Huberdeau Kovalev Mueller

Une carrière dans la LNH est définie par plusieurs événements. Les joueurs actuels et les anciens chérissent un moment particulier, un match ou encore des exploits plus larges. Au cours de notre série hebdomadaire de huit articles « Savourez chaque moment » présentée par Olymel, huit joueurs vont partager une expérience de hockey qui occupe une place spéciale dans leur cœur. Aujourd'hui, l'attaquant des Panthers de la Floride Jonathan Huberdeau.

Les archives officielles de la LNH indiquent que l'attaquant des Panthers de la Floride Jonathan Huberdeau a marqué à l'aide d'un tir des poignets à une distance de 15 pieds. La vidéo de ce match à domicile du 19 janvier 2013 au BB&T Center montre plutôt que Huberdeau a enfoncé la rondelle derrière le gardien des Hurricanes de la Caroline Cam Ward en étant posté tout près du demi-cercle.
Peu importe la trajectoire de la rondelle, Huberdeau savourera à tout jamais son premier but dans la LNH, inscrit sur son premier tir en carrière à sa deuxième présence sur la glace à 3:37 de la première période d'une victoire de 5-1.
Ç'a été un mémorable baptême de feu pour Huberdeau, qui a ajouté deux passes en 22 présences pour un temps de jeu total de 14:25. Les mentions d'aide sur son premier filet ont été attribuées à Peter Mueller et à Alex Kovalev, et éventuellement, un petit morceau de caoutchouc noir allait se frayer un chemin jusque dans ses mains… et son cœur. La rondelle historique fait partie des objets qu'il chérit le plus.
« Je ne sais pas qui l'a ramassée pour moi sur la glace », a raconté le joueur de 28 ans récemment, la vidéo de ce match n'ayant pas capté la scène. « J'espère que c'est Alex qui l'a fait. Ce que les Panthers ont fait avec la rondelle est vraiment génial. Elle est encadrée avec une belle photo et la feuille de match. »

Huberdeau Kovalev Mueller

Ce but n'est qu'un des nombreux exploits de Huberdeau depuis qu'il est entré dans la LNH avec les Panthers, après avoir été repêché au troisième rang total par la Floride en 2011.
Il a remporté le trophée Calder en 2013 à titre de recrue de l'année, au terme d'une saison de 48 rencontres écourtée par un lock-out. Il a amassé 31 points (14 buts, 17 aides) cette saison-là. Le natif de Saint-Jérôme est le meilleur pointeur de l'histoire des Panthers (588) et il prend le deuxième rang pour les buts (189) ainsi que la première place pour les passes (399). Personne n'a joué plus de parties que lui (656) dans l'histoire de la Floride.
Huberdeau a terminé au 13e rang du scrutin pour l'obtention du trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe, en 2021. Il est presque certain qu'il va terminer plus haut cette saison, quand le vote des membres de l'Association professionnelle des journalistes attitrés au hockey (PHWA) sera comptabilisé après la saison.

Huberdeau 2022

Alors qu'on entre dans le dernier mois de la saison régulière, il est troisième pour les points dans la LNH (90) et premier pour les mentions d'aide (69) avec les Panthers (44-15-6), qui occupent le premier rang de la section Atlantique.
Huberdeau est débarqué dans la LNH après une carrière impressionnante dans les rangs juniors, ayant remporté la Coupe Memorial 2011 avec les Sea Dogs de Saint-Jean. Au terme du tournoi, on lui avait remis le trophée Stafford Smythe à titre de joueur le plus utile à son équipe. Capitaine de Saint-Jean lors des deux dernières saisons de son passage de quatre campagnes avec l'équipe, il a été champion de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) à deux reprises. Il a également remporté le trophée Paul Dumont, remis à la personnalité de l'année, en 2012 ainsi que le trophée Guy Lafleur en tant que joueur le plus utile à son équipe lors des séries éliminatoires de la LHJMQ en 2011. Cette année-là, il avait inscrit 16 buts en séries.
Sur la scène internationale, il a représenté le Canada à deux reprises au Championnat mondial junior de la FIHG (CMJ), aidant son pays à remporter la médaille de bronze en 2012, après avoir gagné l'or lors du tournoi Ivan-Hlinka en 2011.

Huberdeau 2012 World Juniors

Huberdeau est peut-être devenu une vedette de la LNH grâce à son amour du sport lorsqu'il était jeune, et pas seulement le hockey.
Né le 4 juin 1993, cinq jours avant la plus récente conquête de la Coupe Stanley de l'équipe de sa province natale, les Canadiens de Montréal, Huberdeau aimait jouer au soccer, au tennis et au basketball lorsqu'il n'était pas sur une patinoire. Même s'il suivait attentivement les activités des Canadiens - « ils étaient mon équipe favorite en grandissant » - son joueur favori était la supervedette des Penguins de Pittsburgh Mario Lemieux.
Il souligne que son style de jeu a évolué et est similaire à celui de l'ancien attaquant du Lightning de Tampa Bay Vincent Lecavalier.
« Lecavalier n'était pas le plus rapide, mais il avait une assez bonne vision sur la glace, a noté Huberdeau. Ç'a été plutôt spécial de jouer contre lui, car il est quelqu'un qui m'inspirait.
« Je suis une personne qui aime différentes choses, et c'est toujours bon d'apprendre d'autres sports. Ils t'offrent d'autres outils, et certaines choses que tu apprends dans d'autres sports peuvent t'aider au hockey. Beaucoup de jeunes jouent au hockey tout le temps, mais dans mon cas, pratiquer d'autres sports m'a appris plusieurs choses. J'encouragerais les jeunes d'aujourd'hui à faire la même chose. »

