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La LNH s'est véritablement internationalisée dans les années 1990.
La fin de la guerre froide a permis à la ligue d'exploiter une toute nouvelle mine d'or de talent, alors que des joueurs - surtout ceux de la Russie et de l'ancienne Tchécoslovaquie - se sont soudainement retrouvés libres d'aller en Amérique du Nord et d'aller mesurer leurs habiletés à celles des meilleurs au monde.

Les Penguins de Pittsburgh ont accueilli un Tchèque de 18 ans, Jaromir Jagr, en vue de la saison 1990-91. Jagr allait devenir le meilleur marqueur des années 1990 et un des meilleurs joueurs de tous les temps.
Au cours de cette même saison, Sergei Fedorov a commencé sa carrière avec les Red Wings de Detroit tandis que Dominik Hasek est devenu gardien réserviste chez les Blackhawks de Chicago. Ils faisaient partie d'un imposant groupe de joueurs des pays du bloc de l'Est qui se sont joints à ceux qui avaient fait défection dans les années précédentes; ils ont ainsi lancé une époque où la LNH a subi d'importantes transformations démographiques.
L'afflux de nouveaux talents a également coïncidé avec des changements dans la façon de jouer au hockey. Si les années 1980 ont été l'âge d'or pour les marqueurs, les années 1990 ont été une décennie de transition.
Vers le milieu de la décennie, le hockey a commencé à s'éloigner du style de jeu ouvert où les gardiens étaient des êtres imparfaits, faisant place à du jeu dominé par les systèmes défensifs et des gardiens quasi infaillibles.
Quand la décennie a commencé en 1990-91, il se marquait 6,92 buts par match en moyenne dans la LNH, et les gardiens présentaient dans l'ensemble un pourcentage d'arrêts moyen de ,886. Au moment où la décennie s'est terminée, en 1999-2000, la moyenne de buts marqués par rencontre avait baissé à 5,5 et le pourcentage d'arrêts des gardiens s'élevait à ,904.
Wayne Gretzky a quand même réussi à dominer cette décennie, alors que pour conclure sa carrière en route vers sa retraite à l'issue de la saison 1998-99, il a récolté 878 points en 640 matchs. Même s'il n'a pas pris part à la saison 1999-2000, Gretzky a été le quatrième marqueur des années 1990 avec des récoltes de 217 buts et 661 aides au cours de ces 640 matchs. En 1997-98, alors qu'il s'alignait avec les Rangers de New York à l'âge de 37 ans, il a terminé à égalité au premier rang dans la ligue pour les mentions d'aide, avec 67.
Le moment de la retraite de Gretzky s'est avéré le symbole parfait du passage d'une ère axée sur l'offensive qu'il a dominé à celle marquée par une mentalité plus défensive et un visage plus international. C'est là une tendance qui avait déjà été bien entamée à ses quelques dernières campagnes dans la ligue.
La transformation démographique qu'a subie le hockey au cours des années 1990 s'est reflétée dans le travail qu'a fait LNH.com pour imaginer à quoi une équipe d'étoiles des années 1990 ressemblerait si le format du Match des étoiles à 3-contre-3 avait été adopté à l'époque; plus du tiers de l'équipe est composée de joueurs originaires des pays d'Europe de l'Est.
Trio no 1: Joe Sakic, Brett Hull, Brian Leetch
Imaginez Sakic, le joueur des années 1990 qui avait le meilleur tir des poignets, et Hull, qui était probablement le meilleur lorsque venait le temps de décocher des tirs sur réception, être alimentés par un des meilleurs fabricants de jeux de tous les temps chez les défenseurs, soit Leetch. Hull a marqué 464 de ses 741 buts en carrière dans la LNH durant les années 1990, le total le plus élevé dans cette décennie par une avance de 77 filets, soit l'équivalent de deux saisons de production. Dans le cadre d'un format à 3-contre-3, Hull aurait eu énormément d'espace pour tirer tandis que Sakic et Leetch se chargeraient du contrôle de la rondelle. Sakic, qui a terminé à égalité avec Adam Oates au deuxième rang de la décennie pour les points avec 896, aurait été difficile à contenir en raison de sa capacité à faire mal à l'adversaire de différentes façons. Leetch a amassé 640 points en 700 matchs durant les années 1990, terminant à un cheveu de Raymond Bourque - nommé sur l'équipe d'étoiles 3-contre-3 des années 1980 - au deuxième rang chez les défenseurs pour les points récoltés par match au cours de la décennie.
