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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval, ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.

Cela faisait près de deux ans que Noah Juulsen n'avait pas mis les pieds à la Place Bell lorsqu'il est venu y disputer un programme double le week-end dernier avec les Canucks d'Abbotsford contre le Rocket de Laval.
La dernière présence du premier choix des Canadiens de Montréal (26e au total) au repêchage 2015 dans cet amphithéâtre remontait au 11 mars 2020, soit au même moment où un certain virus s'est mis à chambouler les activités des différentes ligues sportives d'Amérique du Nord.
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Ce soir-là, Juulsen a pu renouer avec l'action lors d'une victoire convaincante du Rocket 4-0 sur les Sénateurs de Belleville après plusieurs semaines de remise en forme et une première moitié de saison marquée de plusieurs matchs ratés. Malheureusement pour lui et le monde du sport au complet, tout s'est arrêté le lendemain dans le monde entier.
Sans le savoir, Juulsen a joué ce jour-là son dernier match dans l'organisation des Canadiens.
« Ça avait été un match super important pour moi », a-t-il commencé par dire, souriant et détendu à son retour à Laval. « Pour la première fois en près de deux ans, je pouvais dire que je m'étais vraiment bien senti sur la patinoire. Pour moi, ça a été un tournant (vers un retour à la santé). »
Reculons un peu dans le temps avant d'aller plus loin, soit jusqu'au 19 novembre 2018, alors que les Capitals de Washington sont de passage au Centre Bell. Les choses allaient bien pour le grand défenseur droitier puisqu'il s'était taillé un poste à Montréal au terme du camp d'entraînement et était utilisé régulièrement sur le top-4 de la défensive de l'équipe depuis peu. Tôt dans le match, Juulsen a été atteint au visage à deux reprises par une rondelle. Son retrait de la rencontre, qui ne devait être que préventif, a finalement révélé de graves dommages. Résultat : une fracture de l'os orbital et des dommages à l'œil.
Après un retour au jeu qui allait durer quatre matchs à Montréal en décembre, Juulsen a été rétrogradé à Laval. Quelque chose n'allait pas, c'était manifestement perceptible dans ses performances sur la glace.
Juulsen se battait avec de sérieux maux de tête constants, qui se manifestaient à chacun de ses efforts physiques, ce qui minait non seulement son moral, mais influençait négativement ses performances sur la patinoire. Inquiets pour sa santé, les médecins des Canadiens lui ont conseillé un repos complet et il n'a pas rejoué au hockey du reste de la saison.
Le natif d'Abbotsford, en Colombie-Britannique, se croyait pourtant bien rétabli au camp d'entraînement 2019 des Canadiens, mais dès les premiers contacts sur la glace, les maux de tête sont revenus. Juulsen s'est retrouvé à Laval, où il n'a jamais trouvé son rythme, jusqu'à cette rencontre du 11 mars 2020.
« Tout ce processus n'a vraiment pas été facile, avoue Juulsen. Je pense avoir été en mesure de limiter mes pensées négatives le plus possible en essayant de revenir. Bien sûr que j'ai craint pour ma carrière, mais j'ai toujours cru que je serais un jour capable de m'en remettre. Le plus dur pour moi, c'était de ne pas être capable de jouer selon mes capacités. J'ai toujours placé ma santé au sommet de mes priorités et j'ai toujours senti que l'organisation me soutenait là-dedans. »
Les Canadiens ne pouvaient évidemment pas prévoir qu'une blessure aussi sérieuse puisse faire dérailler la carrière d'un de ses principaux espoirs à la ligne bleue. Juulsen n'avait joué que 44 matchs sur deux saisons au moment où l'organisation a dû se résoudre à le soumettre au ballottage en sachant très bien que les chances de le perdre étaient élevées. Les Panthers de la Floride ont jeté leur dévolu sur lui, et c'est finalement par voie de transaction en octobre dernier qu'il s'est retrouvé avec les Canucks de Vancouver.
« Le plus important pour moi, c'est de savoir que je pouvais revenir sans me tracasser avec mes problèmes de santé », a poursuivi l'arrière maintenant âgé de 24 ans. « C'est la première fois que je peux jouer sur une base régulière depuis quatre ou cinq ans. J'ai la chance de repartir sur une page blanche et j'ai enfin retrouvé le plaisir de jouer au hockey. Je suis reconnaissant que les Canucks me donnent une chance de relancer ma carrière dans ma ville natale. »
Chose certaine, Juulsen joue beaucoup par les temps qui courent à Abbotsford au sein d'une brigade défensive déplumée de plusieurs morceaux importants en raison de blessures. Il s'avère une option de rappel évidente à Vancouver où il a déjà joué sept parties avec le grand club depuis le début de la saison.
Alors qu'on a craint pendant un bon bout de temps que sa carrière soit compromise, le simple fait de revoir Noah Juulsen sur la glace avec le sourire aux lèvres est une excellente nouvelle. Il est difficile de ne pas encourager un gars qui revient d'aussi loin.