Vincent Desharnais restait encore dans le brouhaha trois jours après la transaction entre les Canucks de Vancouver et les Penguins de Pittsburgh. Tout juste avant l’entrevue, Desharnais avait visité pièce par pièce par la magie de FaceTime son appartement à Vancouver avec la propriétaire afin qu’elle l’aide à faire le tri des choses à expédier à Pittsburgh.
Cette gentille propriétaire fera même ses boîtes pour lui et il recevra dans les prochains jours ses vêtements, son Xbox et autres effets personnels essentiels à son quotidien.
Sur le plan logistique, Desharnais a également un stress en moins.
« J’échangerai mon appartement à Vancouver contre celui de Drew O’Connor à Pittsburgh, a-t-il dit en entrevue téléphonique avec LNH.com lundi en fin d’après-midi. Je n’aurai pas le trouble de me trouver une nouvelle place rapidement. Et c’est la même chose pour lui. Je l’ai texté pour lui faire cette offre grâce à une idée de Pierre-Olivier Joseph. »
Très tard vendredi soir, la saison de Desharnais a pris un tournant inattendu. Quelques heures après l’échange de J.T. Miller des Canucks aux Rangers de New York, Patrik Allvin et Jim Rutherford ont conclu une deuxième transaction. Cette fois, ils ont bougé avec les Penguins de Pittsburgh. Les Canucks ont acquis le défenseur Marcus Pettersson et O’Connor contre un choix conditionnel de 1er tour en 2025 ainsi que l’ailier Danton Heinen et Desharnais.
« Nous jouions à Dallas ce soir-là, a rappelé Desharnais. Miller a appris qu’il venait d’être échangé juste avant le match contre les Stars. Pour ma part, j’étais rayé de la formation et j’ai reçu la nouvelle de mon échange après le match vers 22h30. »
« Je n’avais aucune idée que ça se tramait. C’était un choc, oui. Mais en même temps, je m’attendais à des changements avec les Canucks de la façon que l’équipe jouait. Jim Rutherford, le président de l’équipe, est reconnu pour bouger rapidement. Avec l’échange de J.T. Miller en début de soirée, je savais que ça brassait. Je ne m’attendais pas à la transaction, mais je n’étais pas surpris. »
« J’étais juste content de recevoir une autre chance, a-t-il continué. Avec les Penguins, j’aurai une opportunité de jouer. Je sais que je peux jouer tous les matchs. Je l’ai prouvé dans le passé que je peux jouer dans la LNH comme régulier. À Pittsburgh, ils veulent me faire confiance. Ils me donneront des responsabilités. »
Un changement d’air
Avant son départ pour Pittsburgh, Desharnais avait regardé les trois derniers matchs des Canucks de la passerelle de presse. Même s’il avait paraphé un contrat de deux ans et quatre millions $ (2 millions $ par année) le 1er juillet dernier, le géant défenseur de 6 pi 7 po n’avait toujours pas gagné la confiance de Rick Tocchet. En 51 matchs, il avait sauté son tour à 17 reprises.
Quand on lui demande de faire un bilan de son court séjour avec les Canucks, le défenseur de 28 ans reste diplomate.
