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QUÉBEC- « Comment on dit ça déjà? "Sophomore year"? »
Le vétéran gardien Marc-André Fleury cherchait l'expression qu'on utilise afin de qualifier les problèmes qu'éprouve un joueur -- ou une équipe -- qui en est à sa deuxième saison dans un calibre de jeu -- ou dans une ligue.
L'expression juste anglophone c'est « sophomore jinx », la « guigne de la deuxième année » comme on le dit en français.
Les joueurs des Golden Knights de Vegas vont l'entendre à répétition cette saison. Au début, du moins. Ils n'auront qu'à répéter leurs succès de leur première année afin de faire taire les murmures.

« Je ne porte aucunement attention à ce que les gens peuvent dire ou penser », a soupiré Fleury au sujet des éternels sceptiques à l'occasion du Pro-Am Gagné-Bergeron, jeudi. « Ce qui compte pour nous, c'est de croire que nous pouvons continuer d'avoir du succès. »
Comme l'a fait remarquer Fleury en empruntant une expression typiquement francophone, ce ne sera plus « tout nouveau, tout beau » pour les Golden Knights. On sait pertinemment que le niveau d'espérance des partisans ne sera pas rabaissé après la première saison de rêve que leur ont procuré leurs nouveaux favoris.
« Nous avons mis la barre haute. Nous sommes au courant de ça », a soulevé l'attaquant Jonathan Marchessault. « Nous sommes au courant que ce sera difficile de connaître une deuxième saison semblable à la première. Nous avons toutefois les effectifs pour le faire, tout est en place. Nous pouvons aborder la saison avec confiance. »

Pour Fleury, l'organisation repose déjà sur des assises solides.
« Nous avons une bonne base. Nous sommes une bonne "gang" de gars et notre groupe d'entraîneurs fait de l'excellent travail. Ce n'est pas comme si nous recommencions à zéro. Nous sommes en bonne position. »
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Pour Marchessault, la motivation ne sera pas difficile à trouver et personne n'aura la grosse tête.
« Comme joueur, si tu n'as pas comme objectif de continuellement t'améliorer, je me demande ce que tu fais dans le sport », a-t-il commencé par dire.
« On peut parler de tous les exploits que nous avons accomplis, ça ne change absolument rien, a-t-il poursuivi. On doit se retrousser les manches et recommencer. Si tu es content d'être au premier rang de la ligue le 1er décembre, tu vas te faire déloger rapidement.
« L'humilité et l'effort sont les fondements de la philosophie des Golden Knights. Nous nous concentrons tout le temps sur le match à venir. Ç'a été comme ça la saison dernière. »

De l'amertume, encore
Fleury et Marchessault gardent encore un goût acrimonieux de la défaite encaissée contre les Capitals de Washington en Finale de la Coupe Stanley.
« C'est une bonne saison avec le recul, mais ce que je retiens c'est la défaite en Finale, a mentionné Fleury. Nous jouons pour rafler les grands honneurs et quand tu passes proche, c'est ce qu'il te reste en tête. C'est décevant quand tu manques ton coup. »
« La défaite fait encore mal, après être passés si près du but, a repris Marchessault. Notre échec n'est pas une bonne affaire, mais elle nous permet de demeurer modestes, tout le monde. Nous en voulons davantage. »

Deux mois plus tard, Marchessault fait la même analyse du revers en cinq matchs face aux Capitals.
« Ce n'est pas compliqué : les Capitals ont élevé le niveau de jeu, pas nous. On peut parler des (Alex) Ovechkin, (Nicklas) Backstrom et (Evgeny) Kuznetsov, mais ce sont des joueurs comme Lars Eller et Devante Smith-Pelly qui ont fait la différence.
« Nous avions élevé le niveau à chacune des séries avant de tomber à plat en Finale. Nous n'avons pas joué à notre manière dans aucun des cinq matchs de la série, notre trio en premier n'a pas été à hauteur. Les Capitals étaient en mission, pas nous. »
« Pas de stress »
Les Golden Knights n'ont inévitablement pas pu retenir le groupe tissé serré qu'ils ont formé la saison dernière. Les départs des attaquants James Neal et David Perron ont été comblés par l'arrivée de Paul Stastny.
« Neal et Perron étaient deux gros morceaux de l'équipe, tant sur la patinoire qu'à l'extérieur. C'est "plate", c'étaient deux bons amis, a affirmé Fleury. L'arrivée de Stastny va boucher un trou et des jeunes auront la chance de faire leur place. »
L'acquisition de Stastny va cadrer parfaitement dans le style d'équipe des Golden Knights, selon Marchessault.
« C'est une excellente acquisition. Paul est doté d'une belle intelligence au jeu et il est excellent dans les deux sens de la patinoire. Il ne ménage pas les efforts et c'est ce qui fait notre succès collectivement, de bonnes habitudes de travail. Il va très bien s'imbriquer dans le groupe. »
L'avenir des Golden Knights va être intimement lié aux performances de Fleury et de Marchessault pour les saisons à venir. Fleury vient de parapher une prolongation de contrat de trois saisons (21 millions $), en plus de cette saison, tandis que Marchessault amorce la première saison du pacte de six années qu'il a accepté la saison dernière - au salaire annuel moyen de 5 millions $.
« Je commence une belle étape de ma carrière après avoir fait la navette entre plusieurs villes de la Ligue américaine et de la Ligue nationale depuis le début de ma carrière », a noté le patineur natif de Cap-Rouge âgé de 27 ans.
« Ce n'est pas une nouvelle source de stress pour moi. Ce n'est pas comme si j'avais signé un contrat de 8 millions $ par année. Je n'aurai pas la pression de transporter l'équipe sur mes épaules. Je veux toujours être un joueur de premier trio, peu importe mon salaire. »
Marchessault, qui n'a jamais été repêché dans la LNH, est ravi d'avoir Fleury à ses côtés pour longtemps.
« C'est mon meilleur ami dans l'équipe, une sapristi de bonne personne. Nos enfants se côtoient, nos épouses s'entendent à merveille. Ce sera agréable de voir nos enfants grandir ensemble au cours des quatre prochaines années. »