CLICHES MATCH 4 BADGE LEPAGE

EDMONTON, Alb. – Matthew Tkachuk et Anton Lundell venaient de descendre du podium quand un collègue anglophone s’est retourné pour partager avec nous de sages paroles : les entrevues à la veille d’un match d’élimination devraient être bannies.

On ne peut pas dire qu’il a particulièrement tort. Ce n’est pas tant qu’il y aurait eu une tonne d’activités à faire dans la modeste capitale de l’Alberta si les médias avaient obtenu congé – à part peut-être une excursion au parc aquatique du West Edmonton Mall.

C’est surtout parce que la tante Gertrude de notre ami Chaumont aurait pu deviner les sujets qui seraient abordés et les réponses qui seraient données chez les Panthers de la Floride et les Oilers d’Edmonton.

La première équipe a les devants 3-0 dans la finale et se retrouve à une victoire de la Coupe Stanley. Elle ne veut pas se laisser distraire par ce que l’histoire dit sur les équipes qui détiennent ce genre d’avance ni par le fait que le gros trophée sera au Rogers Place, samedi.

« On ne regarde pas ça, a lancé Tkachuk. Je suis certain que vous êtes plusieurs à le faire. Nous avons une bonne journée pour récupérer aujourd’hui et nous préparer pour le match de demain. On a toujours fait du bon travail pour approcher chaque match avec la même mentalité. »

Ç’a été la marche à suivre imposée par l’entraîneur Paul Maurice depuis qu’il a obtenu le mandat de transformer une bonne équipe de saison régulière en une équipe championne, il y a deux ans. Tout le groupe était au courant du plan, mais on n’a jamais voulu regarder trop loin.

« J’ai vu des équipes installer une horloge qui affichait le nombre d’heures avant le début de la finale dès le camp d’entraînement, a amorcé le pilote. Je comprends l’objectif de garder les yeux rivés sur l’objectif, mais ce serait de faire exactement le contraire de ce que je prêche.

« Je répète aux joueurs de bien gérer leur journée. On se tient loin de ce qui se passera dans l’avenir. »

Vous vous en doutez, les Oilers veulent aussi se tenir loin des scénarios catastrophes qui sont désormais faciles à imaginer. Ils pourraient devenir la première équipe à se faire balayer en finale depuis les Capitals de Washington, en 1998. Ils pourraient en plus vivre cet affront devant leurs partisans.

« Tout ce que j’ai en tête, c’est comment on peut gagner le match de demain, a lancé le défenseur Mattias Ekholm. Je pourrais vous sortir tous les clichés et vous dire qu’on aborde les choses un match à la fois et tout le reste. C’est dommage, mais c’est vraiment ça.

« À ce stade-ci de la série, est-ce qu’on aurait mérité de signer une victoire? Je pense que oui. On a joué deux assez bons matchs et ça ne s’est pas produit. Tout ce dont on a besoin, ce sont quatre victoires. On a eu des séquences de huit et de 16 victoires cette saison. Il suffit d’aller chercher la première. »

Dans l’histoire, une seule équipe a comblé un retard de 0-3 en finale pour éventuellement soulever la Coupe Stanley – les Maple Leafs de Toronto de 1942. Warren Foegele était d’ailleurs bien au courant de cette donnée, corrigeant même un journaliste qui lui disait que ça ne se produisait jamais.

Les joueurs des Oilers doivent réaliser qu’ils ont encore une chance, aussi mince soit-elle.

« Tu ne peux jamais prédire si tu seras de retour en finale, a plaidé l’attaquant Corey Perry. Ça pourrait ne jamais se reproduire. Je vous gage que plus de la moitié des gars dans ce vestiaire ne joueront plus en finale de la Coupe Stanley. C’est la réalité du sport. Et c’est ce que nous pouvons utiliser comme motivation. »

Haute montagne à gravir

On peut ne pas les croire sur parole, mais les Oilers répètent que c’est possible de renverser la vapeur. Que si une équipe peut y parvenir, c’est bien eux.

« Cette équipe est partie de loin en début de saison et elle a traversé beaucoup d’épreuves pour se retrouver dans cette position, a fait valoir Perry, sur le point de subir une quatrième défaite de suite en finale. Elle a beaucoup gagné en maturité. Elle a vécu des choses que certaines autres équipes ne vivront jamais. »

On peut toutefois se demander si ce sera suffisant pour venir à bout d’une formation en plein contrôle qui a l’expérience d’une présence en finale l’an dernier. Les Panthers sont difficiles à ébranler. Qu’ils donnent le premier but ou qu’ils soient victimes d’une tentative de remontée tardive, ils gardent le même calme.

Leur recette sera la même, samedi. Elle est la même depuis le début de ces séries. Ils seront toujours aussi méthodiques et ils menaceront chaque fois que les Oilers leur ouvriront la porte. C’est leur modus operandi. Les Oilers savent exactement à quoi s’attendre. Reste à voir s’ils réagiront différemment.

« On jouera comme on joue d’habitude, a conclu Anton Lundell. Nous savons comment jouer. Tout ce qui importe, c’est de s’amuser et de profiter du moment en sachant que ce sera très difficile. Ils vont tout donner et nous devrons aussi tout donner. Ce sera un bon match. »

Voilà qui concluait à la perfection le festival des clichés.

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