Fleury Crosby badge Chaumont

MONTRÉAL – Marc-André Fleury a bloqué son dernier tir dans la LNH, mais pas sur la scène internationale. Dans un scénario pratiquement impossible à imaginer, le gardien québécois fera ses adieux du hockey en portant le chandail du Canada avec son ancien complice chez les Penguins de Pittsburgh, Sidney Crosby.

Fleury et Crosby ont accepté de se joindre à l’équipe canadienne en vue du Championnat du monde qui se déroulera du 9 au 25 mai à Stockholm en Suède et à Herning au Danemark.

De retour du bilan des joueurs du Wild à St. Paul au Minnesota lundi après-midi, Fleury a expliqué sa décision de représenter son pays en entrevue avec LNH.com

« L’idée vient des dirigeants de l’équipe canadienne avec Kyle Dubas, le directeur général, a-t-il lancé en conduisant vers son domicile. Kyle avait parlé à mon agent pour savoir si j’étais intéressé. Au premier jour, je ne l’étais pas trop. Mais j’ai pris le temps d’y réfléchir et de dormir sur cette décision. J’ai laissé retomber les émotions du dernier match et de l’élimination avec le Wild. »

« Je n’ai jamais joué au Championnat du monde (senior) et je voulais rejouer une dernière fois avec Sid, a-t-il poursuivi. Il y a quelques gardiens qui représentaient des candidats pour des postes qui jouent encore en séries ou qui ont des blessures. Les morceaux du casse-tête tombaient en place pour moi. C’est ma dernière chance de jouer avec une bonne équipe et à un gros tournoi. J’ai hâte de vivre cette aventure. »

Fleury partagera le même vestiaire que Crosby pour une première fois depuis la conquête de la Coupe Stanley en 2017. Après ce troisième sacre avec les Penguins, le numéro 29 avait quitté Pittsburgh pour vivre la naissance des Golden Knights à Vegas.

S’il n’avait pas pensé à un tel scénario, le gardien de 40 ans a maintenant hâte d’écrire un dernier chapitre de sa longue carrière.

« Chaque fois que tu portes le chandail du Canada, c’est spécial et unique, a-t-il répliqué. J’ai toujours représenté mon pays avec fierté. Je jouerai avec Sid, un de mes meilleurs amis. J’ai tellement partagé de beaux moments avec lui chez les Penguins. J’ai hâte de renouer avec lui. »

« Nous avons échangé quelques messages textes pour savoir si nous voulions y aller. Sid hésitait un peu au départ, il gardait une certaine frustration après la saison des Penguins. Mais il a dit oui assez rapidement. Je dirais qu’il a aidé mon choix. J’ai hâte de rire de lui après un gros arrêt à l’entraînement avec l’équipe canadienne. Nous passerons plusieurs jours ensemble en Europe. Je n’ai pas encore une idée pour un mauvais coup à Sid. Je le connais et je sais qu’il restera prudent. Il me surveillera. »

À la maison, ses trois enfants n’ont pas partagé les mêmes émotions à l’annonce de cette nouvelle.

« Ma plus grande (Estelle) était heureuse et elle voulait me suivre à Stockholm. Ma fille du milieu (Scarlett) était triste. Je devais partir voir un match de la MLS du Minnesota United avec elle et ma femme. On lui avait offert ça en cadeau. Je lui ai promis d’y retourner plus tard durant l’été puisque je m’absenterai. Pour mon garçon (James), il ne comprenait pas. Il me disait que je venais juste de prendre ma retraite et que je recommençais à jouer. J’ai pris du temps pour lui expliquer. James avait surtout hâte de jouer au petit hockey dans le sous-sol avec moi. »

Un dernier match à Vegas

Le Wild a subi l’élimination en six matchs contre les Golden Knights au premier tour. Vegas l’a emporté 3-2, jeudi au Xcel Energy Center, pour le dernier match de cette série.

