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MONTRÉAL – Jakub Dobes n’allait assurément pas prendre tout le mérite pour cette victoire chèrement acquise des Canadiens de Montréal face aux Rangers de New York.

Sans les deux arrêts du gardien recrue en prolongation, il est certain que le Tricolore n’encaissait pas le point supplémentaire. Mais sans la résilience de ses coéquipiers, qui ont comblé quatre retards d’un but pour forcer la tenue de la prolongation, le portier ne récoltait pas une cinquième victoire en autant de départs.

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« Vous ne pouvez pas m’attribuer cette victoire », a rigolé le jeune homme de 23 ans. « Vous ne pouvez pas! Oui, j’ai fait deux arrêts en prolongation. Je peux accepter un peu de mérite, mais les gars ont joué de façon incroyable devant moi. Ce n’est pas grâce à moi, ce sont les gars.

« Tout le monde a des yeux. Ce n’était pas mon meilleur match, mais les gars ont bataillé. Ils ont toujours trouvé le moyen de revenir dans le match et je suis très fier de l’équipe. »

Ça n’a pas été facile, on en convient. Depuis son rappel avec le grand club, Dobes nous avait habitués à des prestations spectaculaires et à un aplomb surprenant devant sa cage.

Contre les Rangers, à son tout premier match au Centre Bell, ça n’a pas été le cas. Le portier tchèque a paru chancelant et s’est fait sauver par ses poteaux à quelques reprises. Il a cédé quatre fois sur 24 tirs en temps réglementaire. Mais il a tout fait oublier en l’espace de 10 secondes en prolongation.

Il a d’abord frustré Vincent Trocheck de la mitaine alors que ce dernier s’est retrouvé fin seul devant lui, puis il a réussi un déplacement parfait pour repousser le tir sur réception d’Artemi Panarin sur la même séquence. La foule s’est levée d’un trait, applaudissant à tout rompre et entonnant des « Dobes! Dobes! Dobes! ».

Quarante-cinq secondes plus tard, Patrik Laine déjouait Jonathan Quick à l’autre bout. Le toit de l’amphithéâtre s’est probablement soulevé alors que la moitié de l’équipe est allée rejoindre le grand Finlandais. L’autre moitié s’est dirigée vers Dobes – un beau geste de reconnaissance.

« Ces gens sont débiles, c’est la meilleure foule devant laquelle j’ai joué », a-t-il lancé avec des étoiles dans les yeux. « Ils me donnent des frissons. Je ne voulais pas regarder autour pour ne pas perdre ma concentration. Je suis très heureux. Je suis content de faire partie de cette aventure.

« C’est le meilleur endroit où jouer, et c’est un privilège tous les soirs. »

Une victoire pour papa

Il y avait donc peut-être un peu plus de nervosité qu’à ses quatre premiers départs, tous disputés à l’étranger. Ç’a paru par moments, mais Dobes s’est bien battu – à l’instar des siens. Il pourra maintenant célébrer avec son père, présent au match, qu’il n’a pas vu en près d’un an et demi.

« Je voulais tellement bien faire, mais tout n’allait pas comme je l’aurais souhaité, a-t-il plaidé. Ç’a été une bataille, assurément. Le hamster se faisait aller là-haut, mais on a réussi à terminer le travail. Je vais pouvoir célébrer avec mon père, qui a eu une grande influence sur mon parcours. »

C’est pas mal tout ce qui compte. Dans une course aussi effrénée pour une place en séries, le Tricolore ne peut pas en demander bien plus de la part du jeune homme. Il aide l’équipe à récolter les points chaque fois qu’il est devant le filet et il semble animé d’une grande volonté de connaître du succès.

Et la belle naïveté qu’il affiche est rafraîchissante dans le vestiaire.

« Je joue dans la LNH », a-t-il conclu, comme pour se convaincre. « Je vais connaître de bons matchs, je vais jouer de mauvais matchs et je vais en connaître des moyens. Le hockey n’est pas parfait et il te ramène sur terre, parfois. Tu ne peux pas toujours connaître du succès. C’est impossible. Il faut tourner la page.

« C’est incroyable ce qui se passe. C’est un rêve devenu réalité. Je suis tellement content d’être ici. C’est que de la nouveauté pour moi. Tous les jours, je me crée des souvenirs qui dureront pour la vie. »