BOISBRIAND – « J’étais en plein repli vers mon territoire et j’ai vu qu’au banc, Nikita Kucherov avait une jambe par-dessus la bande, prêt à embarquer sur la patinoire. Je lui ai fait signe de rester assis, que j’allais me replier.
« Deux secondes plus tard, je me suis demandé : ‘’Est-ce que je viens vraiment de dire à Kucherov de rester sur le banc?’’ »
À LIRE AUSSI : Panthers : A.J. Greer, la fierté de Joliette | Carbonneau : « Chaque matin, je pensais à mes coéquipiers » | Hendrix Lapierre : «Ça passe ou ça casse» en 2025-26
En entrevue avec LNH.com samedi, Ethan Gauthier décrit une scène qu’il a vécue l’automne dernier au camp d’entraînement du Lightning de Tampa Bay. L’attaquant québécois de 20 ans y avait disputé trois matchs préparatoires avant d’être renvoyé dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), avec les Voltigeurs de Drummondville.
À l’époque, c’était encore surréel pour Gauthier de faire équipe avec le meilleur pointeur des deux dernières saisons dans la LNH. Un an plus tard, toutefois, il réalise que ça fera probablement bientôt partie de sa réalité.
Gauthier, un choix de deuxième tour du Lightning au repêchage de 2023, est l’un des nombreux hockeyeurs de son âge dont le stage junior s’est conclu ce printemps. Dans quelques semaines, il fera son entrée chez les professionnels.
Il devra peut-être passer d’abord par le Crunch de Syracuse, filiale du Lightning dans la Ligue américaine de hockey (LAH). Mais déjà, il anticipe le jour où il obtiendra sa chance avec le grand club, que ce soit en 2025-26 ou plus tard.
« J’ai eu la chance d’être dans la formation en même temps que Kucherov, Hagel, Cirelli, Point et Guentzel… Ce sont des moments dont je vais toujours me souvenir, mais ça me donne aussi le goût d’en avoir plus, soutient Gauthier. Tu veux atteindre la prochaine étape. C’est le but ultime et un rêve depuis que je suis jeune de jouer dans la LNH. Et chaque fois que je vais à un camp du Lightning, ça me donne encore plus envie d’y jouer. J’ai encore plus faim pour la suite. »
Près de 4000 km à l’ouest, Mathieu Cataford vivra les mêmes étapes que son confrère cet automne. Le choix de troisième tour des Golden Knights de Vegas en 2023 a terminé sa carrière junior à la Coupe Memorial avec l’Océanic de Rimouski en mai.
Les prochaines semaines seront empreintes de changements pour le natif de Saint-Constant. Le principal défi? L’adaptation hors glace, répond à LNH.com celui qui devra élire domicile au Nevada. Pendant toute sa carrière junior, Cataford a vécu en famille de pension.
« Vivre en appartement, dans un autre pays, encore plus loin de chez moi… Ça va être le défi, indique-t-il. Mais en même temps, j’ai hâte et j’ai confiance que je vais être capable de me débrouiller.
Cataford a eu un avant-goût de ce mode de vie au printemps 2024, lorsqu’il avait pu disputer quatre rencontres avec les Silver Knights de Henderson, filiale des Golden Knights dans la LAH, après la saison des Mooseheads d’Halifax, son club junior à l’époque.
Il avait récolté deux aides en quatre matchs à Henderson, ville de la banlieue sud de Las Vegas.
« La semaine d’avant, j’étais sur le même trio qu’un gars de 16 ans et là, je jouais avec un gars de 38 ans, marié et père de trois enfants, compare-t-il. Ça faisait différent! »
Cataford a vécu son troisième camp de développement des Golden Knights au début du mois, mais cette fois, il n’a pas participé aux exercices sur la glace. L’équipe a décidé de lui offrir un répit après un printemps où il a raté 11 matchs des séries de la LHJMQ en raison d’une blessure.
Les bouchées doubles
Chez les professionnels, le défi sera aussi d’ordre physique pour Gauthier (6 pieds, 183 livres) et Cataford (6-0, 192).
« À Henderson, je m’en allais devant le filet et je me faisais attendre par un gars de 6 pieds 4 pouces et 230 livres, soulève Cataford à titre d’exemple. C’est sûr que c’est plus difficile de ce côté-là.
« J’essaie constamment de prendre de la masse en restant au même niveau de gras. Je travaille aussi sur l’explosivité dans mes jambes, avoir un step de plus quand je patine. »
Gauthier, qui a pour sa part vécu sa première expérience dans la LAH ce printemps, à Syracuse, concédait lui aussi quelques livres à ses adversaires. Il se considère toutefois plus fort physiquement qu’il ne l’était l’an dernier au camp du Lightning et même qu’il ne l’était ce printemps lorsqu’il s’est joint au Crunch.
« Et je vais arriver chez les pros en prenant les bouchées doubles, assure-t-il. Pour gagner une bataille à ce niveau, tu dois prendre ton information rapidement, car tu n’as pas de temps et tu n’as pas d’espace.
« La première chose que j’ai dite à mon père (Denis Gauthier, ancien défenseur de la LNH) en revenant de Syracuse est que je sais ce qu’il faut que j’améliore, que je sais ce qu’il me manque, mais que je sais aussi que je suis capable de jouer dans cette ligue-là. »


















