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EDMONTON – Il y a deux ans, Arturs Silovs se retrouvait loin géographiquement et organiquement de Vancouver et de la LNH. Le Letton a porté brièvement les couleurs des Lions de Trois-Rivières dans la ECHL. À cette époque, les Canucks lui cherchaient tout simplement une équipe et un filet pour lui offrir de l’expérience.

Silovs a joué dix matchs avec Trois-Rivières entre le 18 mars et le 16 avril 2022. Aujourd’hui, il est le gardien partant des Canucks et l’histoire Cendrillon des présentes séries.

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Dans le vestiaire de l’équipe adverse au Rogers Place d’Edmonton, le gardien de 23 ans a gardé son calme habituel pour décrire sa folle ascension depuis deux ans.

« Je n’y pense pas, alors je ne peux pas dire que je trouve ça fou, a dit Silovs. Je me disais que je devais simplement travailler. Lors de cette saison (2021-2022), je ne jouais pas souvent. Les Canucks avaient besoin de prendre une décision et de me trouver une équipe. J’ai joué quelques matchs dans la ECHL là-bas et je suis revenu dans la Ligue américaine. J’ai ensuite connu l’expérience du Championnat du monde avec la Lettonie. C’était une bonne période. »

Relancé sur ce qu’il retient principalement de sa première saison chez les professionnels, Silovs s’est creusé un peu les méninges.

« Je n’ai pas une tonne de souvenirs, à part que je faisais plusieurs entraînements, a-t-il répliqué. Je n’étais pas souvent avec l’équipe principale (à Abbotsford dans la Ligue américaine). Je cherchais à m’adapter au hockey chez les professionnels, c’était ma première saison. J’ai grandi de mes expériences. »

Et quels souvenirs garde-t-il de son mois passé à Trois-Rivières ?

« Je me rappelle qu’à mon premier match, nous avions gagné 1-0, a-t-il souligné. C’était un bon départ, surtout quand tu débarques avec une nouvelle équipe. Je me concentrais sur moi et sur mes performances. Je voulais être le meilleur gardien possible. On m’avait renvoyé là-bas et je me disais que c’était l’équipe que je devais aider à gagner. C’est tout. »

À son premier départ avec les Lions, Silovs avait bien signé un jeu blanc de 1-0 contre les Mariners du Maine. Il avait bloqué 31 tirs. C’était le 18 mars 2022 au Colisée Vidéotron de Trois-Rivières.

Dimanche soir sur une scène un brin plus grande, Silovs a stoppé 42 des 45 tirs des Oilers dans un gain de 4-3. Il a obtenu sa quatrième victoire en six départs depuis qu’il a remplacé Thatcher Demko et Casey DeSmith devant le filet des Canucks.

Un jeune qui voulait apprendre

Le contexte n’était pas parfait pour parler longuement de Trois-Rivières. Silovs n’avait pas encore rangé son équipement et une dizaine de journalistes attendaient pour le questionner sur son autre bonne sortie contre la bande à Connor McDavid et Leon Draisaitl. Mais on pouvait sentir que son passage avec les Lions lui avait simplement servi de tremplin.

« Il était réceptif, il arrivait des Canucks et il voulait jouer », a affirmé Éric Bélanger en entrevue téléphonique à LNH.com lundi dernier, lui qui était l’entraîneur-chef des Lions de Trois-Rivières en 2021-2022. « Ils l’avaient prêté pour nous. Il n’a jamais fait la baboune, il était très bon pour nous. Tu voyais qu’il voulait remonter rapidement. De mémoire, il avait repris le chemin d’Abbotsford un jour ou deux avant le début des séries dans la ECHL. »

Bélanger ne peut s’empêcher de rire quand on lui dit qu’il a contribué à modeler un bon jeune gardien de la LNH.

« Je n’ai rien fait, c’était surtout Alex Cousineau, notre entraîneur des gardiens, qui travaillait avec lui, a-t-il répliqué. Je faisais juste lui donner des départs puisque je le trouvais bon. J’aimais son côté athlétique et le fait qu’il lisait bien le jeu. Il devait se poser des questions pour savoir pourquoi il se retrouvait avec nous dans la ECHL. Il gardait la bonne attitude et le sourire. Il mérite maintenant ce qui lui arrive aujourd’hui. Il a fait son chemin. »

Pour cette saison 2021-2022, un total de 80 joueurs ont porté les couleurs des Lions, dont cinq gardiens. Il y avait du monde à la messe, mais aussi un roulement bien constant de joueurs.

En dix matchs avec les Lions, Silovs avait gardé un dossier de 6-3-1 avec une moyenne de 2,37 et un taux d’efficacité de ,920.

Un coéquipier respecté

Chez les Canucks, Silovs partage maintenant le vestiaire avec un autre joueur originaire de la Lettonie, Theodors Blueger. Le centre de quatrième trio le connaissait surtout de réputation avant ce printemps.

« Je ne suis pas dans ses souliers, alors je ne peux pas dire s’il trouve ça difficile ou non de se retrouver comme gardien partant en plein cœur des séries, a répliqué Blueger. Mais il répond bien, il garde sa concentration. Il n’a pas changé son approche, que ce soit le 75e match de la saison ou un match des séries. Il est aussi calme. J’imagine qu’il a la bonne recette. »

VAN@EDM: Silovs stoppe la rondelle sur la ligne

Quinn Hughes, le capitaine des Canucks, a aussi souligné le calme de son gardien.

« Il est incroyable pour nous, il a fait des arrêts monstrueux dans les derniers matchs contre Nashville et encore maintenant contre Edmonton. Je le trouvais très confiant devant notre filet. Il n’était pas intimidé par la grandeur de la scène, c’est comme s’il ne réalisait pas trop ce qui se passait. Il était spectaculaire. »

Tyler Myers, un autre défenseur, avait croisé Silovs au Championnat du monde, l’an dernier.

« Je l’avais vu pour quelques matchs l’an dernier avec la Lettonie, a affirmé Myers qui jouait pour le Canada à ce tournoi. Avant ça, il avait bien joué pour nous avec les Canucks (5 matchs en 2022-2023). Mais il n’avait pas passé beaucoup de temps dans notre environnement.

« C’est incroyable de le voir jouer pour nous en séries malgré sa petite expérience. Il n’est pas nerveux et c’est toujours un bon signe pour un gardien. Il avait gagné le titre du joueur le plus utile au Mondial en conduisant la Lettonie à la conquête du bronze. Ce tournoi l’aide probablement, surtout pour sa confiance. La Lettonie n’avait jamais gagné une médaille. C’était immense pour ce petit pays. »

Silovs représente donc une très belle histoire, mais il ne sort pas complètement du champ gauche. Il avait déjà fait de petits miracles avec la Lettonie au printemps dernier.