ANALYSE MATCH 5 FLA EDM BADGE LEPAGE

EDMONTON, Alb. – Kris Knoblauch avait passé les deux derniers jours à dire que les Oilers d’Edmonton avaient seulement besoin d’un peu plus de chance pour venir à bout des Panthers de la Floride.

Ça semblait un peu simpliste comme explication. Mais force est d’admettre, après cette éclatante victoire de 8-1 qui a permis à sa troupe de rester en vie encore un petit bout, qu’il avait peut-être un peu raison.

« Je ne sais pas si on a joué de façon bien différente que lors du premier et du troisième match, a souligné l’entraîneur. La chance a été de notre côté, on a débloqué au chapitre offensif et on a mis la rondelle au fond du filet. Ça devait se produire un jour ou l’autre. »

On en a eu la preuve dès les premières minutes de cette rencontre, lors d’un jeu de puissance des Panthers. Matthew Tkachuk et Sam Reinhart auraient pu jeter un gros froid au Rogers Place, mais ils ont vu leur tir aboutir, tour à tour, sur le poteau derrière Stuart Skinner.

Quelques secondes plus tard, Mattias Janmark enfilait l’aiguille à l’autre bout et mettait la table pour une longue soirée de célébrations. La Coupe Stanley prendra donc un vol vers la Floride, dimanche, mais elle le fera bien installée dans son caisson en attendant de connaître l’identité de ses nouveaux propriétaires.

Si tous les signes pointaient vers les Panthers avant ce quatrième duel, la graine du doute a peut-être été semée. Les Oilers s’envoleront en pleine confiance après avoir finalement montré leur vrai visage pour réduire l’écart à 3-1 dans la série avec leur première victoire en finale en 18 ans.

« On forme une équipe unique, a lancé l’attaquant Connor Brown. On dirait qu’on est plus confortables quand on est acculés au mur. C’est ce qu’on a montré au début de l’année quand on s’est retrouvé au fond du classement. On s’est relevé et on a connu des séquences victorieuses historiques.

« Ça fait désormais partie de notre identité. Quand on trouve notre rythme et qu’on joue à notre façon, on sait tous à quoi ça ressemble. Ce soir, c’était exactement ça. On peut faire peur. »

Tous les problèmes qui les affligeaient depuis le début de la finale ont été réglés – temporairement, du moins.

Les éléments de profondeur ont produit en attaque – Janmark et Adam Henrique ont inscrit les deux premiers buts, Dylan Holloway a marqué deux fois tandis que Warren Foegele a mis la touche finale à la soirée. Le jeu de puissance a débloqué à 5-contre-3, le premier de Ryan Nugent-Hopkins en finale.

Connor McDavid a amassé son premier but face aux Panthers et a ajouté trois aides pour battre un record appartenant à Wayne Gretzky. Leon Draisaitl a enfin récolté ses premiers points, deux aides. Même Darnell Nurse, qui connaît beaucoup de difficultés, a touché la cible.

Et la liste n’est pas finie.

Sergei Bobrovsky, la cause de tous les maux des Oilers, a été chassé du match après avoir donné cinq buts sur 16 lancers. Stuart Skinner a été excellent devant un barrage de 33 tirs. Les Oilers ont-ils trouvé les clés pour battre les Panthers ou ont-ils seulement obtenu un meilleur sort que dans les premiers matchs?

« Il n’y a pas de victoire morale au hockey, a amorcé Zach Hyman. On était en danger d’être balayés même si on pensait avoir assez bien joué. La clé, c’est de garder le cap. Les gens peuvent regarder les résultats et penser autre chose, mais dans ce vestiaire, on avait l’impression d’être à leur niveau.

« Ça nous donnait beaucoup de confiance. Elle augmente à chaque victoire. On se concentre sur un seul match à la fois. On s’est acheté quelques jours de plus. »

Skinner fait la différence

Il n’y a aucun doute que l’empreinte de Draisaitl et de McDavid est partout sur cette victoire. Le premier a mis la table d’une superbe façon sur le troisième but, le premier d’Holloway, tandis que le capitaine a permis à tout le monde de pousser un soupir de soulagement en portant la marque à 4-1 en début de deuxième.