Huberdeau 2011 draft 1

Des heures et des heures d'entraînement sur la glace à l'adolescence ont permis à Huberdeau de devenir une supervedette dans les rangs juniors, ce qui a conduit à un repêchage mémorable, le 24 juin 2011 à St. Paul, au Minnesota. Ce jour-là, il s'est présenté au repêchage comme troisième meilleur patineur nord-américain selon le Bureau central de dépistage de la LNH, et c'est exactement à ce rang qu'il a été repêché, derrière les deux attaquants classés devant lui : Ryan Nugent-Hopkins (Oilers d'Edmonton) et Gabriel Landeskog (Avalanche du Colorado).
« Il s'agit d'un moment spécial quand tu es repêché, s'est-il remémoré. Ce jour-là, tu es très occupé, tu es fébrile et tu ne sais pas où tu vas aboutir. C'est stressant. Quand tu entends ton nom, tu réalises immédiatement que tu as un pied dans la porte. Être repêché et ensuite jouer ton premier match… Je vais toujours me souvenir de ces deux moments. »
La Floride est venue avec sa part de défis. Maintenant à sa 10e saison dans la LNH, Huberdeau a participé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley seulement trois fois, ne franchissant jamais la première ronde. Il n'y a jamais de garantie, mais les Panthers ont un beau potentiel cette saison, eux qui sont au cœur de la course pour l'obtention du trophée des Présidents, remis annuellement à la meilleure équipe de la LNH en saison régulière, avec l'Avalanche, les Hurricanes et les Penguins de Pittsburgh.

Huberdeau 2012-13 calder

« Tu voudrais gagner immédiatement, mais il y a certaines choses qui sont hors de ton contrôle », a affirmé Huberdeau, qui a amassé 16 points en autant de matchs en séries. « Nous avons fait face à de l'adversité au fil des années et nous avons beaucoup appris. Nous sommes chanceux d'avoir maintenu notre noyau de joueurs. Pour la plupart, nous sommes ici depuis longtemps. Tu as ton équipe à cœur et tu veux gagner pour cette organisation. »
Il a dû escalader ses propres montagnes à travers les années. Huberdeau a été opéré à une hanche à la suite de sa saison recrue et il a raté 51 matchs lors de la campagne 2016-17 après s'être fait sectionner le tendon d'Achille, une blessure qui a fait craindre le pire pour sa carrière.
Mais Huberdeau est revenu au jeu et il a atteint un nouveau niveau d'excellence. Il est devenu une vedette de la LNH lentement mais sûrement, parfois même en passant incognito. Il est devenu un puissant patineur avec des mains agiles. Il sait comment marquer, mais il adore aussi refiler le disque à un coéquipier pour un but. Son nombre d'aides en carrière est d'ailleurs le double de son nombre de buts.
« J'aimerais parfois décocher plus de tirs au filet, mais j'ai plus souvent en tête de passer, a-t-il lancé en riant. Je préfère probablement passer plutôt que marquer des buts. J'ai toujours été comme ça. Le problème est peut-être qu'au cours de ma carrière, je n'ai pas décoché assez de tirs, mais je suis généreux. »
Huberdeau a été aux premières loges depuis une décennie pour voir le hockey de la LNH évoluer et il se dit impressionné par la vitesse et le talent des joueurs qui se joignent au circuit chaque saison.
« Le jeu est plus rapide chaque année, a-t-il affirmé. Les jeunes qui arrivent sont tous rapides. Je ne fais pas partie de la vieille génération, mais il y a des règlements qui ont changé depuis mon arrivée dans la Ligue. Chaque année, le jeu est plus rapide, et c'est génial à voir. Tu ne t'attends pas vraiment à ça avant d'arriver dans la LNH, puis soudainement, tu vois la vitesse à laquelle les jeux sont réalisés. Quand tu as appris à voir les gars au bon endroit au bon moment, ça rend l'exécution plus facile. »
De ses débuts modestes comme sportif multidisciplinaire à vedette de la LNH, Huberdeau n'a jamais changé son éthique de travail. Il est encore, en quelque sorte, ce jeune homme qui ne s'en faisait pas avec l'opinion des autres puisqu'il était trop concentré sur ce qu'il devait faire pour améliorer ses habiletés et les performances de ses équipes.
Les séries éliminatoires se pointent à l'horizon, et Huberdeau n'est maintenant plus sous-estimé ou même invisible. Il est la grosse locomotive qui tire l'impressionnant train que sont les Panthers. Il est maintenant immensément populaire en Floride et il était sur la couverture de l'édition de mars du Hockey News, alors qu'à l'intérieur, l'article à son sujet était coiffé du titre : « La création d'une vedette floridienne ».
« Je n'ai vu que la couverture », a mentionné Huberdeau en parlant du magazine, avant de lancer en riant : « il n'y a aucun de (mes coéquipiers) qui m'a taquiné avec ça. J'en déduis donc qu'ils ne l'ont pas vu non plus. »
Photos: Panthers de la Floride; Getty Images; Temple de la renommée du hockey