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Les affrontements qui se poursuivent ce soir sont de loin les plus spectaculaires de la deuxième ronde.
Après trois parties disputées, les deux duels nous en disent passablement long sur les forces en présence.

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Penguins de Pittsburgh contre Capitals de Washington
Est-ce l'année d'Alex Ovechkin? La question se pose. Avec Evgeny Kuznetsov et Tom Wilson, il a jusqu'ici eu le dessus sur Sidney Crosby. Je ne parle pas ici simplement de production individuelle, mais aussi de capacité à dominer le jeu à forces égales. Le tableau ci-dessous montre les confrontations entre joueurs des Penguins et des Capitals, du point de vue de Pittsburgh.

Bouchard 030518 A

C'est force contre force que ça se joue, et le premier trio des Capitals fait passer un mauvais quart d'heure aux deux premiers des Penguins. Kris Letang aide son équipe à flirter avec le jeu égal, mais Brian Dumoulin et Justin Schultz, qui ne jouent pourtant pas ensemble, ont quant à eux eu beaucoup de difficultés, signe de deux joueurs qu'on ne peut pas « échapper » loin de leurs affectations habituelles.
Je suppose que, dans ce contexte, la perte de Wilson pour trois matchs pourrait sembler problématique. Mais j'ai l'impression que le robuste ailier vient surtout d'ouvrir la porte à Jakub Vrana, peu utilisé depuis le début de la série. Si on offre à l'ailier de 22 ans une chance de patrouiller le flanc gauche d'Ovechkin et Kuznetsov, saura-t-il en profiter?

Dans l'ensemble, ça n'est pas très compliqué : les Capitals sont en train de faire mentir bien des observateurs, moi le premier. L'absence prolongée d'Evgeni Malkin est évidemment problématique, mais Phil Kessel est lui aussi assurément mal en point. Après avoir obtenu 166 tirs en 49 matchs lors des deux derniers tournois printaniers, le numéro 81 n'en a que 13 en neuf parties cette année. Certes, il met désormais plus l'accent sur le travail de fabricant de jeux en avantage numérique, mais après avoir obtenu plus de trois tirs par match en saison régulière, il est évident qu'il n'est pas à 100 pour cent. Conjuguées, ces deux blessures semblent en phase de torpiller les Penguins.
Predators de Nashville contre Jets de Winnipeg
De même, j'annonçais en ouverture de deuxième ronde une victoire des Predators contre les Jets. Je commence à douter sérieusement de ma prédiction. Devant les buts, Pekka Rinne vient de connaître de mauvais moments dans des instants critiques. Son pourcentage d'arrêts est inférieur à celui de Connor Hellebuyck : ,890 contre ,916. Mais dans le détail, c'est plus incriminant : il mène ,935 contre ,926 à 5-contre-5 et ,800 contre ,786 à 4-contre-5. Mais ses trois buts accordés en trois tirs à 4-contre-4 torpillent son score.
Les Predators doivent donc espérer qu'il ne se laisse pas ébranler. Le débat est assez intéressant à suivre, il faut le dire, comme en témoigne le tableau suivant, qui présente les données du point de vue de Nashville.

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La clé du succès des Jets passe beaucoup par leur capacité à soustraire le trio de Blake Wheeler et Mark Scheifele aux attentions de P.K. Subban et Mattias Ekholm. Roman Josi et Ryan Ellis ont de la difficulté à encaisser les charges de ce trio, plus imposant physiquement il faut le dire.
Mais dans ce jeu des confrontations, les Jets travaillent avec un équilibre précaire : leur troisième trio peine à tenir le coup contre le haut de l'alignement des Predators. Or, ils doivent les envoyer au feu pour pouvoir libérer leurs meilleurs éléments offensifs.
On pourrait dire la même chose du troisième trio des Predators, mais comme en première ronde, celui-ci joue un rôle sacrificiel bien précis. Revoici le même tableau, représentant cette fois-ci les différentiels de mises en jeu entre duels en zone offensive et défensive.

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Ces différentiels de mises en jeu sont intéressants dans la mesure où, avec les confrontations, ils sont le meilleur indicateur qu'on possède des tâches que les entraîneurs cherchent à donner à leurs joueurs.
À Nashville, les duels en zone défensive sont confiés indifféremment aux défenseurs du top-4. On insiste dans leur cas, depuis l'arrivée de Subban l'an dernier, surtout sur une division des tâches selon le caractère physique de leurs adversaires principaux. À Subban et Ekholm les duels contre les adversaires rudes et imposants, à Josi et Ellis les adversaires rapides et agiles. À l'attaque, c'est encore et toujours Bonino qui s'y colle.
À Winnipeg, je suis franchement surpris de voir à quel point Paul Maurice s'appuie sur Byfuglien et Toby Enstrom. On insiste pour les opposer au trio de Ryan Johansen lorsque celui-ci va prendre des mises en jeu dans leur zone. C'est particulier.
Les Predators me semblent donc dans une position moins précaire que les Penguins : ils ont des avantages clairs dans certaines phases importantes du jeu. Mais les Jets ont du talent à revendre. J'étais bien fier de mes prédictions en première ronde. La deuxième s'annonce comme un test d'humilité.