TORONTO – Les Maple Leafs prétendent vouloir ignorer leur récent historique en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, aussi futile que ce soit dans la marmite bouillante qu’est Toronto.
À 400 kilomètres au nord-est, Claude Giroux tente d’aider les Sénateurs d’Ottawa à marquer l’histoire en comblant un retard de 3-0 dans une série, un exploit que l’attaquant a réalisé avec les Flyers de Philadelphie en 2010.
À l’approche du match no 6 de la première ronde entre les deux équipes au Centre Canadian Tire jeudi (19 h HE; TVAS, CBC, SN, TBS, MAX), la bataille de l’Ontario est devenue l’histoire de deux villes. À Toronto, la paranoïa. À Ottawa, l'optimisme.
Et les Maple Leafs n’ont qu’eux à blâmer.
Après avoir gagné les trois premiers matchs, ils ont perdu deux rencontres consécutives, incluant une défaite de 4-0 à domicile dans le match no 5 mardi, quand chaque membre du premier trio – Auston Matthews, Mitch Marner et Matthew Knies – a terminé avec un différentiel de -4.
La défaite signifie que les Maple Leafs ont maintenant un dossier de 1-12 dans les matchs où ils peuvent éliminer un adversaire depuis que Matthews, Marner, William Nylander et John Tavares ont commencé à jouer ensemble en 2018. Tavares a toutefois raté trois de ces rencontres en raison d’une blessure.
Craig Berube, qui en est à sa première saison derrière le banc des Maple Leafs, est bien au fait de cette statistique, tout comme les partisans de l’équipe. En même temps, il souhaite que ses troupiers regardent vers l’avant au lieu de se laisser emporter par l’inquiétude qui gagne la ville de Toronto. Partout, on rappelle que l’équipe n’a remporté qu’une seule série lors des 21 dernières années.
« En séries, tu atteins un point où il y a plus de bruit », a dit Berube, mercredi. « J’entends beaucoup de choses en lien avec le passé ici. C’est correct. Ça fait partie du hockey ici.
« Selon moi, la seule pression qu’ils ont provient de leurs propres coéquipiers. »
Au même moment, les critiques se font de plus en plus fortes envers ceux qu’on considère comme le noyau des Maple Leafs : Matthews, Tavares, Marner et Nylander.
« C’est la responsabilité de tout le monde au sein de l’équipe, a ajouté Berube. Et je comprends. Ici, on n’en a que pour ce noyau de quatre joueurs. Mais nous sommes une équipe. C’est la responsabilité de tout le monde dans l’équipe, pas seulement de quatre joueurs. »
Cela dit, Berube a prévenu qu’il aura besoin d’une plus grande contribution de son premier trio.
« Il n’y a pas juste le jeu défensif, a-t-il renchéri. Il y a l’échec avant. Tu en as besoin pour créer des occasions. Tu dois te rendre au cœur de l’enclave et te défoncer. Ça crée des revirements et du chaos chez l’autre équipe. Nous pouvons être meilleurs dans cet aspect. »
Questionné sur les huées que les Maple Leafs ont entendues de la part de leurs partisans à quelques reprises, Berube a haussé les épaules : « Ce sont des partisans. Ils ont payé cher pour assister au match. J’ai vu ça partout où je suis passé. Ce n’est pas différent ici. C’est la même chose partout. »
Pourquoi le Scotiabank Arena était-il si calme mardi, quand il n’y avait pas de huées? Parce que les partisans des Maple Leafs ont joué dans ce film encore et encore. Ils connaissent le scénario : l’équipe s’effondre en séries dans les moments les plus importants. L’ambiance risque d’ailleurs d'être beaucoup plus survoltée à Ottawa pour le match no 6, le capitaine des Sénateurs Brady Tkachuk s’attendant même à « de la pure folie. »
Pourquoi pas? Les Sénateurs aimeraient devenir la cinquième équipe de l’histoire de la LNH à remporter une série après avoir tiré de l’arrière 3-0, après les Maple Leafs de 1942 contre les Red Wings de Detroit, les Islanders de 1975 contre les Penguins de Pittsburgh, les Flyers de 2010 contre les Bruins de Boston et les Kings de Los Angeles de 2014 contre les Sharks de San Jose.
« Nous avons gagné les deux derniers matchs, donc le momentum est certainement de notre côté, a affirmé Giroux. Mais au final, nous retournons à la maison pour le match no 6 et nous tirons de l’arrière 3-2, donc nous devons trouver une façon d’être à notre mieux. »
Quand on lui a demandé si les Sénateurs ont fait germer le doute dans l’esprit des joueurs torontois, il a répliqué : « Peut-être. Nous avons signé deux victoires consécutives, donc nous jouons du bon hockey en ce moment. Nous trouvons des façons de marquer plus de buts qu’eux. Qu’il y ait des doutes ou pas ne change rien.
« Quand la rondelle va tomber demain, le score sera 0-0. Nous devrons trouver une façon de gagner. »
Si ce scénario devait se produire, les Sénateurs et leur ville seraient sur un nuage.
Les Maple Leafs et Toronto, eux, toucheraient le fond du baril.
*Avec la contribution du correspondant indépendant NHL.com Callum Fraser.