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Jason Pominville savait que ça s'en venait, mais il n'était pas assez curieux pour vérifier la date exacte. C'est quand des membres de l'organisation des Sabres de Buffalo la lui ont dévoilée qu'il a pensé que le hasard ne fait parfois pas les choses à moitié.

Si le destin ne s'en mêle pas, l'attaquant des Sabres de Buffalo disputera son 1000e match contre les Sénateurs d'Ottawa jeudi prochain, dans l'amphithéâtre où il a réussi le but le plus important de sa carrière - maintenant connu sous le nom de Centre Canadian Tire.
« On m'a fait remarquer récemment que c'était un beau hasard que j'atteigne le plateau là-bas », raconte Pominville en entrevue à LNH.com. « Ça adonne que c'est à Ottawa que j'ai marqué mon plus gros but dans la LNH au cours des séries éliminatoires 2006. »
Un but spectaculaire en prolongation, inscrit en désavantage numérique du match no 5 de la série contre les Sénateurs qui avait permis aux Sabres de passer en finale de l'Association de l'Est.
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L'attaquant des Sabres de Buffalo n'est plus qu'à quatre matchs de faire son entrée dans le club sélect des millénaires, avant d'affronter les Canadiens de Montréal jeudi (19 h HE; RDS, TSN2, MSG-B).
« Ç'a toujours été mon objectif de jouer dans la LNH. Je n'avais pas réellement de plan B, confie-t-il. Tu parviens, à bout d'efforts, à réaliser ton rêve. Tu joues un, deux, trois matchs, puis dans le temps de le dire tu es rendu à 900 matchs et tu te dis : "Oh boy, c'est peut-être possible d'en jouer 1000 si tu restes en santé".
« C'est un plateau assez exceptionnel, je me sens privilégié, tout d'abord d'avoir joué dans la ligue, puis d'avoir pu jouer pendant aussi longtemps avec d'aussi bons joueurs. »
Longue attente
Ce qui est distinctif dans le cas de Pominville, c'est qu'il s'est écoulé presque deux ans entre ses premier et deuxième matchs dans la LNH. Il a fait ses débuts contre les Capitals de Washington le 27 décembre 2003, mais il n'a rejoué que le 4 novembre 2005, en raison du lock-out qui a provoqué l'annulation de la saison 2004-05 au complet.
« La saison suivante de mon premier match, je m'attendais à avoir une chance de faire l'équipe ou à tout le moins d'être rappelé en cours de route, mentionne-t-il. Mais il y a eu le lock-out. Avec le recul, ça n'a pas été une mauvaise chose pour moi. J'ai pu faire mes classes avec l'équipe-école des Sabres dans la Ligue américaine. J'ai connu une bonne saison avec les Americans de Rochester et, au retour du lock-out, l'équipe a fait graduer plusieurs jeunes, les Thomas Vanek, Derek Roy, Ryan Miller, Paul Gaustad et moi. »
L'afflux de jeune talent allait jouer un rôle crucial dans les succès des Sabres, qui ont participé à la finale de l'Association de l'Est deux années de suite.
« Quand la saison 2005-06 s'est amorcée, Jason n'a pas fait l'équipe à Buffalo et il avait dû être placé au ballottage pour pouvoir aller dans la Ligue américaine », évoque son ancien coéquipier, le gardien Martin Biron. « Toutes les équipes dans la LNH ont passé leur tour. Quand tu penses à ça maintenant, que 29 équipes, 30 en incluant les Sabres, l'aient laissé aller dans les rangs mineurs, c'est une erreur incroyable. »
Biron ajoute que ç'a été un coup de chance pour les Sabres et pour Pominville aussi parce qu'il s'est retrouvé, à son rappel en novembre, dans un environnement favorable pour les bons patineurs et les joueurs possédant un bon flair pour l'attaque et responsables en défense.
« La LNH venait d'adopter de nouveaux règlements. Le jeu était beaucoup plus rapide, c'était tolérance zéro pour l'accrochage et y avait beaucoup de pénalités. C'était fait sur mesure pour son style rapide et ses aptitudes à l'attaque. »
La première année de Pominville en séries a été celle où les défenseurs des Sabres sont tombés comme des mouches en finale d'association contre les Hurricanes de la Caroline.
« Je dirais avec le recul que c'est la saison où nous avons eu les meilleures chances de gagner la Coupe Stanley, avance-t-il. L'équipe était soudée et elle a atteint son plein potentiel au bon moment. Malheureusement en finale de l'Est, les blessures sont venues contrecarrer nos plans. Nous menions le match no 7 contre les Hurricanes par un but après deux périodes, mais nous l'avons perdu. Les Hurricanes ont par la suite remporté la Coupe.
« La saison d'après, nous avons été la meilleure équipe de la LNH en saison régulière, en remportant le trophée des Présidents, mais nous avons perdu en finale d'association contre les Sénateurs. »
Pominville dit qu'il n'oubliera pas de sitôt ces deux premières saisons dans la LNH fertiles en émotions.
« La ville était complètement "Sabres". Partout où on allait, on nous reconnaissait et on nous abordait. Nous ressentions le fort appui des amateurs. C'étaient de belles années pour jouer au hockey dans un environnement semblable. »
Le Repentignois âgé de 35 ans, qui a plus tard passé quatre saisons et demie chez le Wild du Minnesota avant que les Sabres le rapatrient dans un échange, a cru qu'il irait loin en séries pour le reste de sa carrière.
« Tu réalises au fil des années jusqu'à quel point c'est difficile. Il faut que les astres soient tous alignés. Ça rend l'exploit des équipes qui ont gagné plusieurs championnats d'autant plus impressionnant. »

Sur le plan personnel, si son but qui a éliminé les Sénateurs en 2006 constitue le fait marquant, il ne cache pas que ce qui le rend le plus fier, c'est que ses deux enfants -- son fils Jayden, âgé de 8 ans bientôt 9, et sa fille Kaylee-Rose, 7 ans -- soient en âge de comprendre tout ce que représente l'étape charnière de sa carrière qu'il s'apprête à vivre.
« C'est un grand sentiment de fierté pour moi et mon épouse Kim que nos enfants aient eu la chance de me voir jouer et qu'ils soient assez vieux pour comprendre et savoir ce que je fais comme travail. »
Pominville souhaite que ses enfants puissent le voir jouer pendant encore longtemps.
« Je vais voir comment la saison va se dérouler. Si je me sens bien, j'aimerais continuer. J'aimerais faire partie de la relance de l'organisation. L'avenir s'annonce très prometteur avec tous les jeunes joueurs talentueux dans l'équipe », mentionne-t-il en ne tarissant pas d'éloges à l'endroit du défenseur recrue Rasmus Dahlin.
Il avoue volontiers que le 1000e match aura une saveur particulière parce qu'il le jouera pour la même équipe avec laquelle il a fait ses débuts, il y a 15 ans.
« J'ai grandi à Buffalo et même si j'ai été parti pendant quelques années, les amateurs m'ont accueilli à nouveau comme si je n'avais jamais quitté. Je me sens comme à la maison ici, je me considère comme chanceux. »