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La cérémonie d’intronisation 2025 du Temple de la renommée aura lieu le 10 novembre. La cuvée de cette année inclut Jennifer Botterill, Zdeno Chara, Brianna Decker, Duncan Keith, Alexander Mogilny et Joe Thornton, ainsi que Jack Parker et Danièle Sauvageau dans la catégorie des bâtisseurs. Aujourd’hui, la journaliste de NHL.com Tracey Myers dresse le portrait de Keith.

CHICAGO – Duncan Keith entendait toujours ce qu’on racontait à son sujet alors qu’il gravissait les échelons dans le hockey.

Keith, un défenseur en devenir dans la LNH? Non, ça n’arriverait pas. À 6 pieds et 168 livres, les mensurations de Keith, selon la liste finale du Bureau central de dépistage de la LNH en 2002, ne seraient pas suffisantes.

« Plusieurs personnes m’ont dit que je devrais être un attaquant plutôt qu’un défenseur, a raconté Keith. J’aimais cette position, je me sentais à l’aise en défensive, et je croyais en moi. Ç’a été une ascension linéaire, je tentais simplement de m’améliorer. Le désir d’être meilleur et la détermination ont toujours été là. Je n’avais pas vraiment besoin d’une motivation additionnelle, mais je me suis servi de ce qu’on disait sur moi pour me motiver. »

Cette motivation a mené Keith vers une carrière dans laquelle il allait être considéré comme l’un des meilleurs défenseurs de la LNH. Et maintenant, il est intronisé au Temple de la renommée du hockey à sa première année d’admissibilité.

Choix de deuxième ronde (54e au total) des Blackhawks au repêchage de 2002, Keith a récolté 646 points (196 buts, 540 passes) en 1256 matchs de saison régulière avec les Blackhawks de Chicago et les Oilers d’Edmonton, en plus d’ajouter 91 points (19 buts, 72 passes) en 151 rencontres de séries éliminatoires.

Il a passé 16 saisons à Chicago, où il a remporté la Coupe Stanley à trois occasions (2010, 2013, 2015). Ses 1192 matchs avec les Blackhawks sont bons pour le deuxième rang de l’histoire de la concession derrière Stan Mikita (1396), et il est sixième pour les mentions d’aide (520) et 10e au chapitre des points (625). Il occupe le septième rang en séries éliminatoires avec 86 points en 135 matchs.

« Il est, selon moi, le meilleur avec qui j’ai joué », a soutenu Brian Campbell, coéquipier de Keith de 2008 à 2011 et en 2016-17. « Ce qu’il faisait sur une base quotidienne puis en séries, c’était assez spectaculaire de le regarder aller. Je suis fébrile pour lui en ce sens. Nous savions que ça viendrait, mais c’est quand même plutôt cool de savoir que j’ai joué avec un autre membre du Temple. »

Keith a mis la main sur le trophée Conn-Smythe à titre de joueur par excellence des séries en 2015 quand il a obtenu 21 points (3 buts, 21 passes) en 23 matchs. Il a aussi remporté le trophée Norris en 2010 et 2014, puis a gagné la médaille d’or avec le Canada aux Jeux olympiques en 2010 à Vancouver et en 2014 à Sotchi. En 2017, il a été nommé parmi les 100 plus grands joueurs de l’histoire de la LNH dans le cadre des festivités du centenaire de la Ligue.

« C’est bien mérité. Je n’ai jamais pensé que ce serait un problème, en fait », a dit Brent Seabrook, qui a été le partenaire de Keith à la ligne bleue pendant de nombreuses années à Chicago. « J’ai toujours pensé qu’il serait intronisé dès son admissibilité. Je suis tellement content pour lui et fier de lui. Nous avons en quelque sorte été liés pendant 15 ans, à nous côtoyer quotidiennement. C’est génial pour lui. »

Keith a tout laissé sur la glace, des minutes qu’il a jouées (moyenne de 24:41 en saison régulière; 27:07 en séries) aux sept dents qu’il a perdues quand il a reçu un tir de l’attaquant des Sharks de San Jose Patrick Marleau dans le match no 4 de la finale de l’Ouest en 2010.

« C’était ça, Duncan Keith », a mentionné l’analyste à 'NHL on TNT' Eddie Olczyk, un ancien joueur et commentateur des Blackhawks. « La plupart des gens n’auraient probablement pas rejoué après cela, mais en raison de sa résistance et de sa compréhension de l’ampleur du moment, Keith s’est dit qu’il ne raterait pas une seule présence et qu’il se soucierait de ses dents plus tard. Un jeune qui est devenu un grand homme ayant représenté notre ville et notre concession de très belle façon et qui s’est transformé en un joueur exceptionnel. »

Keith était également très méticuleux. Quand il a annoncé sa retraite à Edmonton le 12 juillet 2022, il a remercié, entre autres, les gérants d’équipement en disant : « Je sais que vous avez enduré beaucoup de choses, et j’apprécie votre dévouement. » Des bâtons aux patins, Keith s’assurait que tout était exactement comme il le souhaitait.