« J’ai vraiment aimé le groupe de gars avec les Canucks ainsi que les soigneurs et les préposés à l’équipement. J’ai bâti une belle relation avec plusieurs personnes même si ce n’était pas toujours facile pour moi sur le niveau du hockey. J’avais moins de fun puisque je sautais mon tour souvent et ça devenait lourd pour moi. Je n’aimais pas ma façon de jouer et l’équipe ne jouait pas à la hauteur des attentes. Il y avait aussi beaucoup de chaos au sein des Canucks. Malgré cela, je garderai de bons souvenirs de Vancouver. J’ai tissé de bons liens avec un gars comme Noah Juulsen. Quand je passais des temps plus sombres, il venait toujours me voir pour me parler. »
« Pour la ville, c’était juste incroyable, a-t-il poursuivi. Vancouver est l’une des plus belles villes de la LNH avec les montagnes et l’eau. »
Desharnais a bon espoir de redevenir avec les Penguins le défenseur qu’il était l’an dernier avec les Oilers d’Edmonton
« Kyle (Dubas) m’a téléphoné immédiatement après la transaction. Le message était que j’étais pour cadrer avec les Penguins. Il m’expliquait que les Penguins n’avaient pas un défenseur dans mon moule. Ils veulent me faire jouer en infériorité numérique, en fin de rencontre et contre les bons trios de l’équipe adverse. J’aurai un rôle vraiment défensif. À mon premier match, j’ai joué avec Ryan Graves, un autre défenseur dans mon style. Les Penguins souhaitent me voir jouer comme Vincent Desharnais, comme je suis capable. Je serai un défenseur physique, hargneux et fatigant à affronter tout en gardant un jeu simple. »
Crosby et plusieurs Québécois
Desharnais a porté le chandail des Penguins dès samedi soir dans un gain de 3-0 contre les Predators de Nashville à Pittsburgh. Il a joué un peu plus de 16 minutes aux côtés de Ryan Graves à son premier match. En plus d’un nouveau logo, il portait un nouveau numéro, passant du 73 avec les Canucks et les Oilers au numéro 7 avec les Penguins.
Mais ce n’est pas le chiffre derrière son dos qu’il l’a le plus marqué.
« Je trouvais ça un peu surréel. En l’espace de 24 heures, je me retrouve avec une nouvelle équipe et un nouveau chandail. J’ai pris de grands respires pour comprendre ce qui se déroulait. Je joue maintenant pour les Penguins et je suis le coéquipier de Sidney Crosby. Quand j’étais jeune, je tripais sur Crosby. Et c’était la même chose pour mon frère (Alex). Il était une de nos idoles. J’avais un chandail bleu poudre des Penguins de Crosby et mon frère avait le vieux chandail noir des Penguins. Sid m’a parlé en français à mon arrivée dans l’environnement des Penguins. Il m’a immédiatement salué pour me faire sentir à ma place. Il est tout un meneur et un gars avec énormément de classe. C’est lui qui mène la barque à Pittsburgh. »
En plus de Crosby, Desharnais aura plusieurs autres coéquipiers avec qui il pourra s’exprimer dans la langue de Mario Lemieux. Juste à la ligne bleue, les Penguins misent sur trois Québécois avec Kristopher Letang, Pierre-Olivier Joseph et Desharnais.
« Ça fait du bien, a répliqué Desharnais. Quand tu changes d’équipe, il y a plusieurs visages inconnus. Mais je pouvais me tourner vers plusieurs Québécois avec Beauvy (Anthony Beauvillier), Boko (Bokondji Imama), Tanner (Kristopher Letang) et PO (Pierre-Olivier Joseph). Je les connaissais déjà tous. Je ressentais un peu moins de stress. PO m’a parlé souvent sur le banc pendant le match pour m’expliquer des jeux précis. Je n’avais pas besoin de me faire corriger par les entraîneurs, PO le faisait pour moi. Dans le vestiaire, je suis assis entre Erik Karlsson et Tanner. Avant le match, Kristopher m’a aussi parlé pour m’expliquer des trucs importants du système de l’équipe. Depuis que je suis chez les pros, je n’ai jamais joué avec autant de gars du Québec. »
À sa première semaine avec les Penguins, Desharnais partagera un autre moment précieux : un voyage père-fils. Il invitera donc le sien, Jacques, pour un séjour à New York et Philadelphie avec les autres pères des joueurs des Penguins.
« Mon père ne parle pas un anglais parfait, mais il était bien soulagé de savoir qu’il connaîtra déjà plusieurs papas, a précisé Desharnais. Il parlera en français. Il n’a jamais encore fait un voyage du genre dans la LNH. Sur le coup, il m’a dit qu’il avait déjà vu un match des Canadiens au Madison Square Garden contre les Rangers. Mais quand je lui ai rappelé qu’il n’avait jamais vu jouer son fils sur cette glace-là avec Crosby comme coéquipier, il a réalisé que c’était pour être spécial. »