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SUMMERLIN, Nevada -- Le T-Mobile Arena avait retrouvé sa quiétude depuis une bonne quarantaine de minutes, la ronde d'entrevues des joueurs était complétée et on avait même tamisé l'éclairage dans le vestiaire des Golden Knights de Vegas, mercredi soir. Affalé dans son casier, Marc-André Fleury décantait en silence son 11e blanchissage dans la LNH en séries éliminatoires.
En passant près de lui, au moment où il s'était finalement attelé à la tâche de détacher ses grosses jambières, on lui a demandé si elles étaient plus lourdes qu'à l'accoutumée à la suite de sa performance de 30 arrêts.

« Les jambières, non, mais les jambes, oui », a-t-il répondu en trouvant l'énergie d'esquisser son inaltérable sourire.
Le gardien sorelois âgé de 33 ans n'oubliera pas de sitôt ses débuts en séries avec l'équipe d'expansion.
Une quinzaine d'heures plus tard jeudi, on lui a fait remarquer à la blague qu'il était maintenant le meneur de la concession pour ce qui est des jeux blancs en séries.
Il a bien ri.
Fleury est le personnage central du conte de fées que les Golden Knights écrivent chapitre par chapitre cette saison. Il possède le statut de vedette à Las Vegas. L'histoire retiendra qu'il aura été la première grande vedette d'un sport d'équipe professionnel. Il a la ville à ses pieds. On lui a même érigé une statue faite de chocolat sur la 'Strip'.
« Je ne connais pas personne qui n'apprécie pas le gars », a fait remarquer l'attaquant David Perron, jeudi. « Il est un formidable coéquipier. Il voit à ce que tout le monde soit correct. Il est toujours souriant. Sur la glace, il communique avec tout le monde, même en français. Si je bloque un tir devant lui, il va me lancer des niaiseries en français. Personne ne va comprendre et on va bien rigoler. Il détend l'atmosphère dans l'entourage de l'équipe. »
Perron a également ajouté que son coéquipier est doté d'un bon sens du spectacle.
« Les gens l'adorent pour ça. Vous l'avez vu réaliser un arrêt de routine en jonglant avec la rondelle mercredi? Il a reçu une ovation pour ça. À d'autres occasions, il va réaliser des arrêts difficiles qu'il va faire paraître faciles et les gens ne le remarqueront pas. Il adore avoir du plaisir et nous sommes chanceux de l'avoir avec nous. »

Le joueur de centre français Pierre-Édouard Bellemare est admiratif des prouesses de Fleury.
« Comment ne pas l'être? Il faut être fou, a lancé Bellemare. Il a un effet apaisant sur nous tous. Quand vous le voyez dans une situation tendue jongler avec le palet du bâton comme il l'a fait mercredi, vous pensez sur le banc : le gars a du 'fun'. Quel gardien va faire ça en séries éliminatoires? Il a été comme ça pendant toute la saison régulière et il ne change pas en séries. Pendant mon absence de huit matchs en saison régulière, j'ai pris plaisir à le voir à l'œuvre. J'étais son partisan no 1.
« C'est un modèle pour nous tous. L'unique chose que nous pouvons faire devant lui, c'est d'essayer d'être à son niveau. »
L'entraîneur Gerard Gallant a dit que la bonne humeur contagieuse de Fleury lui rappelle la personnalité d'un ancien coéquipier de l'époque où il évoluait dans la LNH, en l'occurrence Marc Bergevin qui est l'actuel directeur général des Canadiens de Montréal.
« C'est le premier comparable qui me vient à l'esprit, a-t-il énoncé. Marc était un gars drôle qui avait beaucoup de plaisir à côtoyer ses coéquipiers. Marc-André est toujours souriant et il se présente au travail tous les jours pour avoir du plaisir.
« Pour un vétéran âgé de 33 ans qui connait beaucoup de succès et qui a gagné la Coupe Stanley, il apprécie la chance qu'il a et il est une bonne personne. »
Fleury, qu'on pourrait qualifier du « Roger Bontemps de la LNH », est mal à l'aise devant tant d'affection du public.
« Je ne suis pas quelqu'un qui apprécie de se retrouver sous les feux de la rampe de la sorte, a-t-il affirmé, un brin gêné aux entournures. Je suis content de ce qui m'arrive et c'est le 'fun' de voir l'engouement des amateurs pour le hockey. En m'amenant ici, je me demandais si le sport intéresserait la population. Nous avons reçu un grand soutien dès le début. L'amphithéâtre a toujours été rempli pour les matchs et c'est très bruyant. La vente d'articles promotionnels ne s'essouffle pas. Les boutiques sont toujours en manque de chandails et de t-shirts. Les gens de la place sont fiers de leur équipe. »