égards, l'équilibre parfait entre la carotte et le bâton pour une équipe comme les Blues, qui comptent 12 joueurs qui ont au moins 449 matchs d'expérience dans la LNH.
« Quand tu es un vétéran, tu veux juste qu'on te dise les choses comme elles sont, a indiqué le capitaine des Blues Alex Pietrangelo, qui a pris part à 688 rencontres, toutes avec St. Louis. Parfois, c'est difficile à prendre, mais c'est mieux que d'essayer de décoder des messages subliminaux. Il est direct. Il va droit au but. Il te dit ce que tu as besoin de savoir et ce que tu veux savoir, et je pense que ç'a fait de nous une meilleure équipe. Il ne va pas par quatre chemins. »
Video: EDM@STL: Pietrangelo bat Koskinen du revers
Berube voulait que les Blues soient plus combatifs et qu'ils aient la rondelle plus souvent. Au moment où il a pris l'équipe en mains, celle-ci occupait le 28e rang pour les tirs au but (577) ainsi que la 24e place pour le pourcentage de tentatives de tir à armes égales (47,43) et les buts marqués (56).
« C'est un aspect du jeu qui est assez simple, mais l'équipe n'était pas très bonne en terme de combativité et de batailles le long des bandes, a noté Pang. [Berube] a disputé plus de 1000 matchs dans la LNH à l'aile gauche, alors il a dû remporter pas mal de batailles le long des rampes. S'il perdait un duel le long de la bande, il en entendait parler, on lui rappelait qu'il fallait absolument avoir le dessus dans cet aspect du jeu. »
Les Blues ont par ailleurs modifié leur façon d'attaquer.
« Ils étaient une équipe qui reculait en zone neutre et ils sont passés à une structure 1-2-2 plutôt combative en zone neutre, ce qui encourageait vraiment les défenseurs à défendre la ligne bleue, à se tenir debout, à être plus combatifs, a indiqué Pang. Ce changement-là a aussi donné lieu à un meilleur mécanisme de défense. »
Offensivement, Berube a incité ses défenseurs à s'avancer davantage, d'avoir confiance que les attaquants reviendront couvrir l'espace qu'ils auront laissé libre.
St. Louis a mené la LNH au chapitre des buts marqués par les défenseurs (46) même si aucun d'entre eux n'en a inscrit plus que 13 (Pietrangelo). Pour la période du 3 janvier à la fin de la saison, les Blues ont occupé le deuxième rang pour les tirs (1479 ; les Maple Leafs de Toronto en ont décoché 1501 en deux matchs de moins), et la septième place au chapitre du pourcentage de tentatives de tir à armes égales (53,14).
Video: STL@NJD: Dunn compte en fin de prolongation
« Nous occupons davantage la zone offensive qu'avant, a noté Pietrangelo. Nous utilisons les gars qui sont placés à la pointe. Nous jouons plus que jamais en unité de cinq et c'est pourquoi nous provoquons davantage de chose offensivement, surtout nous, les défenseurs. »
Évidemment, il ne faut pas oublier non plus que la poussée des Blues en deuxième moitié de saison a coïncidé avec l'apparition du gardien Jordan Binnington, qui s'est forgé une place parmi les candidats pour le trophée Calder, décerné à la recrue de l'année dans la LNH.
Binnington, qui a obtenu son premier départ le 7 janvier, a montré une fiche de 24-5-1 avec une moyenne de buts alloués de 1,89 et un taux d'arrêts de ,927 en 32 matchs (30 départs).
« Quand c'est solide devant le filet, les erreurs ne sont pas amplifiées à chaque fois », a noté Armstrong.
Sauf qu'il est tout aussi vrai que les Blues ne commettaient pas autant d'erreurs au moment où Binnington s'est amené parce que le message de Berube avait été compris. Ils ont affiché un dossier de 6-4-1 du 3 au 21 janvier avant de connaître une série de 11 victoires. Ils ont complété la campagne en décrochant neuf victoires à leurs 12 dernières sorties (9-1-2).
« Parfois, tu as besoin que quelqu'un te dise que tu n'es pas assez bon, que tu es en dernière place et que cette équipe ne devrait pas être en dernière place, alors il faut commencer à mieux jouer, a souligné Pietrangelo. Il a fait de l'excellent travail. »