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LAS VEGAS -- Robin Lehner s'est présenté sur la scène à la Cérémonie de remise des trophées de la LNH 2019 présentée par Bridgestone, mercredi, et il a dit quelque chose qu'il n'avait pas eu le courage d'admettre, ni en public ni en privé, il y a un an.

« Je n'ai pas honte de dire que j'ai une maladie mentale, mais ça ne veut pas dire que je suis faible mentalement », a déclaré le gardien des Islanders de New York à la fin de son discours au moment d'accepter le trophée Masterton, remis au joueur qui personnifie le mieux les qualités de persévérance, d'esprit sportif et de dévouement envers le hockey.
Gagnants des trophées : Calder: Pettersson | Lady Byng: Barkov | D.G. de l'année: Sweeney | King Clancy: Zucker | Ted Lindsay: Kucherov | Norris: Giordano | Selke: O'Reilly | Jack Adams: Trotz | Vézina: Vasilevskiy | Messier: Simmonds | O'Ree: Rico Phillips | Hart: Kucherov
Lehner a publiquement fait état de sa bataille contre l'alcoolisme, la consommation de drogues et la dépression, ce qui a mené à des pensées suicidaires, dans un article qu'il a écrit pour The Athletic et qui a été publié à l'occasion de la première journée du camp d'entraînement. Il a révélé la teneur de son diagnostic médical - un trouble bipolaire de type 1 avec épisodes de manie - et il s'est complètement investi dans son histoire, levant le rideau sur sa vie pour laisser savoir qu'il était un homme perturbé qui avait des dépendances et des problèmes de santé mentale, mais qui était prêt à reconnaître tout ça et à demander de l'aide.
Ç'a créé une onde de choc dans le monde du hockey, notamment chez ses anciens coéquipiers des Sabres de Buffalo, dont plusieurs savaient qu'il connaissait des difficultés, mais n'avaient aucune idée à quel point.
« Je suis vraiment fier de Robin », a déclaré l'entraîneur des Islanders Barry Trotz, qui a remporté le trophée Jack Adams en tant qu'entraîneur de l'année. « Les choses de la vraie vie, ce sont ces choses-là avec lesquelles il doit composer tous les jours et les progrès qu'il a faits… Nous avons pu voir à quel point Robin a grandi et a gagné en confiance. Je dirais qu'il a réussi à se concentrer sur la bataille qu'il doit livrer. Il sait que ce n'est pas fini. Ce sera une lutte de toute une vie, mais je suis certain qu'il voit ça comme une mission qu'il va finir par compléter. »
Lehner a indiqué qu'il a toujours cru que révéler autant de choses au sujet de ses problèmes personnels représentait un risque parce qu'il ne savait pas à quel point ç'aurait un impact sur sa carrière et ses négociations en vue de futurs contrats. Il se demandait si on allait le soutenir dans sa bataille.
« La réalité, c'est que les gens te voient autrement si tu as certains problèmes », a souligné Lehner, qui pourrait devenir joueur autonome sans compensation le 1er juillet, mais a déjà dit qu'il aimerait conclure une nouvelle entente avec les Islanders.
Lehner a indiqué qu'il se soucie encore du fait qu'il pourrait nuire à son avenir, même après la saison qu'il vient de connaître, alors que le soutien qu'il a reçu des gens du hockey, surtout dans l'équipe des Islanders et de la part de leurs partisans, a été remarquable. Il a affiché un dossier de25-13-3 avec une moyenne de buts alloués de 2,13, un taux d'arrêts de ,930 et six jeux blancs, et il a pris le troisième rang du scrutin pour le trophée Vézina, derrière le lauréat Andrei Vasilevskiy, du Lightning de Tampa Bay, et Ben Bishop, des Stars de Dallas. Lehner et Thomas Greiss ont remporté le trophée William M. Jennings après avoir accordé le plus bas total de buts (196) dans la LNH en saison régulière.
« De le voir reconnaître tout ça, de voir le travail qu'il a fait et les difficultés qu'il a connues, de partager son vécu avec les gens, je ne pourrais être plus fier de lui », a déclaré le joueur de centre des Blues de St. Louis Ryan O'Reilly, qui a joué aux côtés de Lehner à Buffalo de 2015 à 2018. « Ce n'est vraiment pas facile. Que tout le monde soit au courant, qu'une équipe lui donne une chance et de voir ensuite ce qu'il a accompli, c'est tellement impressionnant. »
Lehner considère qu'en racontant son histoire, il peut aider d'autres gens qui luttent contre des démons du même genre et qui craignent d'en faire part à leur entourage. Cette partie-là de l'équation fonctionne.
« On m'a donné tellement de soutien et il y a tellement de gens qui m'ont contacté ou qui ont essayé de me contacter et que je n'ai pas encore eu la chance de lire, et qui ont peur de faire ce premier pas, qui ont peur de faire ce qu'il faut faire pour changer le cours des choses, a dit Lehner. C'est incroyablement valorisant. »
L'athlète de 27 ans a dit qu'il a récemment appris que des gens ont commencé à s'aider en raison de l'intervention publique qu'il a faite à l'occasion d'un souper qu'il a organisé avec les médecins qui l'ont initialement soigné dans le cadre du programme de la LNH et de l'AJLNH en matière de toxicomanie et de santé comportementale.
« Ils ne me donnent évidemment pas de nom, rien de ça, mais ils m'ont dit que pas mal de gens ont communiqué avec eux et ont commencé à recevoir de l'aide parce que j'ai décidé de parler, a dit Lehner. Ç'aurait valu la peine même si ç'avait été une seule personne. »
Lehner a fait remarquer que le processus qui vise à mettre fin à la honte associée à la toxicomanie et à la maladie mentale dans la LNH en est encore à un stade précoce.
« Nous, en tant que joueurs dans cette ligue, ou les DG, peu importe qui, nous devons changer les choses pour que ce soit plus ouvert, a dit Lehner. Si j'ai connu autant de succès cette saison, c'est parce que j'ai été franc et ouvert. Je pense que le programme a pu travailler pour la première fois avec l'équipe. Le programme et l'équipe, ensemble, ont été en mesure d'être sur la même longueur d'onde et de faire les bonnes choses. La collaboration a été bonne. Le problème, c'est que la majorité des gens ne vont pas s'avancer et le dire ouvertement à l'équipe, alors le rôle que l'équipe pourrait jouer va rester absent. »
Lehner a commencé à essayer de changer ça en septembre, quand il a parlé publiquement de son cas. Mercredi, il a été récompensé pour sa bravoure, et il s'est servi de l'occasion qu'il a eue au complexe sportif et de divertissement Mandalay Bay Events Center pour approfondir son message.
« Ç'a été un long parcours depuis que j'ai quitté Buffalo et que je suis allé en désintoxication et que j'ai entrepris des démarches pour changer ma vie, a-t-il dit. Ça n'a pas été facile, alors il s'agit de faire preuve de persévérance, de faire confiance au processus, de faire confiance en ce que j'ai besoin de faire et au soutien que mon entourage me donne, mon épouse et tout le monde. Il va quand même y avoir des hauts et des bas. Tout le monde a des hauts et des bas. Le problème dans mon cas, avant, c'était que mes bas étaient très bas et plutôt longs, même chose avec mes hauts. Mais maintenant, j'ai été diagnostiqué et je prends des médicaments, et j'en ai appris énormément sur la façon de composer avec mes problèmes. J'en ai encore beaucoup à apprendre, mais c'est incroyablement gérable et c'est pourquoi bien des gens doivent tout simplement faire ce premier pas. »