VasilevskiyBobrovskyThibaultLNH041925

Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Les meilleures semaines de l’année sont à nos portes. Imprévisibles, les séries éliminatoires de la Coupe Stanley se disputent à peu de choses près. La ligne est parfois très mince entre une route jusqu’aux grands honneurs et une exclusion dès le premier tour. Parfois, c’est la tenue exceptionnelle – ou décevante – d’un gardien qui peut faire la différence dans la destinée d’une équipe.

Voici les trois duels de gardiens sur lesquels je jetterai un coup d’œil particulier lors du premier tour, qui s’amorce ce soir.

Les Capitals dérangeront Montembeault

Je crois fermement que les Canadiens de Montréal ont leur coup à jouer dans leur série face aux Capitals de Washington, mais la route vers un possible triomphe ne sera pas de tout repos. Les Capitals ont de nombreuses munitions au sein de leur effectif pouvant déranger Samuel Montembeault. Il n’y a personne de meilleur pour marquer des buts qu’Alex Ovechkin, il y a peu de joueurs capables de déranger un gardien comme Tom Wilson, et de nombreux joueurs costauds comme Pierre-Luc Dubois, Aliaksei Protas et compagnie peuvent créer de la circulation devant le filet. Montembeault devra jouer son meilleur hockey si les Canadiens espèrent vaincre les Capitals.

Très bien bâtie, la formation de Washington concède l’avantage au CH dans très peu de départements, mais devant le filet, la situation est intrigante. La blessure de Logan Thompson en fin de saison vient compliquer les choses pour les Capitals. Je préfère miser sur Montembeault que sur Charlie Lindgren si ce dernier est le gardien désigné par l’entraîneur-chef Spencer Carbery. Cependant, si Thompson est en mesure de jouer, c’est là que ça devient intéressant.

Oui, Thompson a connu une très bonne saison et a présenté de meilleures statistiques que Montembeault, mais je considère qu’il évoluait derrière une meilleure équipe que le Québécois et que ce dernier n’a rien à lui envier. Idem, évidemment, avec Lindgren, qui a été projeté dans un rôle de no 1 alors qu’il a été l’auxiliaire de Thompson pendant la majeure partie de la saison.

Je trace plusieurs parallèles entre Thompson et Montembeault. Les deux gardiens ont 28 ans, en sont au même stade de leur carrière et ils étaient probablement les deux principaux candidats pour le poste de no 3 avec l’équipe canadienne à la Confrontation des 4 nations. Peut-être, qui sait, que cette série sera un début d’audition en vue des Jeux de Milan-Cortina.

Un Vasilevskiy à nouveau affamé?

Naturellement, une équipe qui vient de connaître de longs parcours éliminatoires et de soulever la Coupe Stanley au passage perd un peu de son vouloir, de sa soif de gagner. La fatigue physique peut se faire sentir également. Lorsqu’une équipe se rend très loin en séries, les risques de blessures sont plus élevés et les étés sont plus courts afin de récupérer correctement. C’est, à mon avis, une situation qu’a vécu le Lightning de Tampa Bay ces deux dernières années et que commencent à vivre les Panthers de la Floride.

Les Panthers sont les champions en titre de la Coupe Stanley, eux qui ont soulevé le précieux trophée au terme de leur deuxième finale d’affilée. Le Lightning, champion en 2020 et en 2021, a été évincé dès le premier tour des deux derniers tournois printaniers.

Ce qu’on a vu dans les dernières semaines, c’est une équipe à nouveau affamée qui a fini la saison en lion pour devancer une équipe amoindrie par les blessures et qui n’affiche pas la même hargne qu’il y a un an à pareille date.

Le regain de vie que connaît le Lightning est à l’image de celui que vit son gardien Andrei Vasilevkiy. L’ancien gagnant du trophée Vézina mène la LNH depuis la Confrontation des 4 nations avec un taux d’efficacité de ,927 (min. : 10 MJ) et trois jeux blancs.

Même si Sergei Bobrovsky des Panthers est un excellent gardien, je donne l’avantage à Vasilevskiy et au Lightning en vue de cette série toute floridienne.

J’irais même jusqu’à dire que le Lightning a tout pour se frayer un chemin jusqu’en finale de la Coupe Stanley pour une quatrième fois en six ans et pour une première fois depuis 2022.

La technique contre l’instinct

Le duel de gardiens que s’apprêtent à livrer Connor Hellebuyck, des Jets de Winnipeg, et Jordan Binnington, des Blues de St. Louis, est intrigant dans la mesure où on a affaire à deux profils complètement différents.

Hellebuyck est présentement le meilleur gardien de la LNH. Il est costaud, joue profondément devant son filet et sa technique est solide. Même si son rendement en saison ces dernières années s’approche de la perfection, Hellebuyck n’a pas toujours connu de bonnes séries éliminatoires.

Binnington, lui, est peu orthodoxe. Il est davantage un gardien d’instinct, moins stable devant son filet qu’Hellebuyck, se rabattant plutôt sur ses lectures de jeu et sa combativité. Il a déjà joué de forts matchs lorsque l’enjeu était grand, notamment avec les Blues lors du match no 7 de la finale de la Coupe Stanley de 2019 et avec le Canada en finale de la Confrontation des 4 nations en février – contre Hellebuyck et les États-Unis, justement.

On peut arguer que Binnington a une meilleure feuille de route que Hellebuyck dans les matchs importants, mais je ne crois pas que ça fasse quelconque différence dans l’issue de cette série. Si ça se trouve, Hellebuyck aura probablement la motivation supplémentaire de prendre sa revanche sur Binnington.

De plus, les Jets sortent d’une campagne où ils ont remporté le trophée des Présidents grâce à leurs 56 victoires et leurs 116 points. Hellebuyck est mieux entouré que jamais et pour cette raison, je donne sans aucun doute l’avantage à Winnipeg face à St. Louis.

Il y aura bien sûr de nombreuses autres intrigues à suivre lors de ce premier tour. Linus Ullmark saura-t-il aider les Sénateurs d’Ottawa à surprendre les Maple Leafs de Toronto? Les Oilers d’Edmonton ont-ils ce qu’il faut devant le filet pour résister aux Kings de Los Angeles? On devrait connaître la réponse à ces questions plus tôt que tard.

Bonnes séries éliminatoires à tous!