Connor McDavid est devenu le neuvième joueur de l'histoire de la LNH à amasser 100 points lors de ses 53 premiers matchs de la saison, samedi. Ce ne sont toutefois pas les exploits individuels qui motivent le capitaine des Oilers d'Edmonton.
Les 100 points atteints, McDavid veut se concentrer sur ce qui compte
Le capitaine des Oilers ne sera pas rassasié tant qu'il n'aura pas mis la main sur la Coupe Stanley

© Andy Devlin/Getty Images
par
Tim Campbell
Journaliste NHL.com
« Ce n'est pas une question de points », a souligné McDavid après avoir inscrit un but et ajouté trois passes dans un gain de 4-3 contre les Canucks de Vancouver. « C'est de toujours avoir le même niveau de jeu, que ton niveau d'intensité soit où il doit être. Tu dois être à ton meilleur. C'est ce sur quoi notre groupe entier se concentre. On veut rester à l'affut et se concentrer sur les détails afin d'être prêts lorsque le premier match des séries va arriver. »
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McDavid est le premier joueur à atteindre le cap des 100 points en 53 parties ou moins depuis que Mario Lemieux (38) et Jaromir Jagr (52) l'ont fait avec les Penguins de Pittsburgh en 1995-96.
Avant eux, Wayne Gretzky avait réalisé cet exploit 11 fois, Lemieux à cinq occasions, Jarri Kurri et Phil Esposito à deux reprises, alors que Bernie Nicholls, Steve Yzerman et Marcel Dionne complètent ce club sélect.
Mais le nombre de points que McDavid accumule n'est pas ce qui impressionne le plus Ken Hitchock, qui l'a dirigé chez les Oilers en 2018-19.
« En ce moment, il ne vise qu'une chose et ce sera la même chose pour le reste de sa carrière : gagner des championnats. C'est tout ce qui compte pour lui. Les trophées, les félicitations, ça n'a pas d'importance pour lui dorénavant. Tout ce qui compte, c'est gagner. Lui, Leon Draisaitl et Darnell Nurse, ils sont aux commandes en ce moment », a expliqué celui qui a signé 849 victoires dans la LNH, en plus de mener les Stars de Dallas à la Coupe Stanley en 1999.
Hitchock croit que c'est la marque d'un joueur d'élite de pouvoir transformer sa production en championnats.
« C'est ce que font les bons joueurs. Je ne dis pas qu'ils ont honte d'amasser tous ces points, mais ce n'est pas ce qui est primordial. Gagner et jouer de la bonne façon, ce l'est. C'est ce stade qu'avait atteint Mario (Lemieux). C'est ce niveau qu'atteignent tous les grands joueurs. Les points, c'est le crémage sur le gâteau.
« C'est ce que Connor est en train de devenir »
Le 100e point de la saison de McDavid a été réussi lorsqu'il a mis la table pour un tir sur réception de Draisaitl à cinq contre trois à 19:20 de la deuxième période.
Pour Draisaitl, cette marque prestigieuse ne fait que cimenter la réputation de McDavid comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de la LNH.
« Il fait partie de ce groupe, a-t-il estimé. C'est difficile de comparer les époques, les générations. Le sport a changé. Ce que ces gars ont fait dans le passé était impressionnant. Ce que Connor fait l'est tout autant. »
C'est la quatrième fois en six saisons dans la LNH que McDavid récolte au moins 100 points. Il a atteint la marque en 82 matchs en 2016-2017, 77 en 2017-2018, quand il a terminé avec 108 points (41 buts, 67 passes), et 66 en 2018-19, quand il a conclu la campagne avec un sommet en carrière de 116 points.
McDavid était sur la bonne voie pour obtenir à nouveau 100 points en 2019-2020 avant que la saison régulière ne soit interrompue en raison de la pandémie de la COVID-19. À l'époque, il avait amassé 97 points en 64 rencontres.
VAN@EDM: Draisaitl compte, 100e point de McDavid
Cette saison, McDavid s'est placé en excellente position pour remporter le trophée Art-Ross, remis au champion des marqueurs - il l'a obtenu en 2017 et 2018. Il mène Draisaitl par 21 points et il a 33 points d'avance sur Mitchell Marner et Brad Marchand, qui sont à égalité au troisième rang.
Esposito, qui a mis la main sur le trophée Art-Ross cinq fois, avait lui aussi obtenu 100 points en 53 matchs ou moins en 1970-71 et 1973-74 avec les Bruins de Boston. Toutefois, le membre du Temple de la renommée a indiqué qu'il n'avait jamais ressenti la pression de maintenir cette cadence de production. Malgré l'attention des médias, il doute que ce soit le cas pour McDavid.
