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Ce texte a été publié le 7 novembre. Au moment de l'annulation du reste de la saison de la LHJMQ en raison du coronavirus, Lukas Cormier totalisait six buts et 30 aides pour un total de 36 points en 44 matchs. Il a raté plusieurs semaines d'activités en raison d'une fracture à un pied.
C'est difficile à prouver de manière scientifique, mais il y a fort à parier que jamais un enfant ne s'est plaint d'une journée d'école annulée en raison d'une tempête. Ce qui est certain, c'est que ça n'a jamais été le cas de Lukas Cormier.

Pour le défenseur acadien des Islanders de Charlottetown, les congés forcés étaient synonymes d'une seule chose : la traditionnelle journée à l'aréna avec son père Mario et sa sœur Dominique.
« Quand l'école était fermée, on en profitait pour aller à l'aréna, s'est remémoré le paternel. J'étais enseignant à Bouctouche - à quelques kilomètres du domicile familial de Sainte-Marie-de-Kent - et j'avais la clé du forum. Au début, c'est moi qui les incitais à y aller et au fil du temps, ç'a fini par être le contraire (rires). »
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Quand ce n'était pas au forum de Bouctouche, c'était au sous-sol du domicile familial qui a été peint - et qui l'est d'ailleurs encore aujourd'hui - comme s'il s'agissait d'une patinoire avec des bandes.
Ce n'est quand même pas un hasard si, à 17 ans, Lukas est l'un des meilleurs défenseurs de la LHJMQ admissibles au prochain repêchage de la LNH et que sa sœur, d'un an sa cadette, évolue à Stanstead College et gravit les échelons au sein de Hockey Canada.
« Depuis que nous sommes jeunes, on forme une famille passionnée de hockey, a expliqué Lukas. Ma sœur joue aussi comme défenseur et c'est plaisant de voir qu'elle veut suivre mes traces. Ma mère nous a toujours soutenus et mon père a été notre entraîneur quand on était plus jeunes. Ils ont été d'une grande aide. »
Le duo Cormier a patrouillé la ligne bleue dans la même équipe jusqu'au niveau atome, ensuite de quoi la gestion des horaires est devenue de la haute voltige. Souvent séparés l'un de l'autre, Mario et son épouse Gisèle ont parcouru plusieurs arénas au pays - et même en Europe - pour assister aux prouesses de leurs enfants.

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En juin prochain, la petite famille au grand complet - ainsi que de très nombreux proches - sera réunie à coup sûr au Centre Bell de Montréal pour voir l'ainé faire son entrée dans la grande famille de la LNH.
Avant qu'il subisse une fracture au pied qui lui fera rater encore quelques semaines d'activités, Cormier était en train de confirmer qu'il appartenait bel et bien à l'élite de cette cuvée. Il affichait déjà une récolte de quatre buts et 11 aides en 13 rencontres et était encore et toujours l'homme de confiance de son entraîneur Jim Hulton.
« C'est décevant de m'être blessé parce que je sentais que j'avais le vent dans les voiles, a-t-il fait valoir. C'est ma deuxième saison, je joue avec beaucoup plus de confiance et j'ai un rôle de leader dans l'équipe. Je veux montrer l'exemple aux plus jeunes et m'assurer que tout le monde soit confortable. »
Grâce à son coup de patin fluide et à son excellente vision du jeu, l'arrière de 5 pieds 9 pouces et 167 livres avait déjà montré des signes fort encourageants à sa première campagne à Charlottetown.

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En plus de récolter 21 aides, il est devenu le deuxième défenseur de l'histoire de la LHJMQ - après Billy Campbell en 1980-81 - à atteindre le plateau des 15 buts à 16 ans. Loin de nous l'idée de faire des comparaisons entre les deux joueurs, mais même Raymond Bourque n'y est pas parvenu à cet âge.
« Lukas tombe dans la catégorie des joueurs spéciaux, a vanté Hulton. Ces joueurs sont prêts plus rapidement que les autres; on en voit qui ont un impact dans la LNH à 18 ans. Ils sont exceptionnels parce qu'ils jouent comme s'ils avaient déjà une saison d'expérience dès leur arrivée dans la LHJMQ. »
Jeune pilier
Quand il a vu comment Cormier se comportait à sa première saison, Hulton n'a pas mis de temps à le jumeler à Pierre-Olivier Joseph, l'espoir des Penguins de Pittsburgh, sur sa première paire de défense.
« Même si le jeu est plus vite et que les joueurs sont plus forts, je me suis habitué en une dizaine de matchs, a relaté Cormier. Pierre-Olivier m'a beaucoup aidé, il m'a donné beaucoup de conseils et on se complétait vraiment bien. »
Ç'a fonctionné à merveille jusqu'à ce qu'Hulton envoie son vétéran défenseur aux Voltigeurs de Drummondville à la date limite des transactions. À partir de ce moment, Cormier est devenu le pilier de la défensive des Islanders à 16 ans. Les quelques mois qu'il avait passés en compagnie de Joseph l'avaient bien préparé à son nouveau rôle.
« Pierre-Olivier est une personne extraordinaire et un exemple à suivre, a expliqué Hulton. Il a appris à Lukas à garder le cap dans les bons moments comme dans les mauvais - parce qu'il va y en avoir quand tu joues autant de minutes.
« C'était peut-être ambitieux de notre part de lui confier le rôle de défenseur no 1 à cet âge, mais il a réussi à le faire et à connaître du succès en plus. Il a ouvert les yeux de beaucoup de gens et continuait à le faire cette saison avant de subir sa blessure. Je ne suis pas inquiet de le voir reprendre où il a laissé à son retour. »