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WASHINGTON -- Même si ça lui fait encore mal, Kevin Cheveldayoff n'a pas pu s'en empêcher.
Chaque fois que la rondelle est tombée au début de chacun des matchs de la Finale de la Coupe Stanley entre la formation d'expansion des Golden Knight de Vegas et les Capitals de Washington, il était collé à sa télévision.
Une décision douloureuse pour le directeur général des Jets de Winnipeg, qui se sont inclinés en finale de l'Association de l'Ouest contre les Golden Knights en cinq parties. Ainsi, chaque fois qu'il voit Vegas sauter sur la patinoire, il se dit : « ça aurait pu être nous. »
Mais ce ne l'est pas.

Malgré toute cette douleur du rendez-vous manqué, il y a aussi du respect pour les Golden Knights, qui tirent de l'arrière 2-1 dans la Finale à l'approche du match no 4, lundi au Capital One Arena (20 h HE; NBC, CBC, SN, TVAS).
« C'est difficile à regarder. Vraiment difficile, a soupiré Cheveldayoff. Mais c'est à ce moment que l'amateur de hockey en toi prend le dessus. Même si je veux rester le plus loin possible, tu es attiré parce que tu aimes le hockey. »
« Leurs succès ont été formidables pour la Ligue, même si ç'a été à nos dépens. »
Plusieurs de ses collègues partageaient entièrement son avis.
Un sondage rapide effectué par LNH.com parmi les directeurs généraux du circuit et le personnel hockey des équipes lors de la Séance d'évaluation des espoirs à Buffalo la semaine dernière a permis de constater que l'unanimité régnait parmi eux à propos de l'impact positif des succès des Golden Knights pour la LNH.
On pourrait pourtant s'attendre à ce que ce conte de fées d'une équipe qui atteint la Finale de la Coupe Stanley à sa première saison mette de la pression sur les 30 autres directeurs généraux qui sont à la tête de formations bien établies.
Et pourtant.
« En tant que DG qui est dans la Ligue depuis un bon moment, je ne vois pas ça de cette façon, a dit Doug Armstrong des Blues de St. Louis. Je trouve que c'est génial pour la Ligue et on veut toujours ce qui est le mieux pour la Ligue et les affaires.
« Je pense que ça va créer des possibilités dont nous pourrons discuter avec nos joueurs. Une équipe qui n'avait pas d'égos et un entraîneur qui n'avait pas à s'en faire avec les attentes en matière de temps de glace de ses joueurs, qui a pu utiliser ses quatre trios sans que personne ne pique une crise parce qu'il n'a pas assez joué, qu'il n'était pas sur le jeu de puissance ou sur le désavantage numérique. Ce sont des choses que les joueurs établis tiennent pour acquises. On voit le succès d'une équipe qui travaille ensemble. »
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Quand le DG des Canadiens de Montréal Marc Bergevin regarde les Golden Knights à l'œuvre, il voit des joueurs qui travaillent pour le succès de leur équipe, pas pour les premières pages grâce à leur jeu individuel.
« George McPhee et Gerard Gallant ont sélectionné des joueurs qui achètent leur concept et ce qu'ils tentent de faire, a dit Bergevin. Ils jouent comme s'ils avaient quelque chose à prouver et ils jouent en équipe. Pour moi, ce n'est pas seulement une question de comment bâtir une équipe, mais comment leur donner envie de jouer de la sorte.
« Il n'y a pas une tête qui ne passe pas par la porte et c'est ce qui leur a permis de se rendre où ils en sont. »
Personne n'est plus en accord avec cette philosophie que Lou Lamoriello, qui a tout récemment été nommé président des opérations hockey des Islanders de New York.
Lors des trois dernières saisons, alors qu'il était directeur général des Maple Leafs de Toronto, Lamoriello ne permettait pas que des affiches mettant en vedette les jeunes étoiles de l'équipe, comme Auston Matthews et Mitchell Marner, soient apposées dans les corridors du Air Canada Cenre. Sa logique : l'individu ne devrait jamais être plus important que l'équipe.
À son avis, les Golden Knights ont bien assimilé ce concept.
« Je pense que c'est fantastique. Ça montre à quel point le concept d'équipe est important, a-t-il dit. Ça démontre que de laisser sa personnalité de côté pour le bien de l'équipe est crucial. »
Lamoriello a rappelé à quel point les Golden Knights avaient été en mesure d'apporter un peu de joie dans le cœur meurtrie de la communauté de Las Vegas.
Avant leur dernier match à domicile, les Golden Knights ont rendu hommage aux victimes de la tragique fusillade du 1er octobre au festival Harvest Music. L'organisation a hissé une bannière au sommet de l'aréna sur laquelle apparaissent les noms de chacune des victimes ainsi que 58 étoiles pour représenter les personnes qui ont perdu la vie.
L'équipe a aussi annoncé qu'aucun de ses joueurs n'allait porter le numéro 58. Il a été retiré par la formation en l'honneur des victimes.

Alors qu'il garde habituellement ses émotions loin de la sphère publique, Lamoriello dit qu'il avait été ému par le lien qui s'est formé entre la ville et l'équipe de la LNH à la suite de la tragédie.
« J'en ai des frissons juste à y penser. L'équipe et sa façon d'unir tout le monde ensemble démontre toute l'importance du sport dans le monde. »
Quant au produit sur la glace, le DG des Canucks de Vancouver Jim Benning félicite McPhee pour sa stratégie afin de bâtir cette équipe.
« Il a fait un travail exemplaire avec le repêchage d'expansion, a dit Benning. J'imagine que quand tu as une masse salariale de 0 $ et tu dois te rendre à 80 millions $, ça permet de faire des choses créatives. Il y avait peut-être 10, 12, 15 équipes l'année dernière qui avaient une problématique avec le plafond salarial que Vegas a été en mesure de soulager. Ils ont dû payer le prix pour, en donnant parfois un autre joueur qu'ils n'avaient pas envie de laisser aller. Quand ils ont pris sous leur aile le contrat de David Clarkson à Columbus, ils ont eu William Karlsson, par exemple.
« Je pense aussi qu'ils ont fait un excellent boulot pour ajouter des athlètes qui jouent au hockey comme il se joue aujourd'hui, avec de la vitesse et du talent. Ils ont pris 23 hockeyeurs qui sont arrivés à Vegas avec une certaine rancune face à leur ancienne équipe, qui ne les avait pas protégés.
« Ils ont eu la possibilité de se battre pour la Coupe, et ça, c'est excitant. »
Même pour les directeurs généraux qui sont dans des marchés où les partisans se demandent pourquoi leur équipe favorite n'est pas en mesure d'imiter les succès des Golden Knights?
« Est-ce que ça met plus de pression sur nous? Non. Je pense que ça nous a permis de réévaluer certaines choses, certaines situations », a mentionné le DG des Stars de Dallas Jim Nill.
« C'est le scénario parfait, celui où [Vegas] n'a pas à payer des joueurs à haut salaire encore. Est-ce que ça va nous donner envie de prendre des décisions différentes quant aux joueurs élites? Peut-être bien. »