Bergeon Gainey panel

Depuis près de 20 ans, l'ancien capitaine des Canadiens de Montréal Bob Gainey s'émerveille devant l'ensemble des aptitudes de Patrice Bergeron, le capitaine des Bruins de Boston.

Les retailles du tissu qui a servi à fabriquer l'uniforme bleu, blanc et rouge qu'a porté Gainey avec les Canadiens dans les années 1970 ont peut-être été recyclées pour confectionner le chandail noir et or de Bergeron. Les deux attaquants ont pratiqué un style hargneux et fiable tout en affichant un style de leadership similaire.

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Les deux hommes ont remporté le trophée Frank J. Selke, remis au meilleur attaquant défensif de la LNH, un total combiné de neuf fois. Gainey l'a obtenu entre 1978 et 1981, soit lors des quatre premières années de l'attribution de cette distinction, tandis que Bergeron l'a mérité cinq fois entre 2012 et 2022.

Dimanche, Gainey était rivé devant sa télévision lorsque les Bruins ont subi une élimination surprise en prolongation du septième match contre les Panthers de la Floride au premier tour.

Le membre du Temple de la renommée du hockey a donc vu Bergeron enlacer de manière émotive chacun de ses coéquipiers alors qu'ils quittaient la glace du TD Garden pour la dernière fois de la saison 2022-23, et peut-être pour la dernière fois de la carrière de Bergeron.

Bergeron 2023 2003

« Il a été un joueur complet », a lancé Gainey au sujet de Bergeron.

L'attaquant de 37 ans natif de L'Ancienne-Lorette a fait son entrée dans la LNH avec les Bruins en 2003, quelques mois après avoir été sélectionné par Boston en deuxième ronde (45e au total) du repêchage 2003.

« Patrice n'a négligé aucun élément de son jeu, que ce soit en attaque, en défense, les jeux difficiles, jouer en tirant de l'arrière ou pour protéger une avance. Je pense qu'il a inspiré les autres joueurs de son équipe à fournir le même type d'engagement pour devenir plus complets. Il a aussi apporté un leadership discret, ferme et très articulé.

« Il y a très peu d'adjectifs que vous ne pouvez utiliser pour le décrire comme joueur ou comme personne. Il coche toutes les cases, et avec un énorme X. C'est pourquoi nous parlons de lui en ce moment.

« Patrice a passé presque 20 ans avec la même équipe. C'était peut-être la norme il y a 25 ans, mais on ne voit plus ça très souvent de nos jours. »

Gainey était directeur général des Canadiens en 2003, alors que lui et son équipe de dépisteurs ont sélectionné l'attaquant Andrei Kostitsyn en première ronde (10e au total) ainsi que l'attaquant Cory Urquhart au deuxième tour (40e au total). Cinq rangs après Urquhart, le directeur général des Bruins Mike O'Connell repêchait Bergeron.

Ce n'était pas la première fois, ni la dernière, qu'une équipe échappait un tel joueur de talent.

Bergeron 2010

« D'une certaine manière, ce fut toujours fantastique de regarder Patrice jouer en raison de l'excellence de son jeu, non seulement en raison de ses aptitudes physiques, mais aussi de son caractère, de sa mentalité et de son intelligence », a souligné Gainey.

« Par contre, c'était un brin douloureux de le voir aller parce qu'il nous a glissé entre les doigts (à Montréal) pour se retrouver dans la LNH dès l'âge de 18 ans pour aussitôt devenir un joueur efficace. »

À l'instar de bien des gens, Gainey a regardé attentivement la première ronde complètement folle des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, où la seule chose qui semblait prévisible était une bonne dose d'imprévisibilité. L'homme de 69 ans cinq fois champion de la Coupe Stanley a vu les Bruins, auteurs d'une saison record de 65 victoires en saison régulière, être éliminés par les Panthers, qui ont terminé en deuxième place de quatrième as dans l'Est, 43 points derrière Boston.

Gainey a regardé le match no 7, qui s'est décidé en prolongation, ce qui est selon plusieurs le rêve de plusieurs joueurs. Il a lui-même disputé cinq matchs ultimes entre 1979 et 1987, en remportant trois et en perdant deux, et trois de ces duels ont nécessité la prolongation.

« Ce n'est pas vrai que c'est le rêve. Vous rêvez de gagner quatre matchs de suite et de passer au plus vite à la prochaine ronde », a-t-il mentionné en riant.

Gainey 1984

Gainey a discuté de quelques équipes qui sont arrivées en séries « sous le radar » en raison de leurs performances inégales en saison régulière, mais qui ont retrouvé leur rythme en fin de saison, ou qui ont retrouvé leurs joueurs blessés au bon moment.

Il a regardé les Bruins accorder 26 buts au cours de cette série de sept matchs contre les Panthers, ce qu'il a qualifié de « complètement ahurissant » pour cette équipe.

En effet, le plus grand nombre de buts accordés par les Bruins au cours d'une séquence de sept matchs en 2022-23 était de 22, entre le 28 février et le 14 mars.

La défaite des Bruins dans le match no 2 l'a énormément surpris, alors que les deux équipes se trouvaient à égalité 2-2 après deux périodes, seulement pour voir les Panthers inscrire quatre buts au troisième tiers pour s'imposer 6-3.

« C'était tellement anormal de la part de Boston avec la manière dont ils ont joué au cours des six derniers mois », a-t-il noté.

Les Panthers vont maintenant se frotter aux Maple Leafs de Toronto au deuxième tour, eux qui viennent de franchir la première ronde pour la première fois depuis 2004 en prenant la mesure du Lightning de Tampa Bay en six rencontres.

Le match no 1 sera présenté à Toronto mardi (19 h HE; ESPN, CBC, SN, TVAS).

Gainey 2022

« Les partisans du Canada aiment voir les équipes canadiennes en séries, a soulevé Gainey, natif de Peterborough, en Ontario. Nous en avons deux en ce moment, une dans l'Est et l'autre dans l'Ouest avec les Oilers d'Edmonton, et c'est super. Nous sommes de grands partisans de la LNH. Ce sont deux bonnes équipes, leurs meilleurs joueurs font partie des meilleures de toute la ligue. »

Les Oilers vont affronter les Golden Knights de Vegas en deuxième ronde à partir de mercredi.

Gainey va aussi garder un œil sur les Stars de Dallas, qui seront les adversaires du Kraken de Seattle en deuxième ronde, une série qui se mettra en branle mardi à Dallas (21h30 HE, ESPN, SN, TVAS, CBC).

Il était l'entraîneur et le directeur général des North Stars du Minnesota lorsque l'équipe a déménagé pour devenir les Stars au début de la saison 1993-94. Il une équipe qui a pu aspirer aux grands honneurs, et même soulever la Coupe Stanley en 1999.

« J'ai deux équipes, une dans l'Est (les Canadiens), une dans l'Ouest (les Stars), a admis Gainey. Ils ne vont pas se rencontrer en finale cette année, mais mon équipe de l'Ouest est encore en vie. Je suis les Stars d'un peu plus près, et je me rends habituellement à Dallas au moins une fois par année pour y voir un match ou deux. Je pense que c'est une équipe qui mérite d'aller loin. J'aimerais qu'ils soient en parfaite santé afin de pouvoir offrir la meilleure opposition possible à leurs adversaires. »

Crédit photo : Brian Babineau, Getty Images; Miles Nadal/Temple de la renommée