« 'Duncs' avait 60 paires de patins et il devait apporter chacune de celles-ci quand nous étions à l’étranger en séries », a relevé l’entraîneur des Ducks d’Anaheim Joel Quenneville, qui a guidé Keith et les Blackhawks à trois conquêtes de la Coupe Stanley. « Il était un peu pointilleux avec ses patins, mais il aimait jouer et quand le match commençait, nous aimions l’employer pour bien plus de minutes que ce qu’il pensait obtenir la plupart du temps. Il est un amoureux du hockey. »

Cet amour du hockey a commencé très jeune, alors que Keith a marqué les esprits de certains futurs coéquipiers, y compris Patrick Sharp (2005 à 2015 et 2017-18).

« J’entendais toujours parler de ce jeune homme qui était deux ans plus jeune que moi et qui venait Fort Francis (en Ontario). On disait qu’il allait détruire Thunder Bay dans nos ligues, a raconté Sharp. C’est ce qu’il m’a démontré à un jeune âge.

« Il avait 11 ans. Il était le plus petit joueur sur la glace à une époque où c’était très physique et violent dans les années 1990. Les commentaires à son sujet quand il a été repêché étaient qu’il était trop petit, qu’il ne serait pas capable de faire sa place dans les rangs professionnels. Il a fait mentir les gens dans chacune des étapes. Jusqu’à la toute fin de sa carrière, il s’améliorait dans certaines facettes. »

Keith était reconnu pour son talent offensif à l’époque où il s’alignait avec les Rockets de Kelowna dans la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL), mais il a commencé à devenir un défenseur complet à Norfolk, avec le club-école des Blackhawks, de 2003 à 2005. Sa capacité à jouer de grosses minutes était toujours bien présente.

« Les deux premières années dans les mineures, quand nous jouions encore trois (matchs) en trois (jours), il était excité de jouer le premier », a raconté Trent Yawney, l’entraîneur de Keith à Norfolk et plus tard à Chicago, de 2005 à 2007. « Il était partout sur la glace. Il se calmait dans le deuxième match, puis il était le meilleur dans le troisième, quand tout le monde était épuisé.

« Je me sers souvent de 'Dunc' comme exemple quand je parle de passer du temps dans les rangs mineurs. Et il était loin d’être un produit fini (au début de sa carrière dans la LNH), mais Dunc était un vrai professionnel. Il s’entraînait et il mangeait proprement. Il était un monstre, il avait cette capacité de rester sur la glace pour de longues périodes sans se fatiguer. »

De son côté, Keith a toujours dit qu’il avait simplement un bon cardio.

« Ce n’est pas que je n’étais pas fatigué, car je vous assure qu’après certains matchs, j’avais l’impression de m’être fait frapper par un autobus, a-t-il imagé. Surtout quand tu joues ces longs matchs éliminatoires qui se rendent en prolongation, ça peut être drainant. La récupération et le conditionnement physique sont ensuite très importants. »

Keith était l’un des nombreux jeunes espoirs déterminés à ramener les Blackhawks vers la gloire dans les années 2000. Un de ceux-là s’appelait Jonathan Toews, qui s’est joint à l’équipe en 2007-08. Keith a eu un impact sur plusieurs de ses coéquipiers, dont Toews, qui a été nommé capitaine des Blackhawks le 18 juillet 2008.

« Je dirais que plusieurs de mes défis et de mes expériences de croissance à titre de capitaine sont venus du fait de côtoyer des gars comme lui, a dit Toews. Des gars comme lui et 'Sharpie' m’ont vraiment tenu responsable dans certains aspects. Il est aussi intelligent que talentueux, et il était plus passionné par le hockey que quiconque que je connaisse. Il était toujours celui qui faisait de la recherche, qui s’entraînait, qui s’occupait de sa santé. J’ai appris tellement de choses grâce à lui. »

Keith était un défenseur rapide et agressif, ce qui explique pourquoi son jumelage avec Seabrook, un arrière plus défensif, fonctionnait aussi bien. Les deux, qui ont habité ensemble à leurs premières années à Chicago et qui sont restés amis, se complétaient extrêmement bien.

« Nous nous soutenions et nous comprenions comment être un complément pour l’autre, a noté Keith. Ça et la combinaison de ses talents – ses habiletés de passeur, sa vision, son gabarit, sa force – me permettaient de bien paraître et de jouer selon mon style. Je pouvais m’impliquer offensivement en sachant qu’il serait capable de bien lire le jeu et faire les ajustements nécessaires. »

Keith est encore impliqué dans le hockey. Il est entraîneur pour l’équipe de son fils de 12 ans, Colton, qui est également un défenseur.

« La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre », a dit le paternel.

Ce fut un long, mais merveilleux périple dans le monde du hockey, et son intronisation au Temple de la renommée est un véritable honneur.

« C’est tellement un grand honneur dont je suis extrêmement fier, a dit Keith. J’ai l’impression que la transition a été lente. La progression a cependant été constante, car je voulais simplement m’améliorer. Je voulais jouer dans la LNH, et il fallait y aller une étape à la fois. »