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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au Repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 31 filets de la Ligue.
Tous les signes pointent vers une passation des pouvoirs devant le filet des Kings de Los Angeles, mais il faudra faire preuve de patience avant de crier : « Le roi est mort, vive le roi! ».

Certes, les prestations convaincantes du jeune Cal Petersen et le fait que l'entraîneur Todd McLellan vient de lui confier les trois derniers départs laissent croire que le règne de Jonathan Quick comme gardien no 1 tire à sa fin. Reste que la situation doit être gérée avec beaucoup de doigté.
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D'une part, parce que l'organisation doit faire preuve de respect envers Quick, qui lui a permis de décrocher deux fois la Coupe Stanley et qui a toujours deux saisons à écouler à son contrat. D'autre part, parce que les Kings sont en reconstruction et que Petersen ne peut être jeté aux loups à répétition sans qu'on risque de miner sa confiance.
La formation californienne doit donc marcher en équilibre sur un fil bien mince, et trouver l'équilibre entre la gestion de ses vétérans et le temps de jeu accordé à ses jeunes espoirs. C'est le lot de toutes les équipes qui entament le long et ardu processus de reconstruction.
Le rendement de Petersen (2,49 - ,926) combiné aux difficultés de Quick (4,05 - ,867) ne laisse pas le choix à l'entraîneur; il fera confiance à celui qui lui donne le plus de chances de gagner. Et c'est très sain pour l'organisation d'avoir sous la main un jeune de 26 ans prêt à prendre la relève au moment où son vétéran de 35 ans commence à ralentir. Si ce n'était pas le cas, ce serait plutôt inquiétant.
Je trouve que le timing est intéressant et que tout tombe en place au bon moment. Maintenant que c'est dit, il faudra faire preuve de prudence avant de céder complètement les rennes à Petersen; il ne faut jamais sous-estimer l'impact d'un bon vétéran.
C'est d'ailleurs pourquoi je ne suis pas du tout surpris de voir McLellan éviter toutes les questions visant à savoir si Petersen a désormais une longueur d'avance sur Quick. Il ne veut pas froisser son vétéran et il joue la carte de la prudence. Le reste dépendra du cheminement personnel de Quick.
J'ai beaucoup lu sur la reconstruction des Kings et les choses semblent être faites dans les règles de l'art. Le directeur général Rob Blake s'est entretenu avec les vétérans du club comme Anze Kopitar, Dustin Brown, Drew Doughty et Quick pour leur exposer son plan et savoir s'ils voulaient faire partie de l'aventure.
Il serait difficile de savoir ce que le portier d'expérience a en tête, mais s'il juge qu'il peut encore occuper le poste de no 1 ailleurs, il a mérité le droit d'en discuter avec la direction. Il est cependant assez clair que le scénario idéal pour les Kings serait que Petersen et Quick forment un duo pour les prochaines années.
Le jeune n'éprouve pas beaucoup d'ennuis pour l'instant, c'est vrai. Tout n'ira toutefois pas toujours comme sur des roulettes - surtout dans un contexte de reconstruction - et c'est là qu'il sera important de compter sur une bonne police d'assurance comme Quick.

C'est bien pour un jeune de voir beaucoup de caoutchouc dans une saison, mais il s'agit d'un couteau à double tranchant. Il y a plein d'histoires de gardiens qui ont été brûlés à leurs débuts parce qu'ils ont complètement perdu confiance en leurs moyens derrière une défensive poreuse. C'est un jeu dangereux, et comme organisation, tu dois t'assurer d'avoir les moyens de protéger ton poulain quand c'est le temps - comme on le ferait avec un jeune défenseur ou un jeune attaquant.
Avec Quick dans les parages, les Kings éviteraient ainsi d'avoir à envoyer Petersen à l'abattoir soir après soir, si l'équipe connaît une séquence difficile. Ils seraient capables de tester la température de l'eau et de juger de son niveau de confiance selon ses performances. La gestion de l'exposition est la clé dans tout ça.
Vent de fraîcheur
Pour le reste, la troupe de McLellan risque de ne pas être trop dépaysée, peu importe le gardien qui se trouvera devant le filet. C'est qu'il y a beaucoup de similitudes entre le style de Petersen et celui de Quick.
Le jeune Américain est très athlétique, il possède une bonne vision du jeu et il est très réactif dans sa manière de jouer. Comme son compatriote, il n'a pas peur de sortir de sa technique pour réussir des arrêts non conventionnels. Quand je le vois faire des arrêts sur des jeux transversaux, je me dis souvent que j'aurais besoin d'un fauteuil roulant pour me relever! Ce sont de bonnes qualités à avoir.

Je ne veux pas faire le procès des jeunes gardiens, mais c'est rafraîchissant d'en voir un qui a trouvé l'équilibre parfait entre l'aspect technique et la réactivité. Petersen fait sa lecture de jeu et il exécute les mouvements nécessaires selon ce que lui dicte la situation - même si cela l'oblige à sortir du cadre habituel.
Quick a toujours détonné des autres gardiens par son athlétisme, et son successeur semble adopter la même philosophie. C'est plaisant de voir ça.
Mike Smith, l'increvable
En finissant, un petit mot sur Mike Smith qui a fait rager les partisans des Canadiens en signant un jeu blanc de 38 arrêts au Centre Bell, jeudi. De voir le gardien des Oilers d'Edmonton jouer à ce niveau à 38 ans - presque 39 - après avoir subi une blessure avant le début de la saison, c'est vraiment impressionnant.
Je ne suis pas très surpris parce que Smith a toujours connu du succès sous la gouverne de Dave Tippett, que ce soit à Dallas, en Arizona ou bien à Edmonton. C'est difficile à expliquer, mais souvent, le style de jeu prôné par certains entraîneurs semble bien se conjuguer avec celui d'un gardien.

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Ce que je trouve très intéressant au niveau technique dans son cas, c'est qu'il reste toujours profondément dans son filet, un peu comme le faisait Henrik Lundqvist. Il ne passe pas beaucoup de temps sur ses genoux et il pratique un style qui lui permet de ménager ses énergies. C'est une autre façon de jouer bien différente de ce qu'on voit chez les nouveaux gardiens, mais ça fonctionne encore!
Son retour en force aidera sans doute les Oilers à poursuivre sur leur bonne lancée, et j'ai confiance qu'il sera d'une grande aide pour son adjoint Mikko Koskinen.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*