Nelson Ayotte, pionnier de sa profession
Le Québécois est passé de préparateur physique chez les Blues de St. Louis dans les années 2000 à directeur de la haute performance avec les Blue Jackets de Columbus
par Robert Laflamme @bobthefire / Journaliste principal LNH.com
COLUMBUS - Le fait français occupe une bonne place chez les Blue Jackets de Columbus, avec trois joueurs francophones dans l'équipe - les Québécois David Savard et Pierre-Luc Dubois ainsi que le nouveau venu français Alexandre Texier. L'organisation mise également sur un Québécois afin de voir à la supervision de la condition physique des joueurs, Nelson Ayotte, qui agit à titre de directeur de la haute performance de l'équipe depuis trois ans.
Ayotte, natif de Joliette et âgé de 48 ans, bourlingue dans la LNH depuis 2005. L'ancien des Forces armées canadiennes pendant 15 ans, entre les années 1988 et 2003, a été à la tête du centre de biathlon Myriam Bédard à Valcartier, dans la région de Québec, avant d'arriver dans la LNH.
« J'ai été l'entraîneur-chef du programme de biathlon dans l'armée entre 1999 et 2001 », raconte Ayotte, ancien biathlète lui-même. « J'ai suivi des cours de perfectionnement à l'Université de Victoria. J'ai servi en Bosnie deux fois et à Chypre. Entre ces missions, j'étais détaché de l'unité. »
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Aujourd'hui, il demeure toujours l'une des personnes - ils sont moins de 100 - à avoir obtenu leur certification de niveau 5 du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE) depuis 1974.
De fil en aiguille après avoir quitté les Forces armées, il se retrouve à entraîner des athlètes professionnels en Arizona, aux États-Unis, où il déménage en compagnie de son épouse.
« Je m'occupais d'une trentaine d'athlètes professionnels de plusieurs disciplines sportives, des joueurs de football, de baseball et de hockey, raconte-t-il. Il y avait plusieurs joueurs des Blues de St. Louis, les Al MacInnis, Keith Tkachuk, Doug Weight, Chris Pronger et d'autres. »
À cette époque, les équipes professionnelles commençaient à retenir les services de préparateurs physiques.
« C'est MacInnis qui a convaincu les Blues de m'engager tout juste après le lock-out de 2005 », précise Ayotte en disant se souvenir fort bien d'avoir été confronté aux réticences des joueurs à son arrivée.
« J'étais sous le choc, je n'en revenais pas. C'était du travail de débroussaillage, lance-t-il. Il a fallu enlever les croustilles, les boissons gazeuses, la pizza et la bière de la diète des joueurs. Ce n'était évidemment pas très bien vu, surtout des vétérans. J'arrivais de l'extérieur du hockey, j'étais un 'outsider'. Les gars mettaient en doute mes compétences en disant : 'Qu'est-ce qu'il connaît, lui?' Heureusement que les joueurs des Blues que j'entraînais déjà m'ont aidé. J'avais plus de corde pour travailler. Petit à petit, les mentalités ont évolué. »
C'est la filière des Blues qui s'est retrouvée à Columbus il y a quelques années, le président des opérations hockey John Davidson en 2012 et le directeur général Jarmo Kekalainen l'année suivante, qui l'a emmenée chez les Blue Jackets en 2016.
Ayotte dit adorer travailler avec les joueurs de hockey parce qu'il estime qu'ils sont les plus dévoués à l'entraînement.
Comme directeur de la haute performance, il supervise le travail du groupe de préparateurs physiques de l'équipe, en plus de colliger les données de tests physiques et de s'occuper de nutrition.
« Je suis moins présent dans le gymnase avec les joueurs. Je fais plus de travail analytique. Je récolte les informations des moniteurs cardiaques que les joueurs portent sur eux, les décortique et les transmets à l'entraîneur John Tortorella afin qu'il sache quels joueurs ressentent plus de fatigue. Je travaille avec les joueurs sur une base individuelle et je m'occupe également de nutrition. »
Précurseur dans les années 2000, Ayotte pave la voie à la première génération des directeurs de la haute performance dans la LNH.
Quatre autres équipes, outre les Blue Jackets, ont créé le poste. Les Canadiens de Montréal sont une de celles-là, avec Pierre Allard qui était l'ancien préparateur physique.
« Dans quelques années, les 31 équipes auront un directeur de la haute performance, prédit Ayotte. C'est un poste fait sur mesure pour les préparateurs physiques qui avancent en âge comme moi. Ils peuvent espérer prolonger leur carrière parce que ça use à la longue d'être entraîneur de force en gymnase avec les athlètes. »
Comme il n'y a pas de limite aux avancées technologiques qui peuvent être faites dans le sport professionnel, la sécurité d'emploi ne pose pas de problème.
« C'est un domaine en pleine ébullition. Le plus en vogue ces temps-ci, ce sont les compagnies qui analysent les mouvements des athlètes. Tout le monde dit avoir développé le meilleur système. Il n'y en a toutefois aucune encore qui a pu élaborer une technologie de repérage (GPS) suffisamment au point afin de mesurer la vitesse exacte des trois premières foulées d'un joueur de hockey. »