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TORONTO – Il restait encore plus d’une dizaine de minutes à faire à ce massacre quand la foule du Scotiabank Arena s’est mise à huer bruyamment. Elle avait une panoplie de raisons de se faire entendre – les Maple Leafs se faisaient lessiver par les Panthers – mais ces huées étaient très ciblées.

Mitch Marner venait de sauter sur la patinoire. Le niveau sonore a ensuite augmenté chaque fois qu’il a touché au disque jusqu’à la cloche finale de ce septième match. Si les partisans torontois avaient voulu le chasser de la ville au terme de cette autre élimination hâtive, ils n’auraient pas fait mieux.

Rappelons que l’attaquant de 28 ans doit devenir joueur autonome sans compensation, le 1er juillet.

« On sait comment ils se sentent, a laissé tomber Marner avec les lèvres tremblantes. Je me sens exactement comme eux. C’est triste. Ça me brise le cœur. On n’aime pas ça non plus. Nous ne sommes pas plus heureux de la tournure des évènements. »

Comme c’est souvent le cas au printemps, Marner a servi de bouc émissaire pour les insuccès collectifs de cette équipe incapable de gagner un match ultime pour sauver sa vie. Les Leafs ont encaissé un humiliant revers de 6-1 face aux Panthers, dimanche, et se sont fait montrer la porte de sortie au deuxième tour.

C’était peut-être bien la dernière fois que Marner jouait aux côtés de son éternel complice Auston Matthews.

« Il est comme un frère pour moi, et pour nous tous, a affirmé Matthews. Nous sommes un groupe tissé serré, et nous l’aimons à mort. C’est tout ce que je peux dire à ce sujet. »

Ces commentaires laissent tout de même présager une période estivale mouvementée à Toronto. Marner a dû répondre à des questions concernant son avenir, quelques minutes seulement après être sorti de la patinoire sous un mélange d’applaudissements polis et de huées bien senties.

« Je n’ai pas encore réfléchi à tout ça, a-t-il débité. Je suis dévasté par ce qui vient de se produire. Oui, dévasté. J’ai toujours aimé cette équipe et cette ville. […] J’ai approché chaque journée en voulant faire de mon mieux pour aider l’équipe à gagner et à atteindre le but ultime. »

FAL@TOR, #7: Les Panthers et les Maple Leafs se serrent la main

En neuf saisons et autant de participations aux séries éliminatoires depuis son arrivée, les Maple Leafs n’ont gagné que deux rondes et ont perdu sept matchs ultimes. Les questions quant au noyau d’attaquants sont donc plus brûlantes que jamais, surtout que John Tavares pourrait lui aussi accéder à l’autonomie compète.

« Nous verrons ce qui va se produire, a dit Marner, qui vient d’écouler un contrat de six ans et 65 millions $. C’est un sentiment dévastateur, en ce moment. Nous avons eu une belle année. Tout allait bien, et nous sommes encore arrivés à court. C’est difficile de mettre des mots sur mes émotions ou de penser à l’avenir. »

Marner a été repêché au quatrième rang par les Maple Leafs, en 2015. Il a marqué 221 buts et récolté 741 points en 657 matchs de saison régulière dans l’uniforme bleu et blanc.

« Je représentais un choix risqué, j’étais un joueur de petit gabarit natif de Toronto, a résumé Marner. J’ai toujours été reconnaissant de porter la feuille d’érable et de faire partie de cette équipe au passé légendaire. Je n’ai jamais tenu une journée pour acquise. J’ai toujours aimé ça. »

Sans faire face au même barrage de questions que son jeune compatriote, Tavares a quant à lui exprimer son désir de s’entendre avec les Maple Leafs. L’ancien capitaine est arrivé à la fin du contrat de sept ans et 77 millions $ qu’il avait paraphé sur le marché des joueurs autonomes, en 2018.

« Ça signifie tout pour moi de jouer ici, a assuré le vétéran de 34 ans. J’ai pris une décision difficile, il y a sept ans, et j’ai adoré ça. Ç’a été incroyable pour moi et ma famille. Il faut accepter la responsabilité. Nous n’avons pas été capables de jouer suffisamment bien pour nous rendre où nous voulions nous rendre. »