Quatre jours après ce dernier match dans la LNH, Fleury a décrit ce qui lui passait par la tête lors de la traditionnelle poignée de main.

« Je connaissais plusieurs gars des Golden Knights, a-t-il rappelé. Je pouvais leur serrer la main, leur dire bonne chance pour les séries et les remercier du temps avec eux à Vegas. J’ai encore de bons amis dans cette équipe. Mais je ne voulais pas m’éterniser sur la patinoire. Je voulais sortir afin de ne pas devenir trop émotif, surtout après une élimination. Je savais que cette journée s’en venait. Nous avons perdu le sixième match à la maison au Minnesota. Il y avait ma femme et mes trois enfants dans les gradins. Ça ajoutait un peu à la tristesse, même si j’étais heureux de savoir qu’ils étaient là pour mon dernier match. »

« Je suis resté dans le vestiaire un peu plus longtemps après la défaite, a-t-il continué. C’était assez tranquille. Mais j’ai bu une bière avec quelques coéquipiers. J’adorais mon équipe et mes coéquipiers. J’aimais porter les couleurs du Wild. »

Au premier tour des séries, Fleury n’a finalement pas simplement joué le rôle d’adjoint à Filip Gustavsson. Il est venu en relève lors du quatrième match puisque Gustavsson était malade.

« J’aurais aimé gagner ce match pour aider le Wild, a-t-il dit. Nous sommes passés proches avec un revers en prolongation. Il y a eu le but refusé au Wild pour un hors-jeu en fin de troisième période. Les gars jouaient bien devant moi, ils bloquaient des tirs, ils se sacrifiaient. Mais j’étais heureux de jouer, je me suis amusé. Je me retrouvais devant le filet à Vegas et les partisans criaient mon nom. J’ai trouvé ça agréable, j’ai revécu de beaux souvenirs. »

« J’étais un peu nerveux. Je rentrais quand même dans l’action pour la troisième période et le pointage était juste de 2-1. Je ne voulais pas me tirer dans le pied. »

Brett Howden a marqué le but vainqueur lors de ce quatrième match en déjouant Fleury en prolongation dans un gain de 3-2.

Un futur au Minnesota

À l’image de David Savard avec les Canadiens, Fleury n’a pas l’intention de couper les ponts complètement avec sa grande passion, le hockey. Il entend parler à Bill Guerin, le DG du Wild, afin de rester dans l’environnement de l’équipe. Il fera du Minnesota sa maison afin de ne pas déraciner une autre fois ses trois enfants.

« Je voulais laisser mes enfants dans leur routine. Ils aiment leur école aussi. Si je m’ennuie du hockey, je ne serai pas loin du Wild. Je sais qu’il y a des jours où le hockey me manquera. J’irai faire mon tour à l’aréna. J’aimerais aussi parler à Bill pour savoir s’il ne pourrait pas me trouver un petit boulot avec l’équipe. J’ai le sentiment que je ferai mon deuil plus facilement de cette façon.

« Quand je parle d’un petit boulot, je sais que je ne veux pas devenir un entraîneur ou œuvrer dans les médias. Je n’ai pas le goût de voyager. À court terme, je désire redevenir un papa à temps plein. Je ne veux pas manquer un match de soccer ou de hockey de mes enfants ou une première journée à l’école. »

Alex Goligoski, un défenseur qui a pris sa retraite à la fin de la saison 2023-24, pourrait lui servir de modèle.

« Cette année, Goligoski a passé du temps dans l’entourage du Wild. Il était présent dans les réunions des entraîneurs et de la direction. Il a aussi regardé plusieurs matchs au Minnesota en plus de suivre des entraînements. Il suivait des réunions avec nos recruteurs ou les responsables du développement. Il touchait à tout pour avoir une idée de la vie d’un gestionnaire de hockey. »

S’il s’établit au Minnesota pour le hockey et l’école de ses enfants, Fleury reviendra passer ses étés au Québec afin de passer du temps avec sa famille et ses proches.