« Pourquoi y aurait-il de la pression? Tout ce que tu fais, c'est d'aller sur la glace et faire ton travail, en plus de marquer autant de buts que possible, si c'est ça ton boulot. C'est ce que fait McDavid. Je ne pense pas qu'il ressente de la pression. La pression, c'est de participer aux séries éliminatoires », a souligné Esposito.
« La seule chose que je ressentais, c'est que je voulais qu'on me donne plus de temps de glace. C'est tout ce que je voulais obtenir. Lors de certains matchs, j'ai joué plus de 30 minutes. Je jouais beaucoup et la pression venait du besoin de gagner, c'est tout. Ce n'était pas une question d'obtenir des points ou de compter. Je savais que si j'amassais des points, nous avions une meilleure chance de gagner. »
Gagner, c'est ce qui importe à McDavid, surtout à ce moment crucial de la saison et en séries.
« Ça devient une nouvelle saison, et ce que tu as fait avant n'a aucune valeur, a rappelé Esposito. Ce qui compte, c'est que tu fais en ce moment. Les séries, c'est différent, ce l'est toujours. Le jeu est plus physique et on sait tous que c'est à ce moment que ça devient plus difficile de faire son chemin.
« C'est un joueur incroyable. La vitesse à laquelle il bouge avec la rondelle, ça me fait peur! Il dégaine tellement rapidement. C'est à se demander pourquoi il ne marque pas plus de buts. Je pense que c'est parce qu'il passe beaucoup, et c'est correct si l'autre gars la met dans le filet. Il joue avec un gars comme Draisaitl, et lui, il peut y arriver. »
L'impact de McDavid sur les Oilers et la LNH est incroyable. Il a été impliqué dans 57,5 pour cent des 174 buts des Oilers cette saison. Lors des 11 derniers matchs, ce pourcentage a bondi à 77,5, ce qui a permis à McDavid d'amasser 31 points, dont neuf buts, sur les 40 filets des Oilers.
Surtout, il est de plus en plus efficace.
Au fil de ses six saisons dans la LNH, le pourcentage de points par match de McDavid ne cesse de grimper. Il est passé de 1,07 à 1,89 avec des augmentations chaque saison. Et pourtant, ce n'est pas comme si les autres équipes ne l'attendaient pas de pied ferme. Il y a plus, croit l'entraîneur-chef des Predators de Nashville John Hynes.
« Je pense que lui et Draisaitl ont la maturité pour comprendre qu'ils vont faire face à de l'obstruction et qu'ils vont faire face à du jeu physique, mais qu'ils doivent passer à travers », a expliqué le pilote sur le balado de la LNH @TheRink, le 29 avril. « [McDavid] est un joueur très dynamique, mais il est aussi affamé, dédié. C'est vraiment impressionnant de voir un joueur affamé de la sorte, mais qui a aussi le désir de connaître du succès. »
Au fil de ses nombreuses années derrière le banc, Hitchcock a toujours eu l'impression qu'il était possible de déranger physiquement un joueur d'élite au point où il en perdrait son sang-froid. Mais les joueurs de la LNH devront redoubler d'ardeur pour y arriver, puisque ça ne semble tout simplement pas fonctionner avec McDavid.
« Je ne sais pas combien de points il va accumuler, mais lorsqu'on parle de contrôler le jeu, il commence à peine à avoir cette mentalité, a dit Hitchcock. Sa force d'esprit nécessaire au hockey vient tout juste d'atteindre le même niveau que le reste de ses habiletés, et on voit un gars qui commence à devenir le joueur qu'il va être. Peu importe le nombre de points, d'un point de vue de la domination, les Oilers vont être une bonne équipe pour longtemps en étant menés par Connor, Leon et Darnell. C'est maintenant impossible de le faire sortir de ses gonds. »
Comme joueur et comme entraîneur, Dave Tippett a vu de près les habitudes des joueurs d'élite. Durant ses 11 saisons comme attaquant, il s'est frotté à Gretzky en plus d'être coéquipier de Lemieux à Pittsburgh en 1992-93.
Depuis qu'il a pris la barre des Oilers au début de la saison 2019-20, Tippett dit qu'il a découvert que la transition entre les objectifs personnels et les succès de l'équipe est entamée pour McDavid, et que gagner est maintenant ce qu'il y a de plus important.
C'est pourquoi McDavid semblait si peu fébrile alors qu'il accumulait point après point en route vers le plateau des 100.
« Il est comme ça, a résumé Tippett. Il est vraiment concentré sur l'importance pour notre équipe d'être prête pour les séries. Je suis certain qu'il pense à son propre jeu. S'il joue à son plein potentiel, les points vont venir par eux-mêmes. Ce qu'il veut, c'est qu'on aille dans la bonne direction et qu'on fasse les bonnes choses en vue des séries. »

















