Iginla badge Duhamel

RIMOUSKI – Jarome Iginla n’a aucun lien avec le Bas-Saint-Laurent, et pourtant, c’est la tête remplie de souvenirs qu’il est entré au Colisée Financière Sun Life, théâtre de la Coupe Memorial 2025, samedi.

Jarome et sa fille Jade Iginla devaient se rendre à Rimouski pour mener un entraînement avec une équipe féminine M11 de l’Île-du-Prince-Édouard dans le cadre du concours « Entraîne-toi avec un pro » dimanche matin. Ils en ont profité pour assister au match opposant les Knights de London aux Wildcats de Moncton la veille. Il y a 30 ans, Jarome était à la place des joueurs de ces deux formations, tentant de s’emparer des plus grands honneurs de la Ligue canadienne de hockey (LCH) alors qu’il évoluait avec les Blazers de Kamloops.

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« Ça m’a rappelé des souvenirs, bien sûr, a-t-il affirmé d’emblée. Nous avions également disputé et remporté la Coupe Memorial l’année d’avant, à Laval. C’est bien de triompher dans sa ligue, mais après, tu prends l’avion et tu vois les équipes d’ailleurs au pays, des équipes dont tu pouvais seulement voir les exploits à la télévision à l’époque. C’est intense, mais incroyable. On a été chanceux de repartir avec le trophée, mais surtout avec de fortes amitiés qui existent encore à ce jour. »

La Coupe Memorial de 1994, à Laval, représentait le premier de deux tournois d’affilée remportés par les Blazers. Iginla avait 16 ans à l’époque et n’occupait qu’un rôle de soutien dans cette équipe comptant notamment sur les anciens de la LNH Darcy Tucker et Shane Doan, puis l’actuel entraîneur-chef des Flames de Calgary, Ryan Huska. Ce n’est que l’année suivante, en 1995, qu’Iginla allait montrer des bribes du légendaire attaquant qu’il allait devenir.

À seulement 17 ans, il a marqué quatre buts en autant de matchs de Coupe Memorial, un sommet chez les Blazers dans leur deuxième triomphe. Pour un joueur en pleine année de repêchage, il s’agissait de la cerise sur le gâteau. Quelque six semaines plus tard, il est devenu le 11e choix au total du repêchage de la LNH par les Stars de Dallas.

On connaît la carrière qu’a connue Iginla dans la Ligue par la suite : six trophées, 1300 points, neuf saisons à occuper les fonctions de capitaine chez les Flames, une place au Temple de la renommée du hockey. Une grande partie du joueur professionnel qu’il est devenu, dit-il, est due à ses années juniors et à l’entraîneur Don Hay, qui l’a dirigé à Kamloops, mais aussi à Calgary en 2000-01.

« En grandissant, tu joues contre des gens de ton âge ou d’un an de plus, mais en arrivant dans le junior à 16 ans, tu affrontes des joueurs qui en ont 20 et qui ont une barbe. L’intensité monte d’un cran, et Don m’a aidé à trouver mes repères et un équilibre dans mon jeu.

« Quand je suis arrivé à Kamloops, j’étais un joueur qui avait toujours utilisé la finesse et les habiletés, et Don m’a aidé à devenir un attaquant de puissance, à être plus robuste et à aller dans les coins de patinoire.

« Ce fut une bonne préparation à ce qui m’attendait chez les pros. »

Rattrapé par le temps… pour le mieux

Iginla est aujourd’hui âgé de 47 ans. Ses trois enfants, Jade (20 ans), Tij (18) et Joe (16), sont chacun parmi les meilleurs hockeyeurs de leur âge en Amérique du Nord.

Malheureusement pour lui, le paternel ne peut plus contrôler l’issue de leurs matchs amicaux.

« Joe est le plus jeune, donc à l’époque, j’étais jumelé avec Joe et on affrontait Jade et Tij. Pendant des années, j’avais le contrôle sur l’équipe gagnante. Un jour, je disais ‘’Ah non, Joe, on a perdu!’’, et l’autre, je me mettais en marche et nous gagnions.

« En grandissant, Joe s’est mis à être plus compétitif et à vouloir gagner, mais je n’ai plus le contrôle là-dessus. […] Quand ma femme me demande pourquoi nous perdons, j’utilise ma douleur à la hanche comme excuse! »

Jade vient de clore sa troisième saison au sein de l’équipe féminine de l’Université Brown, Joe, sa première chez les Oil Kings d’Edmonton (WHL) et Tij, sa deuxième chez les Rockets de Kelowna (WHL), équipe hôtesse de la Coupe Memorial en 2026. Tij a été repêché au sixième rang par le Mammoth de l'Utah en 2024, mais s’il demeure au niveau junior l’an prochain, il devrait participer au championnat national.

Une élimination crève-coeur

En plus de son chapeau de père, Jarome Iginla porte celui de conseiller spécial au directeur général des Flames, Craig Conroy. Il était aux premières loges de la fin de saison crève-cœur de l’équipe, qui a raté les séries au bris d’égalité (Flames : 41-27-14—96, Blues de St. Louis : 44-30-8—96).

« Ce fut difficile pour nous d’être si proches sans y arriver. […] L’équipe a si bien joué dans ses 10 derniers matchs (7-1-2), mais on ne pouvait pas contrôler le fait que les Blues allaient en remporter 12 de suite. »

Au-delà de cette vive déception, Iginla envisage l’avenir des Flames avec optimisme. Lorsqu’on lui a demandé ses principales observations du noyau actuel, il a d’abord et avant tout vanté ses gardiens de but.

« On a de bons et jeunes gardiens en [Dustin] Wolf et [Dan] Vladar, a-t-il dit. Wolf mérite sa nomination au titre de recrue de l’année (trophée Calder).

« Craig [Conroy] a effectué du bon travail pour aller chercher de jeunes joueurs pour notre personnel d’entraîneurs, a-t-il conclu. On voulait se rajeunir tout en restant compétitifs. Donc, on va continuer d’amener un mélange de vétérans et de jeunes pour devenir de plus en plus compétitifs avec l’objectif ultime de gagner. »