Furlatt 1500

Les 15 ou 20 premières secondes du deuxième match des quarts de finale de l'Association de l'Ouest de 2003 sont encore floues pour Eric Furlatt. Le match entre les Red Wings de Detroit et les Mighty Ducks d'Anaheim se déroulait au Joe Louis Arena, au cours d'une série qui s'est terminée par un balayage en quatre matchs pour Anaheim.

Pour la plupart des joueurs des Red Wings, les séries éliminatoires étaient une habitude, puisque l'équipe était championne en titre de la Coupe Stanley et avait participé aux séries lors des 12 saisons précédentes.

Pour Furlatt, ce n'était pas le cas. C'était son premier match des séries éliminatoires de la LNH.

« Tout le monde avait sa serviette blanche », s'est-il souvenu. C'est là que j'ai réalisé que c'était ça, les séries. L'atmosphère qui régnait lorsque nous avons laissé tomber la rondelle et que tout le monde s'est mis à jouer à 100 miles à l'heure, ça m'a ouvert les yeux. »

Vingt-quatre ans après avoir arbitré son premier match de saison régulière dans la LNH à Columbus le 8 octobre 2001, Furlatt a participé à son 1500e lorsque les Canadiens de Montréal ont battu les Canucks de Vancouver 5-4 en prolongation au Centre Bell le 6 janvier.

Pour celui qui est originaire de Trois-Rivières, ce n'était qu'un match comme les autres.

Pour sa famille, c'était autre chose.

« Ce sont eux qui restent à la maison », a souligné Furlatt depuis Salt Lake City avant la victoire 2-1 du Club de hockey de l'Utah contre les Sharks de San Jose au Delta Center vendredi. « Je suis sous les feux de la rampe ce soir-là, mais ces 1500 matchs, ça s'est fait avec ma femme et mes enfants. Je suis toujours absent. Mon épouse tient le fort. »

Il est le 11e arbitre de l'histoire à officier 1500 rencontres dans la Ligue.

« C'est un groupe assez sélect », a déclaré le Québécois de 53 ans. « Les noms qui se trouvent sur cette liste sont remarquables. »

Furlatt a commencé sa carrière d'arbitre après avoir réalisé, à l'âge de 14 ou 15 ans, qu'être joueur de hockey ne fonctionnerait pas. Il a assisté à un match arbitré par son frère aîné, Dave Jr, et a été intrigué.

Il a rapidement gravi les échelons.

Ce soir d'octobre où il a officié son premier match, un duel entre les Flyers de Philadelphie et les Blue Jackets de Columbus, au Nationwide Arena, il ne pensait pas que les autres officiels savaient que c'était son tout premier, et il ne leur a donc rien dit.

Mais lors de l'hymne national, il a levé les yeux vers le drapeau.

« J'ai réalisé que j'avais réussi », a-t-il déclaré. « C'était mon premier et j'espérais que ce ne serait pas le dernier. C'est là que ça m'a vraiment frappé, juste avant le match ».

Ce fut un moment fort dans une carrière parsemée de grands souvenirs, dont la finale de la Coupe Stanley 2021 entre les Canadiens et le Lightning, et qui a nécessité de nombreux sacrifices, notamment celui d'être loin de sa famille, de sa femme France et de ses filles Gabrielle et Justine.

Il était sur la glace lors du premier but de Sidney Crosby. Il a vu Crosby et Alex Ovechkin réaliser des tours du chapeau en séries éliminatoires. Il était aux premières loges pour assister à la foire entre les Flyers et les Penguins de Pittsburgh lors du troisième match des quarts de finale de l'Est, à Philadelphie, le 15 avril 2012.

« Il s'est passé tant de choses qu'il m'a fallu plus de deux heures pour rédiger le compte rendu du match », a raconté Furlatt.

En raison des exigences quotidiennes de son travail, Furlatt n'était pas conscient de l'arrivée de ce plateau jusqu'à ce qu'on lui demande quand et avec qui il aimerait vivre ce moment. Les arbitres sont autorisés à choisir leur match lors de cette journée, ainsi que les autres officiels qui seront sur la glace avec eux.

« Je n'avais même pas réalisé que j'étais rendu à 1500 matchs, mais je peux vous dire que chaque matin en me levant, je sais que ça en fait 1500 », a confié Furlatt en riant. « Pour moi, c'est un chiffre important. Je ne m'attendais pas à atteindre les 1500. J'étais bien heureux d'avoir pu atteindre le chiffre de 1000. 1500, c'est la cerise sur le gâteau ».