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BOSTON - Pour une deuxième année de suite, Patrice Bergeron attendait chacun de ses coéquipiers à la sortie de la patinoire pour leur faire l'accolade et les remercier pour la saison qu'ils venaient de vivre ensemble, après une élimination subie en sept matchs au premier tour.

Si la scène captée l'an dernier sur la glace des Hurricanes de la Caroline avait laissé planer le doute quant à l'avenir du capitaine des Bruins de Boston, celle de dimanche au TD Garden avait un petit quelque chose de différent. Quelque chose comme un dernier salut.

À 37 ans, Bergeron se retrouvera de nouveau joueur autonome sans compensation au mois de juillet et il n'a jamais caché qu'il songeait à la retraite.

« Pour l'instant, c'est trop tôt, c'est trop frais pour moi après un match comme ça, a-t-il dit après la défaite de 4-3 des siens en prolongation face aux Panthers de la Floride. Il faut que j'y pense avec ma famille, que j'en parle et que je prenne un pas de recul comme je l'ai fait l'an dernier. Ça va être la même chose.

« En ce moment, c'est la défaite qui fait mal. Le reste, ça va être pour une autre fois. »

Les yeux rougis par la douleur de la défaite et du rêve anéanti, le Québécois a enlacé son complice Brad Marchand pendant de longues secondes avant de saluer les partisans en soufflant un bec en direction des gradins.

« C'est toujours difficile de terminer une saison comme ça beaucoup trop tôt, a-t-il répondu lorsque questionné sur les émotions qui l'habitaient à ce moment. C'est plus la déception de la défaite. Dans le sport, il y a un gagnant et un perdant, mais il reste que tu donnes tout ce que tu as pareil.

« Ce n'est pas facile quand tu es du mauvais côté. Souvent, tu apprends beaucoup de ces blessures-là, mais elles sont difficiles à vivre dans le moment. »

Le vétéran n'a pas lésiné sur la notion de « tout donner ». Il a révélé que c'est une hernie discale qui lui avait fait rater les quatre premiers matchs de la série, mais n'a pas voulu s'en servir comme excuse, ajoutant au passage que tous les joueurs soignaient des blessures en séries.

Il n'était toutefois pas question pour lui de regarder son équipe se battre sans lui. Surtout après la saison record des Bruins et les attentes très élevées qu'il y avait envers eux dans ces séries. Après leur saison de 65 victoires et une récolte de 135 points, plusieurs observateurs les voyaient soulever la Coupe Stanley.

« On ne voulait pas que ça s'arrête, on avait une équipe pour se rendre beaucoup plus loin que ce qu'on a fait, a-t-il souligné au passage. C'est décevant, c'est sûr. J'ai toujours dit que c'était un groupe spécial et je ne m'empêcherai pas de le dire malgré la défaite.

« Les individus qu'il y a dans l'équipe, le caractère, les amitiés, les liens qu'on a avec des joueurs avec lesquels on joue depuis plus d'une décennie, c'est spécial. »

Vibrant hommage

Marchand est l'un de ces joueurs avec qui Bergeron a passé l'essentiel de ses 19 saisons dans la LNH. Les deux ont partagé l'ivresse d'une conquête de la Coupe Stanley, en 2011, l'intensité des longs parcours en séries et les douloureux lendemains d'élimination.

Même s'il a dit espérer que son ami soit de retour avec les Bruins, l'an prochain, la petite peste a rendu un vibrant hommage à Bergeron. Comme si ce dernier venait de disputer son dernier match.

« C'est un homme de famille incroyable, un excellent père et un grand ami, a-t-il amorcé en cachant ses yeux avec sa casquette. Il place toujours les autres en priorité. Ç'a vraiment changé la manière dont j'aborde ma vie quotidienne et dont j'approche le sport. Je ne pourrai jamais dire assez de bien de lui.

« J'ai eu la chance de jouer à ses côtés pendant toutes ces années. C'est un individu incroyable, un coéquipier incroyable et nous sommes chanceux de l'avoir eu ici pendant si longtemps. Il a complètement changé la façon dont je vis ma vie, en tentant de suivre ses traces. Je lui en serai toujours reconnaissant.

« C'est à lui de prendre sa décision maintenant. Peu importe ce qu'il choisit de faire, je sais que ce que nous avons bâti ici durera pour toute la vie. »