MONTRÉAL - Les astres se sont alignés vers la fin de mai pour un hockeyeur québécois qui a été propulsé au firmament. Une étoile est alors née en Finale de la Coupe Stanley.
Arrivé de nulle part, Frédérick Gaudreau a brillé de tous ses feux. Il a réussi trois buts, incluant les filets gagnants dans les deux victoires des Predators de Nashville qui se sont finalement inclinés au bout de six matchs face aux Penguins de Pittsburgh.
Une étoile appelée Gaudreau a brillé en Finale de la Coupe Stanley
L'attaquant québécois a signé une première en 63 ans dans la LNH cette année

C'étaient les trois premiers buts de sa carrière dans la LNH. Avant lui, seul John Harms des Blackhawks de Chicago avait marqué ses trois premiers filets en Finale de la Coupe Stanley. C'était en 1944. Celui qui succédera à Gaudreau n'est peut-être même pas au monde!
« C'est spécial vu comme ça », répond Gaudreau quand on lui fait l'observation.
Propulsé à l'avant-scène de la plus grande tribune du hockey, on se demande comment le Bromontois âgé de 24 ans a fait afin de rester sain d'esprit. Heureusement que dans tout le tourbillon, il ne réalisait pas pleinement ce qui lui arrivait.
Les mois d'été lui ont permis de décanter le crescendo d'émotions. La plupart du temps, le "débriefing" a pris place au chalet familial situé en Estrie, autour d'une bonne table ou d'un feu de camp.
« On se remettait à jaser de tout ce qui s'était passé, de mes buts et de l'attention médiatique que j'ai reçue, relate-t-il. C'est à ce moment que je me rendais compte de l'ampleur de mon accomplissement. Nous avons tous des rêves et quand on en concrétise un, on en poursuit d'autres. En en reparlant avec ma famille, j'ai réalisé que le rêve de "ti-cul" que j'avais toujours eu, je l'avais vécu. C'était complètement fou au moment où ça se passait. Je ne le vivais pas. C'est avec un souper par-ci, un autre par-là que ç'a fini par me frapper. »
Six mois plus tard, le souvenir le plus vif à son esprit c'est celui de son deuxième but marqué dans le match no 3 de la série à Nashville et qui s'est avéré le but victorieux dans un gain de 5-1.
« Je me rappelle tout de la séquence, à partir du moment où j'ai reçu la rondelle en entrée de zone, puis l'ouverture que j'ai vue avant de tirer au but, la réaction de la foule, avec ma famille qui était présente, et le "feeling" que j'ai ressenti », énumère-t-il. « Surtout que nous avons gagné le match.
« Un premier but dans la Ligue nationale n'est jamais banal, renchérit-il. Je l'ai obtenu dans le match no 1 à Pittsburgh également devant ma famille, mais nous avons perdu. C'est très différent comme sensation de marquer le but gagnant qui permet à l'équipe de revenir dans la série (2-1). »
L'élimination des Predators le 11 juin demeure un souvenir insaisissable pour celui qu'on a affublé du sobriquet de « Freddy Hockey », un clin d'œil au surnom de l'attaquant vedette des Flames de Calgary Johnny « Hockey » Gaudreau -- aucun lien de parenté.
« J'ai passé la soirée avec les membres de ma famille, mais c'est comme si je ne réalisais pas que c'était la fin, a-t-il confié. De passer des émotions les plus fortes jamais vécues au vide de notre élimination, ç'a été vraiment bizarre, un gros mélange émotif. »
Jeune homme réfléchi, Gaudreau a tiré des leçons profitables de l'expérience sur le plan personnel. Des leçons qui l'aident à composer avec la dure réalité d'un retour dans la Ligue américaine de hockey (LAH) cette saison, du moins pour le moment.
« J'ai beaucoup appris sur moi, le contrôle de mes émotions et de mes pensées », dit celui qui n'a jamais été repêché dans la LHJMQ et dans la LNH. « Le contexte n'était pas commode. J'ai été envoyé dans le feu de l'action après un mois d'inactivité. Je n'avais joué au total que neuf matchs dans la Ligue nationale. C'était la première fois que les Predators se rendaient aussi loin en séries. On affrontait en finale d'association les Ducks d'Anaheim, une grosse équipe qui joue dur.
« Ç'aurait été facile pour moi de perdre mes moyens et d'être incapable de jouer. Il y avait tellement de facteurs qui auraient pu me perturber, mais j'ai gardé la tête froide en canalisant mes énergies au bon endroit. »
Gaudreau raconte qu'il avait déjà fait le gros du travail sur lui-même à sa première année dans les rangs professionnels, au cours de son passage dans la ECHL en 2014-15.
« J'ai repoussé ma capacité à gérer les situations de grandes tensions à un niveau supérieur en Finale. J'ai constaté que je peux réaliser de grandes choses en canalisant mes énergies. »
De rester constamment dans le moment présent lui permet de balayer les ondes négatives.
« Ce serait voir les choses négativement que de penser que je suis de retour dans la Ligue américaine après avoir été au sommet, soumet-il. Ce n'est pas négatif ce qui m'arrive actuellement, au contraire. Je garde le cap sur ma philosophie. Je n'ai aucun contrôle sur les décisions que prennent les Predators. Je comprends ce qu'ils font. Moi je ne suis qu'un membre de l'organisation. Je ne dois pas me laisser affecter par des choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle.
« L'objectif demeure pour moi de continuer de m'améliorer en tant que personne et joueur, d'être meilleur demain que je le suis aujourd'hui. C'est ma façon de voir tout ça, positivement. »
Que souhaiter d'autre à un être positif comme lui que 2018 lui ouvre grandes les portes de la LNH pour de bon.