Mais il faut souligner à grands traits la prestation de Skinner dans ce match, malgré ce qu’indique le score. Les Oilers menaient seulement 2-1 quand le gardien a volé un but certain à Carter Verhaeghe lors d’une descente à 2-contre-1 en milieu de première période.

« Il a fait des arrêts clés dans les moments clés, a vanté Knoblauch. Il a réussi cet arrêt en première période et nous avons fait 3-1 quelques instants plus tard. C’est ce qui fait la différence. Il a été bon en deuxième et il a réussi d’énormes arrêts en troisième, même si ça n’a pas eu un gros impact sur le match. »

Ce n’est pas quelque chose qu’il était parvenu à faire jusqu’à maintenant dans cette finale. À l’instar de son équipe, il a peut-être lui aussi lancé un avertissement aux Panthers.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 32

Auteur d’un but et trois passes dans ce festival offensif des Oilers, Connor McDavid a écrit son nom dans le livre des records de la LNH. Avec 32 passes depuis le début des séries, il a battu la marque de Wayne Gretzky (1988) pour le plus grand nombre de passes dans un parcours éliminatoire. En 1988, les Oilers avaient gagné la Coupe Stanley. Le 99 avait amassé 43 points (12 buts, 31 passes) en 19 rencontres.

« J’imagine que c’est spécial, a répondu le capitaine. Ce n’est évidemment pas l’objectif, compte tenu de l’importance du moment. Ça ne m’échappe pas en raison de ce que Gretzky signifie pour le sport, mais ce n’est pas ce qui importe pour moi. »

Tkachuk brasse McDavid

Selon le classique, il faut toujours préparer le prochain match. Matthew Tkachuk et Sam Bennett ont compris ce principe. En deuxième période, ils ont rudoyé McDavid après un coup de sifflet près du filet d’Anthony Stolarz.

« Je me suis fait accrocher par la tête et il y a eu une mêlée devant le filet, a expliqué Tkachuk. C’est un jeu classique des séries au hockey. »

Le pugnace attaquant n’avait déjà pas une tonne d’amis à Edmonton, lui qui a longuement pimenté la rivalité entre les Flames et les Oilers. Il n’a pas augmenté son cercle de partisans dans la capitale albertaine.

Tkachuk et Bennett ont chacun visité le banc des punitions après leur rififi avec McDavid. Les Oilers ont répliqué de la meilleure des façons en inscrivant le cinquième but du match lors d’un cinq contre trois. Nugent-Hopkins a poussé une rondelle libre en récupérant un retour de tir de Draisaitl.

Draisaitl libéré

Leon Draisaitl n’avait pas encore de point après trois matchs contre les Panthers. Il a brisé sa léthargie avec deux passes : une sur le but de Dylan Holloway et l’autre sur le but de Ryan Nugent-Hopkins. Kris Knoblauch avait choisi d’aider le numéro 29 pour ce quatrième match en plaçant ces deux-là sur son trio.

McDavid, quant à lui, s’est retrouvé au centre de Warren Foegele et d’Hyman. C’était visiblement la bonne idée de répartir les forces.

« Il est ici depuis assez longtemps pour comprendre les différentes dynamiques sur la patinoire et à l’extérieur, a commenté McDavid au sujet de Knoblauch. Il a fait du bon travail pour comprendre ce dont on avait besoin. »

Un voyage à l’eau pour les familles

Il y avait trois autobus un peu plus de deux heures avant le match à l’entrée du Rogers Place pour les familles des joueurs des Panthers. Les conjointes, les enfants et les parents de plusieurs membres de l’équipe avaient fait le voyage en Alberta. Ils avaient comme objectif d’être sur place pour célébrer la première conquête de la Coupe Stanley dans l’histoire des Panthers. Ils auront besoin de patienter.

Ils ont toutefois obtenu un prix de consolation en regardant le spectacle de Shania Twain avant la rencontre. La vedette du country a animé la foule en chantant ses plus grands classiques. Après le match, elle a fait un détour dans le vestiaire des Oilers pour offrir ses félicitations à l’équipe gagnante.

- Avec la collaboration de Jean-François Chaumont, journaliste principal LNH.com