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Chaque mercredi pendant la saison 2018-19, LNH.com s'entretient avec un intervenant du monde du hockey pour discuter de leur opinion sur l'état de ce sport, de leur vie et de leur carrière, en plus de revenir sur l'actualité.

Cette semaine, cinq questions avec Olivier Fortier.
Quand il a fait le constat que les probabilités de connaître une longue carrière dans la LNH se faisaient de plus en plus minces après avoir passé quatre ans dans la Ligue américaine avec les Bulldogs de Hamilton, Olivier Fortier n'a pas eu à chercher bien longtemps pour trouver ce qu'il ferait de son après-carrière.
C'était en 2013. La firme de son agent Christian Daigle - Momentum Hockey - prenait de l'expansion et ce dernier avait besoin de renforts sur le terrain au chapitre du recrutement et du développement des joueurs. Fortier a tout de suite vu l'occasion de troquer les patins pour le complet tout en passant la majorité de son temps dans les arénas.
« Peut-être qu'en m'acharnant, j'aurais pu jouer quelques matchs dans la LNH », a fait valoir le choix de troisième tour du Tricolore en 2007 (no 65). « Mais j'avais eu beaucoup de blessures et d'opérations et je voulais retourner à l'école. J'avais seulement 23 ans, c'était le bon moment.
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« J'ai pris la décision de retourner à l'Université Laval en droit au lieu de tenter ma chance en Europe parce que l'opportunité de commencer ma carrière d'agent était aussi là. Les portes de ma deuxième carrière se sont ouvertes devant moi, j'ai sauté dedans et ç'a fonctionné à merveille. »
Fortier a donc concilié son travail et ses études au cours de ses premières années dans le domaine pour finalement passer le Barreau et devenir avocat tout en prenant du galon chez Momentum.
« Je venais de terminer ma carrière de hockeyeur, donc pour moi c'était frais en mémoire, a-t-il expliqué. J'étais bien outillé pour conseiller les jeunes joueurs midget AAA et junior majeur dans leur carrière. La transition s'est faite en douceur. »
Fortier a accepté de se prêter au jeu des cinq questions alors qu'il accompagnait son client, l'attaquant Jakob Pelletier, au Match des meilleurs espoirs de la LCH/LNH, la semaine dernière à Red Deer.
Olivier, certains anciens joueurs décident de se lancer dans une carrière d'entraîneur ou de dirigeant quand ils accrochent leurs patins. Pourquoi as-tu décidé d'aller vers le métier d'agent?
Ce qui me passionne le plus, c'est d'aider les jeunes à franchir les étapes de leur carrière, de les aider à travers l'adversité que j'ai connue aussi en tant que joueur et de les préparer pour chaque étape.
Un entraîneur a une vingtaine de joueurs à gérer au même moment. J'aime mieux m'occuper d'un joueur au niveau individuel. C'est de prendre un joueur élite sous son aile et de l'aider à travers ses problèmes quotidiens comme je les ai vécus. C'est très différent que de s'occuper d'une équipe en entier.
C'était l'aspect que j'aimais le plus, alors ç'a été assez simple comme décision.
Tu as pris ta retraite du hockey il y a seulement six ans et tu n'as pas une si grande différence d'âge avec certains de vos clients de Momentum Hockey. Est-ce que c'est plus facile d'établir un lien avec eux dans ce contexte-là?
C'est un certain avantage. Ça ne fait pas si longtemps que j'ai arrêté de jouer même si les années commencent à filer (rires). Je connais bien la nouvelle génération, les différents programmes et les étapes que vont franchir nos clients.
Tout le système du Match des meilleurs espoirs, de la Série Canada-Russie, du programme des moins de 17 ans et des moins de 18 ans de Hockey Canada, les repêchages, ce sont toutes des étapes que j'ai vécues au cours de ma carrière. C'est assez frais dans ma mémoire.
C'est ma sixième année en tant qu'agent. Ça fait six ans que je prépare les gars pour ces évènements-là. J'ai une très bonne connexion avec cette génération parce que je ne suis pas très âgé.
Donc la clé du succès en tant qu'agent, c'est de développer une relation privilégiée pour mieux identifier les besoins de ses clients?
C'est une relation très personnelle que tu développes avec les joueurs. On rentre un peu dans leurs émotions et dans leur façon de voir les choses. C'est sûr que le fait d'avoir la meilleure relation possible et de mieux les connaître nous aide à gérer certaines situations d'adversité que ce soit des blessures, des années de repêchage, de grosses léthargies ou un manque de temps de glace.
Il y a plein de choses qui peuvent se passer au cours d'une saison. Et plus on connaît le joueur, mieux on est en mesure de savoir de quelle manière approcher un problème. C'est la clé et c'est ce que nous faisons comme équipe chez Momentum.
Une des années les plus stressantes pour un espoir est probablement celle de son admissibilité au repêchage de la LNH. Tu l'as vécu toi-même. Quel est le principal conseil que tu donnes à tes jeunes clients?
Les jeunes ont tendance à voir cette année-là vraiment plus grosse que ce qu'elle est. Ils voient ça comme une saison sans lendemain et se mettent énormément de pression. Ce n'est pas vraiment un conseil, mais la façon dont je vais communiquer avec eux tout au long de la saison.
Tout dépend de la personnalité des joueurs. Parfois, c'est de leur enlever de la pression, alors que dans d'autres cas, les joueurs ne s'en mettent pas et c'est correct ainsi. C'est seulement d'arrêter de voir ça comme une finalité. L'important dans une carrière maintenant, c'est de te rendre dans la LNH à 22 ou 23 ans, mais il y a plusieurs chemins pour y parvenir. Il n'y a pas que le repêchage.
Je ne peux pas donner un conseil précis parce que chaque joueur est différent. Certains ont besoin de se faire fouetter un peu, d'autres ont besoin de se faire enlever de la pression et de s'amuser un peu plus. Ça dépend. C'est surtout de prendre le pouls du jeune et de prendre des décisions en conséquence.
Parlant d'année d'admissibilité au repêchage de la LNH, elle approche à grands pas pour l'un de vos clients les plus en vue; Alexis Lafrenière. Quel défi est-ce qu'un joueur qui crée autant d'engouement représente pour votre firme?
On a des défis différents chaque année. On a d'excellents joueurs cette année aussi. Alexis va en représenter un différent. On est toujours à la recherche d'innovation et on veut toujours être à la fine pointe de ce qu'on peut faire au chapitre du développement des joueurs.
Je rencontre régulièrement Christian et Émilie Castonguay à l'interne et on dresse des plans stratégiques pour chaque situation. Oui, Alexis est dans une situation différente, mais on approche ça de la même façon que chaque année.
On va s'ajuster en conséquence, mais on a ce qu'il faut en place pour gérer cette situation comme tous les autres défis auxquels nous avons fait face.