Trio no 2: Eric Lindros, Jaromir Jagr, Al MacInnis
Ce trio offrirait une combinaison quasi invraisemblable de gabarit et d'habileté avec Lindros et Jagr, en plus de MacInnis, qui avait le tir frappé le plus craint de sa génération. Bien que la taille ne soit pas nécessairement un avantage lorsqu'on joue à 3-contre-3, cela ne peut nuire, surtout quand on parle de joueurs qui sont capables de bien bouger et marquer comme Jagr et Lindros pouvaient le faire. Jagr a été le meilleur pointeur des années 1990 avec une récolte de 958 points en 725 matchs, soit 62 points de plus que Sakic et Oates. Lindros était un marqueur très habile, mais aussi un joueur très robuste, capable de livrer de féroces mises en échec comme peu de joueurs avant lui avaient réussi à le faire dans la LNH, avant que des blessures commencent à affecter son niveau de jeu. Sa moyenne de 0,60 but par match au cours des années 1990 est la deuxième plus élevée chez les joueurs de centre, derrière celle de Mario Lemieux (0,84). À 3-contre-3, on adopte généralement une couverture homme pour homme, alors bonne chance à ceux qui auraient été chargés d'essayer d'empêcher ces deux attaquants de se rendre au filet! Et dans les moments où Jagr et Lindros auraient eu besoin d'une solution de rechange, ils auraient pu compter sur MacInnis, le meneur chez les défenseurs de la décennie avec 175 buts, deux de plus que Bourque, mais en 63 matchs de moins.
Trio no 3: Sergei Fedorov, Pavel Bure, Chris Chelios
Essayez de trouver quelqu'un capable de garder le rythme avec ces deux attaquants-là. Si on se limite aux statistiques, il y a sans doute des candidats plus susceptibles d'être retenus dans cette équipe d'étoiles que Fedorov et Bure. Mais si on regarde plutôt quels joueurs seraient les mieux outillés pour briller à 3-contre-3, il devient difficile de trouver mieux qu'eux. Fedorov a été le 18e pointeur des années 1990 avec 734 points, mais ce qu'il offrait à son équipe allait bien au-delà de la production offensive. Il était peut-être le patineur le plus fluide du hockey et il était tout aussi efficace dans sa propre zone qu'il était dangereux à l'autre bout de la patinoire. Bure était un buteur à l'état pur, doté d'une vitesse qui faisait en sorte qu'il menaçait de s'échapper à tout moment, et ses mains magiques semblaient faites exprès pour le hockey à 3-contre-3. Seuls Lemieux et Hull ont fait mieux que la moyenne de 0,63 but par match de Bure au cours de la décennie. À la ligne bleue, les années 1990 ont été les meilleures dans la carrière de Chelios, alors qu'au cours de cette décennie il a remporté le trophée Norris pour la deuxième et la troisième fois, en plus de terminer septième chez les défenseurs pour les points, avec 523.
Les gardiens: Dominik Hasek et Ed Belfour
De 1993-94 à 1998-99, Hasek a été dominant comme jamais un gardien n'a été dominant dans la LNH. Il a mené la ligue au chapitre du pourcentage d'arrêts à chacune de ces six saisons-là, en plus de remporter le trophée Hart deux fois et le trophée Vézina à cinq reprises. Il a enregistré 41 jeux blancs durant ces six campagnes et à lui seul, ce chiffre lui donnerait le 33e rang dans l'histoire de la LNH pour les blanchissages en carrière. Belfour a eu la malchance de jouer à peu près à la même époque que Patrick Roy, Martin Brodeur et Hasek. Il a toutefois récolté seulement sept victoires de moins que Roy, en 11 sorties de moins, pour se retrouver deuxième de la décennie pour les victoires avec 304. Il a de plus élevé son niveau de jeu en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, comme en fait foi son pourcentage d'arrêts en carrière de ,920 en séries, soit beaucoup mieux que le pourcentage d'arrêts qu'il a affiché en saison régulière (,906).