L'attaquant des Mooseheads d'Halifax a maintenant l'habitude. Il sort du vestiaire avec un sourire, s'installe devant une mosaïque mettant en vedette tous les choix de premier tour produits par l'organisation et se montre prêt à affronter un autre barrage de questions.
Ces questions, il leur a répondu à maintes reprises - autant en allemand qu'en anglais - partout où il est passé cette saison. Une recrue européenne qui récolte 86 points, dont 38 buts, en 57 matchs à sa première saison en Amérique du Nord, on ne voit pas ça tous les jours.
Mais ce n'est pas le principal intéressé qui va s'en vanter.
Le Suisse répond humblement d'un air détendu tout en prenant bien soin de faire référence à l'équipe à presque chaque phrase qu'il prononce. « Mes coéquipiers m'aident beaucoup », dit-il lorsqu'on lui demande d'évaluer sa campagne. « Ce qui est important pour moi, ce sont les succès de l'équipe », répète-t-il avec un sourire en coin.
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Ce qu'il semble oublier, c'est qu'il a lui-même joué un grand rôle au sein de cette jeune formation, la plus jeune de la LHJMQ. Et contrairement à lui, ses coéquipiers ne se font pas prier pour l'encenser.
« Nico, c'est un joueur incroyable, lance sans détour son compagnon de trio Maxime Fortier. Il fait tout bien sur la patinoire. Il est tellement fort offensivement et défensivement, avec la rondelle et sans la rondelle. Il est vraiment intelligent et ça se reflète sur la patinoire. »
C'est ce qui fait la force d'un joueur comme Hischier. L'habile patineur est capable d'évoluer en avantage ainsi qu'en infériorité numérique, et il peut autant marquer des buts spectaculaires que soutirer la rondelle à un adversaire sur le point d'enfiler l'aiguille.
« Il est un joueur complet, il n'est pas unidimensionnel, a ajouté le directeur général des Mooseheads, Cam Russell. Il a des habiletés de classe mondiale, il a de bonnes mains, une bonne vision du jeu, mais il est aussi notre meilleur joueur défensif.
« Quand le meilleur attaquant de ton équipe est aussi le meilleur en défensive, c'est un excellent exemple de leadership pour les plus jeunes joueurs. »
Après avoir disputé 15 matchs en Ligue A en Suisse l'an dernier, son adaptation au style de jeu nord-américain s'est visiblement bien déroulée. Le joueur de centre de 6 pieds et 174 livres a dû patienter cinq matchs avant de trouver le fond du filet, mais il a ensuite trouvé son rythme au mois de novembre en amassant 14 buts et 11 aides en seulement 11 rencontres.
La machine était en marche.
« Quand les points étaient moins au rendez-vous au début de la saison, je me souviens lui avoir dit : "T'as tout le talent au monde, laisse-toi une chance et ça va partir à un moment donné". Après ça, il n'a pas eu besoin de l'aide de grand-monde », a raconté Fortier en riant.
Celui qui pourrait devenir le Suisse ayant été repêché au plus haut rang dans l'histoire du pays devant Nino Niederreiter - le cinquième choix en 2010 - s'est amené en confiance au Championnat mondial junior au mois de décembre. Il a fait écarquiller les yeux de plusieurs en menant les siens jusqu'en quarts de finale.