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Les Blackhawks de Chicago forment une des puissances de la LNH depuis tant d'années, on a fini par les tenir pour acquis. Pourtant, depuis l'an dernier, les signes sont clairs. L'équipe dirigée par Joel Quenneville régresse.

La fondation du succès des Blackhawks a été, au fil des saisons, leur jeu à 5 contre 5. En avantage comme en désavantage numérique, leurs classements sont franchement irréguliers, passant du top-10 au groupe des 20 derniers d'une saison à l'autre. Mais à 5 contre 5, ils ont toujours dominé. Jusqu'à l'an dernier. Et les choses ne vont guère mieux cette saison.

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Le problème est simple : on n'a tout simplement pas réussi à garder la relève développée et, un à un, les piliers de l'équipe commencent à vieillir. On garde en effet souvent l'emphase sur des joueurs comme Jonathan Toews, Duncan Keith et Patrick Kane, qui sont dans la force de l'âge, mais ceux-ci ne peuvent pas tout faire seuls. Et, si Kane et Toews sont encore jeunes, Keith commence à vieillir.

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Plus inquiétant encore, les performances de Marian Hossa et Brent Seabrook commencent à diminuer, alors que Marcus Kruger et Niklas Hjalmarsson ne peuvent tout simplement compenser. C'est ici que la perte de joueurs comme Andrew Shaw, Brandon Saad, Nick Leddy ou encore Teuvo Teravainen commence à se faire gravement sentir.
On a joué son va-tout au fil des saisons parce que le noyau de joueurs principaux, tellement dominant, permettait de faire face à l'adversité sans trop exposer les joueurs secondaires. Mais on a ainsi, et c'est le propre des équipes à l'ère du plafond salarial, rongé le cœur même de ce qui faisait les succès de l'équipe.
En gardant certains joueurs à fort prix, d'une part, on a bouclé le budget de l'équipe sans se laisser une réelle marge de manœuvre. Kane et Toews devaient rester, ainsi de Keith. Mais Seabrook? On n'a pu garder le contrôle sur des joueurs qui auraient, à défaut d'offrir des performances dignes de Hossa ou de grandes vedettes, à tout le moins pu accompagner celles-ci dans leurs tâches difficiles.
C'est ici que le contre-exemple des Penguins de Pittsburgh est intéressant. On a réussi à développer et trouver une série de joueurs secondaires (je pense à Bryan Rust ou encore Conor Sheary) qui ne sont pas des vedettes, mais ont des qualités réelles leur permettant d'accompagner efficacement des joueurs comme Sidney Crosby et Evgeni Malkin en les appuyant sur le jeu de transition, à défaut de produire à l'attaque.
Ce n'est pas à dire que les Blackhawks n'ont pas produit de joueurs de ce type, mais des jeunes comme Teravainen, ou encore Marko Dano, n'ont jamais eu la chance de faire leurs preuves et de s'installer rapidement dans le bas de l'alignement pour être prêts à prendre la place des joueurs plus importants ayant à partir.
Tout ça nous amène à un constat de plus en plus répandu dans la LNH d'aujourd'hui. La ligue se rajeunit parce que les équipes doivent se renouveler en développant leurs jeunes dans la LNH. Il est terminé le temps où une équipe de pointe pouvait donner à son entraîneur le luxe de remplir le bas de son alignement avec seulement des vétérans « sûrs ». La présence de jeunes joueurs qui y font leurs classes y est devenue un élément essentiel du succès des équipes contemporaines. On l'a vu à Pittsburgh, mais aussi chez leurs opposants de la Finale de la Coupe Stanley. Les Sharks de San Jose ont, tout au long de la saison, laissé des jeunes comme Joonas Donskoi et Chris Tierney apprendre des rôles importants et ils ont pu, lorsque des vétérans comme Patrick Marleau ont montré des signes évidents de ralentissement, prendre la relève à leur façon.
Les Blackhawks ont, eux, constamment échangé ces jeunes contre des vétérans capables de tenir le fort. La recette a fonctionné, mais il est maintenant temps de renchausser l'équipe. Le trou semble plus profond qu'à Pittsburgh ou San Jose.