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Les Oilers ont reçu un retour équitable pour Gretzky

La transaction historique avec les Kings en 1988 a été profitable aux deux équipes

par Rob Vollman / Correspondant LNH.com

Un des moments les plus importants dans l'histoire de la LNH est survenu le 9 août 1988, quand les Oilers d'Edmonton ont échangé Wayne Gretzky aux Kings de Los Angeles.

À l'époque, on avait prédit que cette transaction allait signaler la fin de la dynastie des Oilers et permettrait aux Kings d'accumuler les championnats. Bien qu'aucune de ces deux prédictions ne s'est réalisée, la plupart des partisans et des observateurs continuent de prétendre que Los Angeles a réussi un vol aux dépens d'Edmonton ce jour-là. Mais est-ce vraiment le cas?

Selon un modèle statistique qui permet de comparer toutes les transactions réalisées au fil des ans dans la LNH, l'échange impliquant Gretzky a été étonnamment équitable, à la condition de tenir compte de tous ses éléments.

Bien qu'il ait connu une longue et reluisante carrière après l'échange, celui qu'on surnomme « La Merveille » a connu ses meilleures saisons, celles qui ont transformé le monde du hockey, avec les Oilers. Âgé de 28 ans au moment de la transaction, il a disputé 11 autres saisons par la suite, terminant trois fois au premier rang des marqueurs durant cette période, atteignant le cap des 50 buts une seule fois, remportant le trophée Hart à une reprise et ne parvenant jamais à décrocher la Coupe Stanley de nouveau.

Dans le cadre de la transaction, les Oilers ont mis la main sur l'attaquant Martin Gélinas, alors un espoir, et le 20e choix lors du repêchage 1991 de la LNH, qu'Edmonton a utilisé pour réclamer l'ailier gauche Martin Rucinsky. Ces deux joueurs ont connu de longues et fructueuses carrières qui, mises ensemble, n'arrivent pas loin de ce que Gretzky a accompli avec les Kings, les Blues de St. Louis et les Rangers de New York.

Calculer la valeur future

Évaluer les transactions se résume à mesurer la production d'un groupe de joueurs et de le comparer à un autre. C'est pourquoi les buts par rapport au seuil (« goals versus threshold - GVT ») est une mesure qui se trouve au centre de ce modèle statistique.

Le GVT est une statistique globale, à l'instar du « wins above replacement » (WAR) au baseball, qui tente de saisir toutes les façons dont un joueur a contribué en un seul chiffre. Il permet d'estimer le nombre de buts qu'un joueur a marqué et/ou a empêché comparé au niveau de contribution affiché par les joueurs qui ont agi comme remplacement dans l'immédiat cette saison-là.

Dans cette optique, les Kings ont gagné 195,3 buts en valeur future avec Gretzky, en plus d'un total supplémentaire de 27,9 buts de la part de l'attaquant Mike Krushelnyski et de 61,1 buts du défenseur Marty McSorley, les deux autres joueurs impliqués dans la transaction.

Les Oilers, eux, ont gagné 118,8 buts en valeur future avec Gélinas, et 56,5 avec le joueur de centre Jimmy Carson. Dans l'ensemble, cela donne aux Kings un avantage important de 284,3 buts contre 175,3 pour les Oilers.

Toutefois, la transaction ne se résumait pas seulement à ces cinq joueurs-là. Les Oilers ont également touché un somme de 15 millions $ et obtenu les choix de premier tour des Kings en 1989, 1991 et 1993.

En ce qui concerne les choix au repêchage, on peut tenir compte des joueurs qui ont été sélectionnés et ajouter leur GVT en carrière aux totaux d'Edmonton.

Dans ce cas, le choix de 1991 a eu un impact important, alors que les Oilers ont choisi Rucinsky. Celui-ci a connu une belle carrière qui lui a permis d'enregistrer un GVT de 102,5. Le choix au repêchage de 1989 (18e au total) a ensuite été échangé aux Devils du New Jersey. Edmonton a alors réclamé le joueur de centre Jason Miller, qui a disputé six matchs dans la LNH. Les Oilers ont utilisé le choix au repêchage de 1993 (16e au total) pour sélectionner le défenseur Nick Stajduhar, qui a pris part à deux rencontres dans la LNH.

En ajoutant la valeur de Rucinsky à la transaction, on se retrouve avec une transaction somme toute équitable, avec les Kings qui ont un léger avantage de 284,3 buts à 277,8 sur les Oilers. Bien qu'il soit impossible d'estimer la valeur que représente la somme de 15 millions $ avant la mise sur pied du plafond salarial, cela suffit probablement à donner l'avantage à Edmonton au final.

Il faut noter par ailleurs que Rucinsky a disputé deux matchs avec les Oilers avant d'être échangé aux Nordiques de Québec en retour du gardien Ron Tugnutt et de l'attaquant Brad Zavisha, le 10 mars 1992. Zavisha a pris part à deux rencontres dans la ligue, et Tugnutt a été réclamé par Anaheim à l'occasion du repêchage d'expansion de la LNH, le 24 juin 1993. Rucinsky n'a donc pas eu de valeur réelle pour les Oilers.

Par contre, si on tient compte des transactions qui ont suivi, il devient alors important de tenir compte du fait que Carson a été échangé aux Red Wings de Detroit le 2 novembre 1989, en compagnie de l'ailier droit Kevin McClelland et d'un choix au repêchage de cinquième tour, en retour des attaquants Adam Graves, Petr Klima, Joe Murphy, ainsi que du défenseur Jeff Sharples.

C'est pourquoi l'approche la plus simple consiste à ignorer les transactions que chacune des organisations aurait pu faire plus tard avec les joueurs obtenus initialement, et à s'attarder exclusivement sur leur valeur future au moment de la transaction. À cet égard, les deux équipes ont obtenu des actifs équivalents, mais de natures différentes.

Au chapitre des statistiques brutes, cette transaction a été profitable aux deux équipes. Les Kings ont mis la main sur la supervedette dont ils avaient besoin pour devenir une équipe aspirante aux grands honneurs. En retour, les Oilers ont reçu des actifs qui allaient les aider dans le futur et ainsi leur permettre de rester une équipe compétitive pendant plusieurs années.

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