Analyse : Le CH guidé par un vieux routier et un jeune loup

MONTRÉAL – Brendan Gallagher rêve de revivre la frénésie des séries à Montréal, alors que Lane Hutson voudrait découvrir cette ambiance. Le vieux routier et le jeune loup ont uni leurs efforts dans un gain de 3-2 des Canadiens contre les Flyers de Philadelphie, samedi, au Centre Bell.

Mené 1-0 après 40 minutes face aux Flyers, le CH a réalisé une autre remontée en marquant trois buts d’affilée en troisième période. Gallagher est celui qui a parti le bal. Oublié dans l’enclave, le numéro 11 a saisi une passe précise de Jake Evans pour déjouer Samuel Ersson et du même coup rallumer ses coéquipiers et ses partisans.

« Quand nous avons marqué notre premier but, le Centre Bell a explosé », a dit le gardien Samuel Montembeault.

Ce premier but procurait une égalité de 1-1 dans ce match, mais c’était aussi le 20e but de la saison de Gallagher. La foule lui a donné une grande vague d’amour. L’ailier droit de 33 ans a atteint le plateau des 20 buts pour la cinquième fois de sa carrière, mais pour une première fois depuis 2019-2020.

« Nous jouions un gros match, nous voulions récolter d’autres points, surtout avec la défaite des Rangers plus tôt dans la journée, a affirmé Gallagher. Pour vous dire la vérité, il n’y a pas une symbolique importante pour moi avec le plateau des 20 buts. J’ai tellement de plaisir, je suis juste heureux de jouer des matchs cruciaux à cette période de l’année. Ce type de hockey ressort probablement le meilleur de moi. Nous avons chacun un boulot à accomplir. »

Le Tricolore a touché la cible deux fois en 1:16 au début de la troisième période. Après Gallagher, Hutson a transporté la rondelle d’un bout à l’autre de la patinoire et il a trouvé un minuscule trou au-dessus d’épaule droite d’Ersson pour toucher la cible d’un angle pratiquement impossible.

Pour une énième fois cette saison, Hutson a fait tomber bien des mâchoires avec un autre jeu spectaculaire. À son casier dès l’ouverture du vestiaire, le jeune défenseur restait toujours aussi calme.

« Ersson a fait bouger le but et il m’a offert un peu plus d’espace, a expliqué Hutson. J’imagine que j’en ai profité, mais j’ai vu un espace. Je me suis dit que je pouvais jouer un peu de chance en décochant un tir. J’ai été chanceux. »

« Il s’agit d’un commentaire très humble de la part de Lane, les bons joueurs ont ce don pour créer leur chance, a renchéri le défenseur Alexandre Carrier. Il a marqué un autre gros but pour nous. Il peut faire des choses spéciales tous les soirs. Il l’a encore fait contre les Flyers. Il doit maintenant prendre plus de tirs. Il a un bon tir, on l’a vu en troisième période. »

Hutson a regardé en direction de Gallagher pour décrire l’inspiration dans cette rencontre.

« Gally est le cœur de notre équipe, a-t-il répliqué. Nous nous nourrissons de son énergie. Il travaille toujours très fort. Il est encore bon à son âge! »

Suzuki refuse de ralentir

Auteur d’un but et une passe, Nick Suzuki a poursuivi sa récolte folle depuis le retour de la Confrontation des 4 nations avec 31 points (12 buts, 19 passes) en 20 matchs. Il a maintenant 83 points (27 buts, 56 passes) en 76 rencontres.

Face aux Flyers, Suzuki n’a pas juste noirci la feuille de pointage. Il a aussi rempli son mandat en infériorité numérique en remplaçant Josh Anderson. En première période, le capitaine a réalisé plusieurs bons jeux lors de la punition de quatre minutes à Carrier pour un bâton élevé contre Matvei Michkov.

