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Je vous écris depuis la rive du lac Memphrémagog.

Il fait un temps magnifique. Un vent léger me cajole le visage. Je rêvasse un peu quand un loustic, venu de nulle part, m'interpelle sans avertissement.

« Penses-tu que Michel Therrien sera encore derrière le banc après les fêtes? », me lance-t-il comme si on se connaissait depuis 20 ans.

Dur retour à la réalité, en effet.

La tête dans les nuages ou pas, la réalité finit toujours par nous rattraper. Même sur le bord d'un lac.

Michel Therrien?

« Sais pas, que je réponds un brin étonné. Attendons au moins que la saison commence ... »

Comme l'impression que Therrien sera dans la mire d'un peu tout le monde, cette année.

Et de bien bonne heure de surcroît.

Ils sont encore nombreux à lui reprocher d'avoir été à court de solutions, l'an passé. D'avoir été incapable également d'amener un joueur aussi talentueux que P.K. Subban à un niveau supérieur.

Et d'avoir perdu supposément le contrôle de son équipe au plus fort de la tempête.

À cela, je réponds : « Michel Therrien est un bien meilleur entraîneur quand Carey Price est devant le filet ».

Raisonnement simpliste peut-être, mais qui en vaut bien d'autres.

Therrien n'est pas différent de la majorité des entraîneurs, dont le sort est souvent lié à l'addition ou à la perte d'un ou deux éléments clés.

Une interrogation

Et à l'approche de la nouvelle saison, Price, à mes yeux, se veut la seule véritable interrogation au sein d'une équipe, qui a amorcé un virage aussi surprenant qu'inattendu pendant l'entre-saison.

Regardons les choses en face: les Canadiens ne seront pas moins forts avec Shea Weber. On sait déjà ce que Brendan Gallagher, Max Pacioretty, Tomas Plekanec, Andrei Markov et Andrew Shaw, entre autres, donneront à l'équipe. Alex Galchenyuk? Si l'on se fie à sa progression observée en deuxième moitié de campagne, l'an dernier, il est certainement capable de récolter entre 65 et 75 points, lui qui en a accumulé 56 en 2015-2016.

Alexander Radulov? Mettons qu'il n'aura pas beaucoup de difficultés à surpasser la contribution d'Alexander Semin, le coup de dés du directeur général Marc Bergevin, l'année dernière.

Non, la véritable question est de savoir si Price sera en mesure de jouer toute la saison durant.

On le dit complètement rétabli, en belle forme, mais le Saint-Thomas qui sommeille en moi, a besoin de voir pour le croire. Une blessure à un genou, même ancienne, se veut toujours une source d'inquiétude.

Si Price reste en santé, les Canadiens, parole de scout, passeront un bel hiver.

Et Michel Therrien sera un meilleur entraîneur.

Voyons donc!

Autre sujet, qui fait jaser: est-ce que Pacioretty devrait céder son titre de capitaine à Weber à l'ouverture du camp d'entraînement?

Voyons donc!

Il passerait pour qui, Pacioretty? Pour un gars qui démissionne dès que les choses se gâtent. Pour s'élever au rang des meilleurs attaquants du circuit, le solide ailier a tout fait, sauf démissionner en cours de route.

Il a fait la preuve qu'il n'est pas homme à capituler.

L'an passé, Pacioretty, malgré son bon vouloir, était le capitaine du Titanic.

Ça coulait de partout.

Il a certes des choses à prouver, mais attendons encore un peu avant de porter un jugement.

Vous savez quoi?

Si Price redevient le Price d'il y a deux ans, il n'y a pas que Michel Therrien, qui sera meilleur.

Pacioretty le sera aussi. Et plusieurs autres de ses coéquipiers.

Des doutes?

Un gars a le droit de rêvasser.