Suzuki a d’ailleurs marqué son but en infériorité numérique lors de la troisième période. Il a profité d’une confusion dans le territoire des Flyers entre Bobby Brink et Ersson pour récupérer une rondelle libre. Ryan Poehling et Travis Konecny l’ont ensuite regardé contourner le filet et laisser décocher un tir avec une mollesse qui aurait fait piquer une sainte colère à John Torterella s’il était encore derrière le banc.

Poehling, en première période, et Tyson Foerster, avec 40 secondes à jouer en troisième période, ont réussi les deux buts des visiteurs contre Montembeault qui a offert une autre bonne sortie avec 21 arrêts.

Malgré une première période brouillonne avec de nombreux revirements, le Tricolore a gardé son calme face aux Flyers.

« C’est notre mentalité, nous pensons toujours à la prochaine étape, a résumé Martin St-Louis. Quand tu accumules de bonnes actions, tu ne gagneras pas toujours, mais tu te facilites la vie. »

« On perdait au tableau, mais je trouvais qu’on méritait mieux, a poursuivi l’entraîneur. On a trouvé une façon de gagner ce match. En troisième période, nous avons continué à attaquer sans prendre des risques. En première période, nous n’avions pas une bonne exécution, mais nous avons bien joué lors des deux autres périodes. Nous avons aussi profité de gros arrêts de Monty. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 1:16

C’est le temps que ç’a pris à Gallagher et à Hutson pour donner les devants au Tricolore en début de troisième et enflammer le Centre Bell.

Sans Anderson

Malgré de nombreux bobos cette saison, Josh Anderson avait participé aux 75 premiers matchs de son équipe. Le numéro 17 s’est absenté pour une première fois. Mais il avait une bonne raison puisqu’il se retrouvait aux côtés de sa femme pour la naissance de leur premier enfant.

Oliver Kapanen a joué un premier match depuis son retour de la Suède mercredi après-midi.

St-Louis a jonglé avec ses trios pour ce match. Jake Evans s’est retrouvé au centre de Christian Dvorak et de Gallagher, alors que Kapanen a patiné au centre du quatrième trio avec Michael Pezzetta et Joel Armia. En infériorité numérique, Suzuki a pris la place d’Anderson.

« Nous voulions jouer un bon match pour Andy (Anderson), a souligné St-Louis. Tu ne peux pas remplacer ce qu’il apporte avec un seul joueur. Nous l’avons fait en comité. Andy nous procure beaucoup de jus. Collectivement, nous avons fait un bon boulot pour le remplacer. »

Comédie d’erreurs

Les joueurs des Canadiens voulaient mettre l’accent sur l’importance de connaître un bon début de match – contrairement au dernier affrontement entre les deux équipes – mais ils n’ont pas été en mesure de passer de la parole aux actes. Bien au contraire.

Ils ont connu une première période très difficile, et l’ont conclu avec un retard d’un but et pas moins de 15 revirements au compteur, commis par 11 joueurs différents. Comme quoi l’équipe en entier n’était pas dans son assiette. Le vent a changé de côté en troisième période et tout a été rapidement oublié.

« En première, je trouve que notre exécution n’était pas excellente, a reconnu St-Louis. On a fait plus de revirements, mais on a été solide en deuxième et en troisième. On a eu de gros arrêts et on a eu de la finition. Ce n’était pas notre meilleure première, mais le match ne s’est pas trop éloigné de nous. »

Une aide pour Pelletier

Jakob Pelletier s’était promis de jouer les trouble-fêtes à son premier match en carrière au Centre Bell, et il a fait son possible pour aider les Flyers à y parvenir.

L’attaquant québécois a mis la table à la perfection sur le but de Ryan Poehling à la cinquième minute de la première période. Il a effectué un bon jeu en territoire neutre avant de jouer l’entremetteur entre Cam York et Poehling, qui n’a eu qu’à mettre la touche finale pour enfiler son 12e de la saison.

Parions que sa grand-mère de 82 ans, qui le voyait jouer en personne dans la LNH pour la deuxième fois seulement, a bien apprécié le moment.

Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste principal LNH.com